Ariège : LFI et la NUPES récoltent ce qu’elles ont semé

par Laurent Herblay
samedi 15 avril 2023

 Le week-end dernier, la députée sortante LFI, Bénédicte Taurine, a perdu son siège dans une électrion partielle face à une dissidente socialiste soutenue par l’opposition interne du PS et la majorité présidentielle. Même si j’aurais probablement voté pour la députée sortante au second tour si j’avais été électeur de la circonscription, difficile de ne pas reconnaître que ce résultat est logique.

 

LFI au sommet du repoussoir ?

La position du PS est proprement abracadabrantesque puisque sa candidate dissidente a battu une députée sortante LFI, alors que PS et LFI sont alliés nationalement, et que cette alliance a permis aux socialistes de conserver un nombre raisonnable de députés. Mais LFI devrait aussi se demander pourquoi sa candidate a perdu autant de voix entre les deux électrions et pourquoi elle ne passe que de 31,2 à 39,8% au second tour, largement devancée par une socialiste qui passe de 26,4 à 60,2% et récupère la majeure partie des voix qui s’étaient portées sur les autres candidats, dans un « front républicain » contre LFI. Mélenchon a dénoncé « un refuge du vote Le Pen et Macron au 2ème tour pour battre l’opposition à la retraite de 64 ans (…) » et émi « une pensée triste pour une ex déuptée piégée par les droites unies ».

Bien sûr, le double jeu du PS est pénible mais ce tweet de Mélenchon est totalement ridicule. Même si la majorité présidentielle a soutenu la candidate du PS, ce qui est assez logique finalement, ce n’est pas l’opposition à la retraite de 64 ans qui a été battue puisque ce second tour voyait s’affronter deux oppositions, certes d’un différent niveau de radicalité, à la réforme. LFI, Verts, PS et RN ont voté assez systématiquement contre cette réforme et Mélenchon ne peut pas faire l’OPA sur une position qui dépasse très largement sa sphère électorale. Plus de la moitié des opposants à la réforme des retraites ne lui font pas confiance et ne votent pas pour LFI, ou même la NUPES. C’est lui qui pratique une sacrée manipulation politicienne… En outre, dénoncer le « refuge du vote Le Pen (…) pour battre l’opposition à la retraite de 64 ans » est ridicule de la part d’un homme qui refuse de voter la motion de censure du RN contre la réforme de la retraite alors même que le RN n’a pas de pudeur de gazelle à voter celle de LFI…

On ne peut pas ostraciser un parti et ses électeurs au point de ne même pas vouloir s’opposer à l’exécutif si la motion vient du RN, avoir même indiqué clairement une préférence pour Macron au second tour de la présidentielle, et s’étonner que les électeurs du RN ne viennent pas à la rescousse d’une candidate LFI face à une dissidente socialiste ! Mélenchon traite le RN comme le dernier des derniers, et a établi lui-même une claire hiérarchie des blocs où celui du RN vaut moins que l’exécutif. C’est lui qui se place dans une situation où les électeurs du RN peuvent finir par préférer une sociale-démocrate à une LFI, même si on peut imaginer qu’une grande partie de ses électeurs se sont sans doute abstenus dimanche dernier. Plus globalement, c’est bien Mélenchon qui est la roue de secours de Macron, lui qui a exprimé une préférence claire en 2022, et qui, en freinant tout report entre LFI et RN, favorise le bloc central.

Pire, son comportement depuis 2017 a fini par le rendre plus repoussant encore que le RN, comme le montrent bien des sondages. Le fonctionnaire bien peu démocratique de LFI, illustré par la passation de pouvoir difficile entre Quatennens et Bompard, sans la moindre consultation, et suivie d’une purge des organes du parti qui a fait s’émouvoir bon nombre de ses figures, en donne une bien mauvaise image. La gestion du cas Quatennens par Mélenchon a aussi été calamiteuse sur le fond, à l’antipode du discours féministe que tiennent certains militants LFI. En outre, faire de la créolisation un axe majeur de campagne a achevé de consommer la rupture avec la gauche républicaine. Le LFI de Mélenchon est devenu une caricature, une forme de trumpisme intello de gauche au fonctionnement clanique et peu ouvert.

Au moins, cette législative aura eu le mérite de montrer l’effondrement électoral de la macronie, passée de 20 à 10,7%, un sacré avertissement avant les élections européennes de 2024. La défaite de LFI est assez logique, tant le mouvement devient repoussant, ce qui indique que les prochaines échéances pourraient nous amener à de sacrés bouleversements démocratiques


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