Après l’affaire Benalla

par Laurent Herblay
jeudi 26 juillet 2018

La tempête médiatique qui s’est emparée de la France la semaine suivant la victoire de notre pays à la Coupe du Monde de football est d’autant plus formidable qu’elle se soulève à un moment très pauvre en actualité. Une tempête qui rappelle que Macron a été élu par défaut, qu’il n’est pas aimé, que les média savent parfois faire leur travail, et que cette présidence est bien fragile.

 

Macron devenu le pire du système
 
L’emballement de la machine médiatique a de quoi laisser songeur. Le NouvelObs, hier macronlâtre, publie un réquisitoire rappelant la gravité de l’affaireLe Monde, pas moins soutien du président, a non seulement lancé l’affaire, mais torpille (à raison) le comportement et les réactions de l’Elysée. Les deux tiennent désormais des propos au moins aussi durs que ceux des opposants les plus résolus à cette présidence. Les réseaux sociaux charrient parfois des interprétations extravagantes, mais je crois que ce traitement a des raisons probablement plus simples et qu’il permet de relativiser le traitement de Fillon lors de la campagne présidentielle : les médias ne sont pas moins durs avec Macron.
 
Et si, finalement, le traitement de l’affaire Benalla, après Fillon, démontrait simplement que nos média, malgré leurs carences (j’y reviendrai prochainement) exercent le contre-pouvoir qu’ils doivent exercer en démocratie, sur certains sujets. Les média, jadis souvent plus qu’indulgents à l’égard de la macronie, font leur travail. L’importance donnée au sujet vient seulement de l’importance du scandale et du creux de l’actualité. Dans notre pays, le prince et son entourage ne peuvent pas se permettre n’importe quoi sans être rattrapé et interpellé. Il est heureux que des affaires morales soient traitées avec impartialité, même si l’on peut toujours regretter la partialité sur bien des sujets de fond.
 
Le NouvelObs, pas le moins macronlâtre de nos média, souligne bien les 4 scandales contenus par cette affaire  : l’acte de violence de l’ancien conseiller élyséen, l’usurpation de fonction, la présence d’une telle personne à l’Elysée, et « la tentative manifeste d’étouffer le scandale  ». Ce faisant, Macron dépasse bien de ses prédécesseurs dans le scandale. Il faut probablement remonter à Mitterrand pour retrouver pareil scandale d’Etat. Ce faisant, déjà que sur le fond, Macron ne faisait que recycler les tubes oligolibéraux des trois dernières décennies, et que, sur la forme, il dérapait fréquemment, il perd ainsi tout crédit sur les questions de moralité et même de capacité de jugement.
 
Comment a-t-il pu confier autant de responsabilités et d’honneurs à une telle personne ? Comment l’Elysée a pu croire pouvoir s’en tirer de la sorte après le 1ermai  ? La macronie, c’est maintenant une conjugaison d’amateurisme effarant et d’arbitraire révoltantDéjà que le lien avec les Français était très fragile avant cette affaire, tenant plus au vide sidéral de ses opposants ou à leur caractère repoussant, la question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir si cette présidence, moins forte qu’on pouvait le penser, n’est pas touchée au cœur. Bien sûr, il pourra rester au pouvoir, mais il commence à donner des ailes même aux plus mauvais de ses opposants tant s’opposer à lui devient facile.
 
 
Après une Coupe du Monde, à laquelle il avait maladroitement tenté de s’accrocheril donne une image détestable de notre pays, faut d’avoir écouté les avertissements de celui qui est devenu son porte-parole. Ce faisant, il apparaît plus clairement pour ce qu’il est : un ambitieux qui ne pense qu’à lui, à sa réussite, et n’a que faire des Français ou de la morale. Un tel entourage est-il étonnant ?

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