Bruno Le Maire nous ressort le mythe de la faillite de l’état

par logan
mercredi 29 juin 2022

 

« Quand l’inflation augmente, la charge de la dette augmente aussi de plusieurs milliards d’euros, et ma responsabilité de ministre des finances, je souhaite que chacun l’entende, est de revenir à des finances publiques équilibrées d’ici 2027 »



Cela fait des années qu'on entend les mêmes propos que ceux de notre cher ministre, et ça me donne l'occasion de partager ce que j'ai appris à ce sujet ( Désolé c'est un peu long, j'essaie de résumer ).

Contrairement à ce qu'on entend habituellement, l'état ne fonctionne pas comme un ménage. Vous et moi, contrairement à l'état, n'avons pas la possibilité d'émettre des bons du trésor, n'avons pas la possibilité de lever des impôts, et n'avons pas nos comptes en banque à la banque centrale européenne mais dans de simples banques privées.

De plus, même si c'est plus complexe à cause du système monétaire européen, les différents états dans le monde à commencer par les Etats Unis, le Royaume-Uni, la Russie, le Japon ou la Chine, sont émetteurs de monnaie, alors que nous, particuliers, en sommes simples consommateurs.

Du coup tout cela place les états dans une situation totalement différente par rapport à un ménage ou une entreprise.

Et en l'occurrence n'en déplaise à Bruno Le Maire, il ne faut surtout pas rechercher l'équilibre budgétaire pour les finances publiques !

Un simple schéma suffit à comprendre :

Prenez d'un côté l'état, de l'autre le reste de la société. Les transferts de monnaie du reste de la société vers l'état représentent les impôts. Les transferts dans l'autre sens représentent les dépenses publiques.
Pour prospérer, le reste de la société a besoin de plus de monnaie ( plus d'échanges = besoins en monnaie qui augmentent ).
Si les finances étaient équilibrées comme Bruno Le Maire s'en donne l'objectif pour passer pour un "bon gestionnaire", chaque année la quantité de monnaie dans le reste de la société stagnerait.
Et pour passer d'une situation de déficit à l'équilibre, il faudrait ponctionner énormément de monnaie au reste de la société, bref le reste de la société s'appauvrirait.
En réalité, (et cela va à contre sens de tout ce qu'il nous raconte j'en ai bien conscience), pour pouvoir prospérer, le reste de la société a besoin que l'état prélève moins de monnaie qu'il n'en dépense. Il faut que le budget de l'état soit en déficit ...
Là, déjà dire l'inverse de ce qu'on entend systématiquement, je passe pour un fou ou un idiot. Mais c'est pourtant bien la réalité.


Et la conséquence, c'est que c'est le partage des richesses dans le reste de la société qui va définir si cette prospérité est partagée ou non. Sujet évidemment JAMAIS abordé par ces gens.

Actuellement, le déficit de l'état est de 6% du PIB de la France ( environ 150 milliards d'euros ). Pour atteindre ses objectifs d'équilibre budgétaire Bruno Le Maire devra donc réduire les dépenses ou augmenter les impôts d'autant. Une telle cure d'austérité serait évidemment extrêmement dévastatrice économiquement comme socialement.

Les pays qui ont subit ce genre de politiques ont généralement vu leur PIB se réduire de manière dramatique, par exemple il a été divisé par 2 en Grèce avant qu'elle ne retrouve l'équilibre budgétaire ...
Le gouvernement a promis à l'UE de ramener le déficit à 3%.
Dans les deux cas, c'est juste de la folie et totalement irréaliste.

Ce qu'ils cherchent à nous empêcher de comprendre via leur idéologie, c'est que le déficit de l'état n'est pas une mauvaise chose tant qu'il sert à financer des choses utiles, que ce soit des infrastructures, des services publics, ou des programmes sociaux, et surtout tant qu'il permet de redistribuer les richesses de manière à maintenir un partage des richesses qui permet le plein emploi, la satisfaction des besoins et la prospérité de tous.
Il n'y a en réalité depuis que la monnaie est dématérialisée AUCUNE CONTRAINTE BUDGETAIRE.
La dette par exemple n'est qu'une autre sorte de monnaie, mais de la monnaie quand même. L'Etat émet des bons du trésor pour rembourser ceux qui arrivent à maturité. L'état peut emprunter directement à sa banque centrale, qui pour l'occasion crée de la monnaie. On peut faire ça à l'infini.
Les fameux critères de Maastricht qui leur servent de boussole ont été fixés arbitrairement : déficit sous les 3% et dette sous les 60%. Et seuls quelques pays arrivent à les respecter. S'ils ne sont pas respectés, la foudre ne va pas s'abattre sur nous, l'économie ne va pas s'écrouler. Et pour reprendre l'ineptie de l'état comme un ménage, aucune huissier ne va venir saisir l'état ...

