Le maire Vert du IIe arrondissement de Paris, Jacques Boutault, a demandé à la préfecture de police d’interdire un rassemblement "républicain", qui doit se tenir le 4 septembre prochain place de la Bourse, dans son arrondissement. Ce rassemblement, clairement hostile à "l’islamisation" de la France, est prévu au total dans six villes françaises (Paris, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Aix-en-Provence, et Lyon). Il est organisé à l’initiative de
Christine Tasin, présidente de Résistance Républicaine. De
nombreuses organisations se sont jointes à l’initiative.
Sur
son site, le 27 août, le maire Vert déclare :
"J’’ai demandé au Préfet de police d’interdire un « apéritif républicain » place de la Bourse (Paris 2e). (...) L’affichette d’invitation à cet « apéritif républicain » montre qu’il s’agit en réalité d’un « apéritif anti-islam ». Ce rassemblement apparaît clairement comme une volonté d’opposer une partie de la population à une autre pour des motifs culturels et/ou religieux. Il va donc visiblement à l’encontre de ma conception d’une France laïque républicaine, respectueuse des Droits de l’Homme et de la diversité des origines, des opinions et des religions."
Question de point de vue
Il faut dire que si, pour le maire du IIe arrondissement de Paris, ce sont les organisateurs de l’apéritif "républicain" qui s’opposent aux musulmans, les dits "républicains" considèrent que c’est l’islam qui, dans son essence même, s’oppose à toutes les composantes de la société qui ne sont pas musulmanes. C’est ainsi que l’éditeur et journaliste Jean Robin, qui avait participé à l’apéro du 18 juin Place de l’Etoile, écrit : "C’est l’islam qui est incompatible avec la France, et qui est source de racisme, non la couleur de peau, la culture d’origine, les traditions d’origine, la démographie, le patronyme, l’immigration récente, ni la colonisation."
Cette idée est également défendue par Alain Besançon, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, qui déclare : "L’histoire est formelle : les populations musulmanes ne se fondent pas dans les populations alentour"...
Le 16 novembre 2008, sur Radio Canada, le père Henri Boulad, jésuite égyptien, mettait aussi en garde les Occidentaux contre l’islam radical : "J’ai vécu toute ma vie en Egypte. L’islam a toujours lié le religieux au politique, le religieux au social. Religion et société sont devenus inséparables. Et ceci dure depuis 14 siècles. Toutes les sociétés musulmanes ont été des sociétés intégratives, globales, globalisantes, totales, totalisantes, pour ne pas dire totalitaires." Avant d’ajouter : "Quand un musulman me dit ”l’islam est la religion de la tolérance”, je lui dis : “parmi les 57 pays musulmans de la planète, cite m’en un seul où la liberté religieuse existe”. La liberté religieuse est un mythe. Elle n’existe pas dans les sociétés musulmanes." Et de conclure : "Par le triple jeu de l’immigration, de la démographie et des conversions, dans 100 ans l’occident est musulman. Vous vous réveillerez quand il sera trop tard." Le père Boulad appelle de ses voeux le développement d’un islam libéral qui, seul, est compatible avec nos valeurs.
Au fond, l’inquiétude des "républicains" voulant manifester est compréhensible, car nul ne peut être sûr que l’islam libéral l’emportera dans notre pays sur l’islam radical.
Leur inquiétude est d’ailleurs partagée par nombre de musulmans libéraux, comme
Ahmed Al-Sarraf, militant koweïtien pour la démocratie et la laïcité, qui, face à la poussée de l’islam radical sur notre continent, déclarait récemment : "
Au bout d’une ou deux générations, le monde entier, et le monde arabe en premier lieu, regrettera l’Europe telle qu’elle avait été jusque là. Celle-ci aura été transformée sous l’effet de l’immigration musulmane. Les Européens ont donc raison de s’inquiéter. (...) Les ghettos musulmans prolifèrent autour des grandes villes européennes, le voile s’y est banalisé, le niqab y progresse jour après jour et les mosquées y attirent plus de monde que les églises. Il y aurait quarante cinq millions de musulmans en Europe, ce qui ne serait pas si grave s’ils voulaient vraiment s’intégrer. Or beaucoup soutiennent le principe des attentats, les crimes d’honneur sont courants et les femmes se voient souvent traitées par leurs familles comme si elles étaient encore dans leur pays d’origine. C’est effrayant de voir que ceux qui ont fui les dictatures politiques, militaires ou religieuses voudraient transformer l’Europe en quelque chose qui ressemblerait à ce à quoi ils cherchaient à échapper. "
Quant à l’attitude du maire Vert, comme de la plupart de nos responsables politiques, elle se comprend par un optimisme, qui leur fait croire que les musulmans modérés l’emporteront. C’est un pari, mais qui, à la différence du
pari de Pascal ("
Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien"), est fort risqué s’il est perdu.
