Borloo à Matignon : la bonne formule de Sarkozy ?

par AJ
samedi 25 septembre 2010

Jean-Louis Borloo est bien la star du moment. Alors que cet été, le maintien de François Fillon à l’hôtel Matignon semblait couler de source, le président du Parti Radical verrait d’un bon oeil son installation rue de Varenne, dont il s’est dit convaincuselon le Canard Enchaîné. Profitant des journées parlementaires du centre à Biarritz et de l’UMP à Nice pour asseoir un peu plus son statut de favori à la succession de François Fillon, le ministre de l’écologie pourrait bien constituer une solution de choix pour le président de la république dans la perspective des échéances présidentielles 2012.

Un rival dangereux pour Sarkozy ?

Récemment, un sondage OpinionWay pour le Figaro interrogeant les sondés sur les potentiels candidats centristes en vue des prochaines présidentielles plaçait Jean-Louis Borloo sur un piédestal : 30% des français le considérerait comme un "bon candidat", contre 29% pour François Bayrou et 16% pour Hervé Morin. De quoi donner des idées à Jean-Louis Borloo ? Au printemps, il s’était auto-proclamé comme meilleur candidat pour porter les valeurs centristes.

Si Borloo venait à être candidat, il pourrait sérieusement ébranler Nicolas Sarkozy : moins indépendant que François Bayrou, ancré à droite après avoir été ministre de Raffarin, Villepin et Fillon, reconnu pour la transformation de Valenciennes qu’il a opérée, Borloo a toutes les cartes en main pour réunir autour de lui 10% des suffrages exprimés, voire plus. Il deviendrait porte-drapeau de tous les électeurs de droite choqués par les dérives en tous genres de Nicolas Sarkozy.

Borloo - Bayrou : l’alliance idéale ?

En parallèle, la multiplication des aspirations présidentielles du côté centriste pousse ces derniers a éviter la multiplication des candidatures en tentant tant bien que mal de permettre l’émergence d’un rassemblement. C’est dans cette optique que que s’inscrivait le colloque de mai à Boulogne-Billancourt organisé par Gilles de Robien. Et c’est une menace sérieuse pour l’Elysée. Imaginons une seconde une alliance regroupant Bayrou-Borloo-De Robien et Arthuis. François Bayrou dispose de la notoriété, la popularité, l’indépendance et le Parti Radical d’un vivier d’élus extraordinaire et de la légitimité de Jean-Louis Borloo.

Or, si Bayrou part seul au combat, il sait pertinemment qu’il ne pourra pas réunir les 500 signatures requises : le Parti Radical pourrait les lui apporter sur un plateau. Une alliance Borloo-Bayrou ferrait mouche d’autant plus qu’elle est crédible et est suffisamment dense politiquement pour mettre en danger le président de la république. Alors certes, l’histoire nous apprend que les français détestent les duos (Deferre et Mendés-France en 1965 font figure de cas d’école) mais les élections présidentielles 2007 ont suffisamment ébranlés les règles d’or des présidentielles pour être convaincu que l’électorat a perdu certaines manies qui le caractérisaient.

La nécessaire candidature d’Hervé Morin

En clair, si Borloo se présente, Sarkozy risque de la payer cher et c’est pourquoi sa nomination à Matignon permettrait de griller sa candidature. Ce qui est indispensable. Néanmoins, Sarkozy a besoin d’un candidat à sa gauche pour éviter que l’électorat centriste ne vienne se greffer au futur candidat socialiste car Sarkozy le sait, avec sa politique vis à vis des Roms, il a franchi le Rubicon et ne pourra rassembler autour de sa candidature les électeurs centristes et chrétiens-démocrates dès le premier tour. Il a besoin d’un pantin comme Hervé Morin pour les éloigner du PS au premier tour, puis les rallier à sa cause durant l’entre deux tours.

Le ministre de la Défense dispose d’une faible notoriété, il n’est pas légitime mais a pour avantage d’être moderne, jeune, novateur : le candidat idéal pour ne pas faire d’ombre au président de la République tout en réalisant une performance saluable. Il a d’ailleurs parfaitement confiance de l’avantage qu’il retirerait de la nomination de Borloo à Matignon : selon le Canard Enchaîné, il aurait déclaré lors d’un dîner pour lever des fonds à New York qu’elle lui ouvrirait un boulevard. A Matignon, Borloo serait totalement phagocyté, carbonisé par Sarko. Il ne pourrait plus incarner le centre en 2012. Il ne resterait plus que moi.
 
 
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