Blocage des loyers : la grande manip’

par Francois Vial 75
vendredi 3 août 2012

De retour au pouvoir, la gauche croit devoir verser dans un symbolisme propre à rassurer les millions d’électeurs ayant – croient-ils ! – fait le choix du moindre mal en portant Hollande et son gouvernement de fonctionnaires à la tête du pays.

Après diverses mesurettes et débats secondaires transformés en priorités nationales (mariage et adoption homosexuels, fin de la prostitution, semaine scolaire de cinq jours, remise de récépissé lors des contrôles de police, etc.), le Gouvernement veut aujourd’hui faire croire qu’il frappe fort sur les « riches », puisque le blocage des loyers est entré en vigueur ce 1er août. Or, si l’on s’intéresse de près au décret, on découvre qu’il s’agit d’un énième trompe-l’œil...

Les-bourgeois-vont-voir-ce-qu’ils-vont-voir, tel est l’air entonné par l’ineffable Cécile Duflot, ci-devant "ministre" du Logement ! Mais la mesure constitue dans les faits un gag, qui doit faire rire jusqu’au dernier des marchands de sommeil ; qu’on en juge :

- Aucun mode de contrôle de l’application du décret n’est prévu : une spécialité bien française, accommodée à la sauce socialo-écologiste.

- Ledit décret ne concerne que 38 agglomérations en France, dont 27 en Métropole (soit environ 1500 villes). Raison invoquée, en dessous de 50.000 habitants, il serait difficile d’estimer les tarifs normaux de location… A quoi servent alors les myriades de professionnels-de-la-profession, statisticiens, et fonctionnaires affectés à la gestion de l’habitat ?

- Sont préservées de la contrainte – théorique – les habitations dont le loyer est « manifestement sous-évalué » : des termes suffisamment flous pour permettre toutes les interprétations…

- Les logements ayant fait l’objet de travaux d’amélioration (comme si quiconque avait jamais réalisé des travaux destinés à dégrader ou dévaloriser un habitat !) sont également exclus du texte.

- Il en va de même pour les meublés. Selon quelle logique ? Mystère, puisque les personnes louant ce type de logement le font souvent parce qu’elles n’ont pas les moyens de s’équiper elles-mêmes.

- Evidemment, les « biens d’exception » - comprenez ces appartements ou villas loués à des personnalités richissimes – ne sont pas concernés : il ne faudrait pas que les investisseurs qataris ou saoudiens ralentissent leur politique d’acquisition de biens nationaux…

- Les nouveaux arrivants dans un logement n’ont pas accès au prix précédemment pratiqué. Dans ces conditions, comment savoir si la loi est respectée ? Il faudrait interroger le propriétaire avant de signer le bail ! Autant faire le deuil de tout espoir d’obtenir la location…

Une nouvelle fois, la déception est donc au rendez-vous ! Même si l’on croit deviner la stratégie de l’ex maître-ès-synthèses du PS – ne pas bouger, en attendant un hypothétique retournement de la conjoncture économique internationale… qu’il ne manquerait pas de s’attribuer –, on reste ébahi devant l’indulgence populaire et médiatique dont bénéficie François Hollande. A croire que la ligne de force de sa politique réside dans l’adhésion aux propos jadis tenus par De Gaulle : « Les Français sont des veaux  »… que l’on peut faire – à défaut de les y envoyer – durablement paître !

Décret : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000026208405


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