Malika Sorel, auteur du
Puzzle de l’intégration, donne des solutions pour que le pari soit gagné, mais on ne peut pas dire que les Verts, comme la plupart des politiques actuels, suivent assidûment ses recommandations... Même une institution comme l’équipe de France de football donne un drôle d’exemple, hier en imposant le halal à tous, désormais en
interdisant le porc à tous (ce que viennent enfin de déplorer une
poignée d’élus UMP).
Un Vert pur et dur
Jacques Boutault, l’ancien
sympathisant anarchiste, est donc optimiste pour l’avenir, n’a pas peur de l’aventure, et considère que les fauteurs de trouble sont aujourd’hui plutôt du côté des "islamophobes" que des "islamistes". Ce maire "bobo" croit dur comme fer au "vivre ensemble" et se montre méfiant devant toute tentation nationaliste ; c’est ainsi qu’en 2002, il s’était fait remarquer en voulant interdire "La Marseillaise", notre hymne national, comme le rapportait
Marianne le 25 novembre 2002, qui l’avait pour l’occasion baptisé
le "khmaire" vert : "
désormais, c’est son refus de fêter la Sainte-Catherine et, surtout, son intention d’interdire la Marseillaise qui sont objets de palabres. Même si l’édile du Ile arrondissement a fini par céder à la pression et écouter chanter l’hymne national, il n’est pas absous pour autant." En fait, Jacques Boutault voulait empêcher des enfants de chanter "La Marseillaise" dans sa mairie à l’occasion du
11 novembre.
Le Figaro rapportait l’information les
6 et
7 novembre 2002, qualifiant au passage le maire de "
très dogmatique".
Le maire du IIe arrondissement de Paris est également très engagé dans le combat pour les "mal-logés" installés rue de la Banque et défendus par le DAL...
... ce qui lui a valu le soutien de nombreuses personnalités du show biz, parmi lesquelles Guy Bedos, Gérard Depardieu et Sapho.
Jacques Boutault, comme tout Vert qui se respecte, défend la nourriture bio, et a réussi à instaurer, depuis début 2009, un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires de son arrondissement. Son premier argument, c’est que
trop de viande nuit à l’environnement, et peut nuire aussi à la santé. Mais il indique aussi (fin de la vidéo ci-dessous) que la nourriture végétarienne permet de rassembler tous les élèves, y compris ceux qui mangent traditionnellement du halal ou du casher. "
Le végétarisme, c’est très laïc, car ça permet de rassembler autour d’une même assiette des communautés et des croyances tout à fait différentes. C’est aussi une démarche très républicaine en ce sens", déclare-t-il.
Justement,
Michel Destot, le maire socialiste de Grenoble, a décidé de mettre en place des menus sans viande à la rentrée scolaire. Une décision qui crée la controverse sur RMC, entre Ali (qui peut ainsi faire manger son enfant à la cantine, qui ne consomme que du halal) et Véronique (qui souhaite la même nourriture pour tous, et voit dans cette mesure du maire de Grenoble une manière de s’attirer le vote musulman).
Si Jacques Boutault veut interdire l’apéro "républicain" du 4 septembre, comme il voulait déjà interdire "La Marseillaise" dans sa mairie, et s’il veut limiter la consommation de viande dans les écoles (certes, cette dernière restriction n’est pas à placer sur le même plan), il est un domaine où il se veut plus permissif, celui des drogues. Sur
Wikipédia, on lit que "
jusqu’en 1996, appuyé d’une solide équipe de journalistes, Jacques Boutault a publié "La Riposte", un fanzine consacré à la politique, au sexe et à la drogue".
Marianne nous apprenait en 2002 qu’il était favorable à la "
légalisation du cannabis".
Et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en personne nous en contait une bien bonne à son sujet le 30 janvier 2008. C’est le site
MuniParis qui le rapportait dès le lendemain. Lors d’un meeting de soutien à
Sylvie Wieviorka, tête de liste PS dans le IIe arrondissement de Paris aux dernières Municipales (et ancienne collaboratrice de Jacques Boutault), Bertrand Delanoë se lâche : “
Et Sylvie qui me dit, je suis première adjointe, je me tape le boulot, il [Boutault] me tape dessus, et il organise des fumettes à la mairie... Je ne sais pas, moi... Non, mais vraiment, je ne suis pas un tenant de l’ordre moral, même pour ça, franchement, mais bon... C’est vrai tout ce que je vous dis, je n’ai rien inventé..." (
EXTRAIT A ECOUTER ICI) L’anecdote sera rapportée sur le site du
Nouvel Obs, et celui de
20 Minutes (dans
cette courte vidéo, on voit d’ailleurs Delanoë mettre un gros vent à Boutault, signe de leur très bonne entente...). Vérité ou calomnie, on n’en saura jamais rien.
Quoi qu’on pense de Jacques Boutault, il a le mérite d’avoir des convictions et une vision bien identifiable. C’est la qualité (ou le défaut) des durs, de gauche comme de droite. Sa ligne est claire, à défaut d’être toujours juste.