Anne Hidalgo : une ambition politique menacée par les couacs ?

par Titi Parigot
vendredi 5 janvier 2018

Anne Hidalgo traverse une période difficile. Les affaires se suivent à un rythme effréné. La dernière en date, révélée par le Canard enchainé : l’acquisition de la Bourse de commerce pour 86 millions d’euros, quand la Mairie aurait pu récupérer le bâtiment pour 15 centimes…

Il y a des flatteries qui coûtent chères. La dernière en date risque de laisser des traces à la Mairie de Paris. François Pinault fait partie de ces quelques incontournables avec lesquels il n’est pas mauvais d’entretenir de bonnes relations. Le milliardaire – 7e fortune de France – peut certainement se réjouir des attentions d’Anne Hidalgo à son égard.

86 millions d’euros pour le seul amour de l’art ?

Il est vrai que la Maire de Paris n’est pas avare de cadeaux pour son influent ami. Amateur d’art contemporain, François Pinault souhaite depuis quelque temps faire partager ses collections avec le public. Pour les accueillir, le tandem Pinault-Hidalgo a trouvé une solution à la hauteur de ses ambitions : la Bourse de commerce.

Ce magnifique édifice du 19e siècle niché au cœur du quartier des Halles avait été vendu par le préfet de Paris (qui faisait aussi office de maire de la capitale) en 1949 pour un franc symbolique à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris. Une clause spéciale stipulait que « la transaction peut être annulée si l'immeuble ne sert plus à l'usage principal de services publics dépendant de la chambre de commerce ». Une clause toujours en vigueur selon le Canard enchaîné, et qui aurait dû permettre à la ville de Paris de récupérer la Bourse de commerce pour 15 centimes d’euro !

Alors, pourquoi avoir finalement déboursé 86 millions d’euros ? La Mairie de Paris s’est défendue de toute mauvaise gestion en assurant qu’il état faux de dire que la transaction aurait pu s’effectuer au prix convenu en 1949. L’Hôtel de Ville a échangé deux de ses immeubles contre la Bourse de commerce dans une transaction foncière particulièrement élevée.

Une gestion entièrement saine et heureuse dont peuvent se réjouir les Parisiens ? Pas forcément, car le journal satirique révèle que 23 millions d’euros ont été versés par la Mairie de Paris au titre des investissements réalisés par la CCI dans le célèbre édifice. Un audit de la Préfecture d’Ile-de-France n’évaluait pourtant ces investissements qu’à 4,3 millions d’euros…

Couacs en série à la Mairie de Paris

Décidément, les millions jonglent avec une certaine désinvolture dans le fief d’Anne Hidalgo. La Mairie de Paris s’était déjà signalée pour sa gestion pour le moins surprenante de son patrimoine. Ainsi, en novembre dernier, les Parisiens apprenaient avec stupéfaction que Bruno Julliard, numéro deux d’Anne Hidalgo, avait attribué le Showcase, un espace situé sous la culée du pont Alexandre III, à la société Noctis. Presque au même moment, la même société Noctis embauchait le mari de Bruno Julliard. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée de conflit d’intérêts s’installe dans l’esprit de Parisiens déjà échaudés par des accusations portant sur Anne Hidalgo elle-même.

Mi-novembre, Capital, suivi du Canard enchaîné, affirmaient – documents à l’appui – que celle-ci avait bénéficié d’un emploi fictif entre 2001 et 2003. L’ancienne première adjointe de Bertrand Delanoë aurait ainsi bénéficié de près de 100 000 euros pour jouer les fantômes dans les couloirs du ministère du Travail. L’information a été démentie par l’intéressée, mais les éléments avancés dans la presse laissent au moins place à de gros doutes…

Anne Hidalgo continue de tracer sa route, mais les obstacles se multiplient. Après les déconfitures de Benoît Hamon, Cambadélis ou encore Le Foll, la Madone de gauche qui avait un boulevard pour installer sa propre écurie politique aux municipales de 2020 pourrait bien finir à Pôle emploi. Une quasi-malédiction pour tous les caciques du PS qui n’ont pas fait allégeance à Emmanuel Macron ?


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