Après la présidentielle, partie 1 : la résignation au candidat de l’oligarchie

par Laurent Herblay
mercredi 10 mai 2017

On peut retenir les 66,1% réalisés par Emmanuel Macron au second tour dimanche et se dire, catastrophé, que les Français se sont donnés au candidat de l’oligarchie, de Jacques Attali, Alain Minc ou Bernard Arnault, pour poursuivre ces politiques qui font mal à notre pays. Sauf qu’en réalité, ces votes étaient largement des votes de résignation, faute d’une bonne alternative.

 

Mathématiques électorales et contextualisation
 
Déjà, il ne faut pas oublier le nombre record de votes blancs et nuls (11,5% des votants), qui ramène le score de Macron à 58,5% (et Marine Le Pen à un 30% plus décevant encore, malgré les dénégations de certains frontistes). On peut aussi constater que 43,6% des inscrits ont voté pour lui, contre 39,1% pour Hollande en 2012, 42,7% pour Sarkozy en 2007, ou les 62% des inscrits (et 82% des votants) de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Mieux, 43% des votants qui ont choisi Macron au second tour l’ont d’abord fait par opposition à Marine Le Pen et seulement 24% pour la personnalité ou le programme du président élu ! Bref, c’est bien une élection par défaut.
 
 
S’il a eu le culot de se lancer, et un relatif professionnalisme dans sa campagne, Macron doit d’abord son élection au contexte politique de notre pays et au fait qu’il ait affronté des candidats qui lui laissaient un véritable boulevard, entre un Hamon naufragé du libertarisme et un Fillon embarqué dans un thatchérisme affairiste. Et les deux grandes alternatives n’étaient pas sans limites elles non plus, entre un Mélenchon aux accents de révolutionnaire libertaro-marxiste et une Marine Le Pen qui semblait véritablement égarée sur le plateau du débat d’entre deux tours tant elle n’a pas été à la hauteur, les deux souffrant également d’un discours manquant de clarté sur la question européenne.
 
Dès lors, avec des alternatives trop marginales, même si elles étaient capables de réunir un cinquième des votants au premier tour et les grands partis traditionnels égarés dans des mauvais choix, le candidat de Minc & co a donc eu un boulevard, malgré son appartenance à une majorité totalement discréditée et au très mauvais bilan. Il faudra poursuivre le combat contre son agenda anti-social, et notamment le projet effarant de baisse de l’Impôt sur les sociétés et d’exonération d’ISF des valeurs mobilières, deux cadeaux à plusieurs millions d’euros pour Bernard Arnault, ce qui peut expliquer sa mobilisation d’entre deux tours pour son candidat, ou plutôt celui de son portefeuille, qui n’en a pas besoin.
 
Macron n’a pas été élu pour ses idées ou sa personnalité, si ce n’est l’aspect superficiel de renouvellement que donne sa jeunesse, malgré un passé déjà chargé, entre la commission Attali et ses rôles pour Hollande. Du coup, il faudra continuer le combat pour se battre contre ses projets anti-sociaux, d’autant plus qu’il n’est pas certain qu’il obtienne la majorité à l’Assemblée.
 
 
Demain, suite de mes analyses sur cette présidentielle

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