Par contre, j'entends déjà les cris, cela ne signifie évidemment pas que l'état peut dépenser sans compter. Il existe diverses contraintes réelles. Mais celles que Bruno Le Maire met en avant sont fausses.

S'il y a besoin de construire des hôpitaux et de former et d'embaucher des soignants, ni les déficits ni la dette ne nous l'empêchent. C'est absurde de placer des considérations comptables ( qui sont totalement virtuels ) au dessus de nos besoins réels.

Par contre il y a des contraintes réelles, le manque de main d'oeuvre, le manque de matières premières, le manque de savoir faire, l'inflation aussi.

La caricature de la planche à billets ( création monétaire ) qui serait systématiquement cause de l'inflation est évidemment fausse. On le voit aujourd'hui l'inflation peut avoir diverses causes, et aujourd'hui celle qui nous touche a pour origine la spéculation ( les producteurs de pétrole qui ont décidé de réduire leur production pour faire monter les prix ) avec toutes les conséquences que cela a derrière.
Mais si l'état dépensait de l'argent au point que la production n'arrive plus à suivre, là oui cela génèrerait de l'inflation ( pénurie = inflation ).
Il est évident que nous sommes très loins de nous heurter à toutes ces contraintes et qu'il n'y a en réalité rien qui justifie d'en arriver à manquer tellement de soignants que les urgences doivent fermer la nuit ...

Un exemple de fausse contrainte :

« Tout n’est pas possible, tout simplement parce que nous avons atteint la cote d’alerte sur les finances publiques », a affirmé M. Le Maire, ajoutant que « les conditions de financement ont changé » et qu’aujourd’hui la France emprunte « à plus de 2 % » pour financer les dépenses publiques, quand elle le faisait encore récemment à taux négatifs ou très faibles.

On l'a effectivement vu avec la Grèce, les taux sont arrivés tellement hauts qu'elle ne pouvait plus financer ses déficits ...
Cela peut faire peur. C'est la fameuse banqueroute qu'ils nous agitent devant le nez pour nous pousser à accepter toutes leurs politiques injustes.

En réalité, seuls les pays qui ont renoncé à la possibilité d'émettre de la monnaie peuvent se retrouver dans cette situation :

- Par exemple les pays qui ont contracté des prêts auprès du FMI en font partie.

- Ou les pays de l'UE.

En effet, le taux de financement de la dette ne serait jamais un problème s'ils autorisaient les état à emprunter directement à la banque centrale comme le font les autres pays hors-UE. ( Je les recite pour bien montrer que nous sommes une exception : Etats-unis, Royaume-Uni, Russie, Japon, Chine etc ... )
Pour comprendre cela il faut s'intéresser à la manière dont les états se financent sur les marchés des bons du trésor.

Le procédé s'appelle "l'abjudication" : L'état propose à la vente un certain nombre de bons du trésor (il en existe différentes sortes mais le principe reste le même, ils ont une valeur ( la somme empruntée ), une durée ( par exemple 1 ou 10 ans ), et un taux d'intérêt ( chaque année la personne qui détient le bon du trésor est rémunérée ). Ceux qui veulent les acheter font une offre et peuvent surenchérir ( C'est du trading ). Et les représentants de l'état choisissent entre les différentes offres celles qui sont les plus intéressantes.

Si l'état a la possibilité d'emprunter directement à la banque centrale, la banque centrale devient un concurrent pour tous ceux qui veulent faire une offre => Cela permet donc à la banque centrale de faire en sorte que les taux d'intérêts demandés restent raisonnables.

Ceux qui ont mis en place le système monétaire de l'UE, par idéologie, ont interdit à la banque Centrale de procéder ainsi. (On a déjà payé cette décision lors de la crise de la dette en 2008+. )
Ils ont préféré mettre en place le mécanisme européen de stabilité financière (MESF). C'est à dire un système où l'UE ou certains pays de l'UE empruntent à la place du pays en difficulté et lui revendent la monnaie empruntée en devenant ses créanciers ...
Bref, une usine à gaz qui a la particularité de permettre aux gouvernements de continuer à garder les états sous la contrainte budgétaire artificielle qui leur permet de justifier comme Bruno Le Maire des politiques antisociales et injustes.

CQFD : Une simple décision politique, une réforme de la BCE, autorisant les états à emprunter directement auprès d'elle, ferait voler en éclat cette contrainte.

Nous ne sommes pas plus au bord de la faillite aujourd'hui que toutes les autres fois où ils nous ont sorti ce mensonge par le passé.

Lien vers l'article du monde :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/06/27/pouvoir-d-achat-pour-bruno-le-maire-la-france-a-atteint-la-cote-d-alerte-sur-les-finances-publiques_6132197_823448.html?fbclid=IwAR2kTZj2-YtYDGSJY5WTZ4SDdrjCe6PdLK6ZLF5xTyF0CatAUjHzKDg2oKI


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