Azouz Begag : « une fatwa médiatique »

par Olivier Bonnet
vendredi 13 avril 2007

Avant de fairer sa première sortie publique hier aux côtés de François Bayrou, Azouz Bebag était resté étrangement muet depuis la sortie de son livre, Un mouton dans la baignoire.

Il a d’abord rompu le silence en accordant un entretien au Bondy Blog, dans lequel l’ancien ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances s’explique ainsi : "Quand un individu, ministre de l’Intérieur, affirme devant un parterre de ministres que moi, Azouz Begag, j’ai des antécédents psychiatriques ; quand il déclare qu’il faut associer immigration et identité nationale dans un même ministère, alors oui, je dis que cet individu est dangereux. C’est un devoir personnel et politique majeur que d’informer les électeurs avant l’élection. Si je laisse faire, je pourrais être accusé de non-assistance à pays en danger."

Puis, invité vendredi matin sur RTL, il s’est encore épanché à propos de Nicolas Sarkozy. "Quand ce type parle de moutons égorgés dans la baignoire devant douze millions de téléspectateurs, est-ce qu’il est en train de parler des Islandais ou des Finlandais qui sont en train d’envahir la France ?", s’interroge-t-il par exemple. Ou bien, puisque le candidat UMP nie l’avoir menacé de lui casser la figure : "il est un menteur", accuse-t-il. Ou encore : "Un homme comme lui a la maîtrise et le soutien de tant de pouvoirs médiatiques et économiques (...) sans supporter la moindre contestation". Pouvoirs médiatiques ? C’est là qu’on en vient à ce qui nous intéresse ici : Azouz Begag se dit victime d’une "fatwa médiatique" : "Est-ce que vous imaginez qu’il y a des journalistes qui m’ont dit : "Monsieur Nicolas Sarkozy nous a téléphoné pour nous dire de ne plus parler de vous" ? Quand on vous prévient que cet homme-là veut les médias à sa botte ! Il faut visionner la vidéo de l’émission de France 3 Nord/Pas-de-Calais, où il dérape en accusant la rédaction régionale d’être "malhonnête" et d’ "un manque d’objectivité invraisemblable" alors que, comme le décortique bien Arrêt sur images, il ne contredit en fait le reportage visé que sur un point mineur.

Mais quiconque le remet sérieusement en cause s’expose à un violent retour de bâton. Pressions, coups de sang, intimidations, attaques en justice : si la politique ultrasécuritaire de Nicolas Sarkozy menace les libertés individuelles, la liberté d’expression et celle de la presse seraient très vite dans le collimateur d’un petit Néron sacré président. Il rêve le paysage médiatique comme offrant le choix entre la Pravda en version papier et Fox news en cathodique.

Et gageons que même la blogosphère serait vite mise au pas, victime d’une "normalisation" forcée. Voilà encore un des enjeux de cette présidentielle.


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