Bibi (Netanyahu) en difficulté…
par Pelletier Jean
mercredi 23 janvier 2013
Contre toute attente le premier ministre sortant israélien ne fait pas un bon score et sort affaibli de cette consultation. La liste commune Likoud, parti Israélien et l’ultra nationaliste Lieberman perd 11 sièges et voit son groupe parlementaire ramené de 42 à 31 sur 120. C’est le parti centriste qui crée la surpris en arrivant en deuxième position. Les négociations vont être serrées. Et bibi n’aura peut-être pas les moyens de gouverner.
L’axe de campagne du Premier Ministre mettant en avant sa stature d’homme d’état et la menace iranienne a échoué. Elle a même fait fuir une partie des électeurs du centre.
C’est donc le Yesh Atid (parti centriste) fondé à l’initiative du journaliste Yaïr Lapid qui emporte 18 ou 19 siège à lui tout seul. Pour un parti créé il y a un an, c’est un excellent résultat, révélateur par ailleurs de l’état d’esprit des israéliens. Il devance d’une courte tête le parti travailliste qui obtiendrait 17 sièges.
Le Yesh Atid a mené une campagne axée sur les « fractures » de l’Etat d’Israël. Il a su parler aux « Indignés » du pays qui ont largement et massivement manifesté dans le pays. La crise du logement que connait le pays a pesé sur l’élection ainsi que la question de la justice et de l’égalité, en particulier sur un sujet chaud en Israël, celui de la conscription des religieux, qui actuellement échappent au service militaire.
C’est un succès réel que les enquêtes d’opinion n’ont pas su mesurer. Il est difficile d’extrapoler sur ce qu’il en deviendra. L’histoire politique de l’Etat d’Israël est riche en apparition de partis politiques qui se révèle au final sans lendemain. Le scrutin électoral, une proportionnelle intégrale est plutôt brutale et traduit immédiatement en siège au parlement toute manifestation politique de l’électorat.
Pour l’instant, en attente de confirmation précise, la coalition de droite obtiendrait une courte majorité de 61 ou 62 députés sur un total de 120 sièges. Elle comprendrait le Likoud, Israël Beiteinou, l’ensemble des partis religieux et Foyer Juif. La force de Bibi, c’est son image de marque dans l’opinion et surtout le fait qu’aucune coalition ne le menace sur son centre ou sa gauche. Alors qu’il a su rallier l’ensemble de la palette politique de la droite à l’extrême droite, le parti travailliste n’a pas su s’entendre et se mettre d’accord avec Yesh Atid et Mme Livini. Cette dernière à la tête de Hatnouha (centre) a pris position pour une relance active du processus de paix et a remporté 7 sièges, ce qui est un beau résultat.
Quelle sera la composition gouvernementale de demain ? Difficile de le dire. Elle se fera autour des questions essentielles que se posent les israéliens. La question du budget en est une, l’Etat israélien est en position délicate et, comme en Europe, il se doit de réduire drastiquement son déficit, négocier des réductions budgétaires pour constituer une coalition gouvernementale s’apparente à l’un des travaux d’Hercule. Enfin la question centrale d’un état palestinien vient compliquer les choses. Est-ce que le gouvernement pourra continuer encore longtemps à couvrir la construction de logements en Palestine ?
Comment va se constituer ce futur gouvernement et où va passer la ligne de clivage pour ou contre l’idée d’une nation ceinte de murs et de barbelées, armée jusqu’au dent, arme nucléaire comprise, faisant face à une nation palestinienne qui n’y trouve, ni son compte, ni sa place. Voilà l’enjeu des négociations à venir et cela n’intéresse pas seulement les israéliens. La sécurité au Moyen Orient est un point d’équilibre et géo politique qui fragilise les équilibres des forces planétaires.