Au-delà de l’article 49 al.3…

par Marcel MONIN
jeudi 27 octobre 2022

Au-delà de l’article 49 al.3…

 

Au Palais Bourbon, il manque désormais au président de la République quelques petites mains pour que les volontés de ce dernier soient exhaussées d’office (si ce n’est, sous un certain rapport, par anticipation).

 

Faute de majorité pour faire adopter un texte (d’une loi de finance ou d’une loi de financement de la sécurité sociale) auquel il tient, le gouvernement peut arriver à ses fins en engageant sa responsabilité (application de l’art. 49 al. 3 de la Constitution). L’adoption du texte est alors considérée comme (implicitement) acquise si les députés n’arrivent pas à renverser le gouvernement. Ce qui leur est plus que difficile à réussir, puisque la majorité requise pour y parvenir est calculée sur les membres composant l’’Assemblée.

 

C’est ce à quoi les citoyens-spectateurs assistent en ce moment (fin octobre, début novembre 2022).

Les parlementaires de la « NUPES » jurant qu’ils ne mélangeront pas leurs voix à celles des parlementaires de l’autre côté, et les parlementaires du « RN » tenant des propos symétriques. Encore que ces derniers votèrent une motion de censure déposée par la « gauche ». Mais dans un contexte dans lequel le résultat était connu d’avance, puisque l’adoption de ladite motion de censure avait besoin des voix des « Républicains » et autres. Lesquels ne voulaient pas la donner, puisqu’ils sont fondamentalement d’accord avec la politique (et l’idéologie sociétale) d’ E. Macron.

 

On pourrait dire, en prenant du recul, que si les leaders des partis s’étaient arrangés pour laisser le gouvernement tranquille, donc pour permettre à E. Macron de continuer à faire ce qu’il fait, ils ne se seraient pas comportés autrement. Ce qui, accessoirement, évitait – en plus – aux occupants du Palais Bourbon, d’avoir à retourner (il faut alors trouver de l’argent pour la campagne et on n’est jamais certain d’être réélu) devant les électeurs dès lors que leur vote de défiance risquait d’être sanctionné, comme le gouvernement les en menaçait, par une dissolution.  

 

Au-delà de ces péripéties, il faut rappeler que les leaders des oppositions de « droite » (le RN et autres) et les leaders des oppositions de « gauche » (LFI et autres), sont d’accord (1) avec leurs autres collègues – comme une bonne partie des LR – sur la continuation de la mise en œuvre par E. Macron du système de Maastricht et du système de l’OTAN qui y est lié.

 

Textes qui organisent la mise en place d’une société différente, fondée sur une conception et une pratique de la démocratie qui sont radicalement opposées à la définition actuelle comme à un usage « normal » (non faussé) du droit de vote (v. les nombreux articles sur internet). Avec comme exemple idéal-typique, la présence d’E. Macron à la tête de l’Etat, élu – comme le prévoyait de Tocqueville – … « comme on a dit aux électeurs de voter » (v. sur internet et les ouvrages consacrés au rôle des médias et aux techniques utilisées par ces derniers, dans la mise sur orbite de ce candidat, puis dans le soutien aux décisions de celui-ci). 

 

Textes qui conduisent ceux qui ont un poste décisionnel à utiliser les dispositions constitutionnelles (qui étaient prévues pour faire tout autre chose) pour supprimer dans la législation française tout ce qui s’oppose au libre jeu de la loi du marché. Textes qui permettent aussi de faire de la France et des autres Etats de l’Europe de l’Ouest des vassaux des USA (2). Comme on le voit de manière caricaturale avec la participation, imposée à la France par le président de la République, à la stratégie américaine contre la Russie (3). (Et malgré les conséquences que l’on sait pour les Français modestes).

 

Pour occuper les enfants et les faire se tenir tranquilles, on va leur montrer les marionnettes du jardin du Luxembourg.

Les adultes viennent de bénéficier d’une distraction offerte par la classe politique du moment… qui fait parler d’elle à l’occasion du vote de certains textes. Spectacle qui ressemble un peu, sous un certain rapport, à celui que la classe politique offrait aux citoyens – en réalité sans intérêt pour ces derniers – sous la III° et sous la IV° Républiques.

 

Guignol finit par lasser les enfants.

Quid des citoyens ?

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

(1) Il faut dire qu’il est politiquement mortel de dire autre chose. Car alors, les médias savent sortir les « apostats » du champ de vision des électeurs.

(2) François Mitterrand : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue et pourtant une guerre à mort. ». Georges-Marc Benhamou, « Le dernier Mitterrand », Plon 2005

(3) Sous se rapport, la dernière fois que la France fut la France, se situe probablement en 2003, quand le président de la République du moment refusa de suivre les USA dans leur attaque de l’Irak. Depuis…


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