Après les retraites, l’indemnisation du chômage dans le rouge !
par Pelletier Jean
mercredi 23 janvier 2013
Sur fond de guerre au Mali, les élites font feu de tout bois pour tenter de raboter l’ensemble du système de protection français. L’argument de « ce serait l’un des meilleurs au monde » remporte la palme de l’argument le plus bête. Puisque c’est pour cette raison qu’il faudrait le rabaisser ! Comme si on pouvait en faire de trop en la matière. Alors que « la finance » se porte comme jamais, ce sont les retraités et les chômeurs qui vont devoir payer !
Un petit rappel historique.
C’est pendant la guerre que le Conseil national de la résistance (CNR) va introduire dans son programme « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État » Le gouvernement provisoire signera les ordonnances aux fins de créer la Sécurité Sociale obligatoire pour tous les salariés les 4 et 9 octobre 1945.
La loi du 22 mai 1946 confirmera ce principe, la France comblera ainsi son retard aux regards de l’Angleterre, de l’Allemagne et des Etats unis.
Pierre Laroque, grand résistant sera le 1er Directeur Général de la Sécurité Sociale en octobre 1944 et contribuera à la rédaction des ordonnances et de la loi qui fonderont les grands principes de la protection sociale en France.
Un rapport de la cour des comptes pointe l’indemnisation chômage.
Nous avons vu précédemment que les retraites, générales ou complémentaires entraient dans la tourmente. Ceci avec la perspective de remettre en cause l’indexation du point de retraite sur l’inflation et augmenter par contre l’âge de départ à la retraite. Pauvres retraités actuels et à venir, ils n’ont plus qu’à bien se tenir !
Maintenant c’est le tour des chômeurs. La fameuse et inénarrable Cour des comptes entre dans la danse et préconise qu’on coupe dans les droits à indemnisation des chômeurs. Rappelons qu’avec l’UNEDIC nous avons affaire à une assurance chômage. L’indemnisation que touche les chômeurs n’est que la contrepartie aux cotisations que celui-ci et son employeur ont versé pour le prémunir du chômage.
Il y a bien sûr un constat économique et comptable qui justifie cette approche. L’UNEDIC accumule un déficit de 13,7 milliards d’euros en 2012, auquel devrait s’ajouter une prévision de déficit en 2013 de 5 milliards d’euros, avec la perspective d’ajouter au total actuel des chômeurs, 178 000 chômeurs de plus en 2013.
Visiblement il n’est pas question d’augmenter les cotisations de l’assurance chômage, il ne resterait donc plus qu’à raboter les droits à indemnisation existant. Et pour le faire on appelle à ce constat désarmant, la France a le système d’assurance chômage le plus avantageux d’Europe, donc ce ne serait pas la crise et les patrons qui licencient à tout va, qui seraient responsables du déficit, mais le système lui même. Curieux raisonnement que celui de Didier Migaud, présentement Président de la Cour des comptes, et socialiste dans une vie antérieure.
"La France figure parmi les pays d'Europe offrant l'un des accès les plus ouverts à l'indemnisation du chômage", précise ainsi le rapport.
Le rapport indique, à titre d’exemple qu’il suffit d’avoir travaillé quatre mois sur une période de référence pouvant aller jusqu’à vingt huit mois pour pouvoir être indemnisé. Et surtout la période d’indemnisation est jugée trop longue, puisque pouvant aller jusqu’à 2 ans pour les salariés âgés de moins de 50 ans.
Ensuite vient le problème du taux de remplacement jugé trop élevé pour les hauts salaires. Prenons le cas d’un salarié touchant un salaire de 2000 €, il bénéficiera d’une prestation de l’UNEDIC calculée sur un taux de remplacement de 66,4% de son salaire. Un salarié rémunéré 4 000 € bénéficiera lui d’un taux de remplacement de 68,3 %, donc supérieur. Toujours selon la Cour des Comptes, dans la majorité des pays européens le taux de remplacement pour les salaires les plus élevés est plus faible.
Enfin, le rapport pointe le plafond d’indemnisation fixé en France à 6 126,29 €, le plus élevé d’Europe.
Conclusion : il faut revoir ces taux et en particulier la dégressivité des indemnités chômages. Combattre l’iniquité tout en réduisant le déficit.
Bien entendu, au passage le rapport égratigne le régime des intermittents du spectacle qu’il juge « sans équivalent à l’étranger » Un argument de plus, puisque nous sommes les seuls à le faire, cessons de le faire toutes affaires cessantes…. Pas question d’envisager que nous pourrions simplement être un modèle, comme nous l’avons été dans beaucoup de domaines. Oui le régime des intermittents du spectacle coûte cher…. C’est le prix à payer pour maintenir la création à, un haut niveau.
Cessons d’être de simples comptables, comparatifs…obtus et bornés. Seule la politique peut s’opposer à cette marée de chiffres en redonnant du sens au mot « société » et du poids à celui de « solidarité ». Le « déficit » ne peut être pas être l’alpha et l’oméga qui guiderait nos pas.