Canal-Plus - Besancenot : une affaire qui marche

par Jean-Michel Aphatie
vendredi 9 septembre 2005

Le système médiatique a ses règles sur lesquelles il est parfois utile, et amusant, de réfléchir. Pas plus tard qu’hier soir, jeudi 8 septembre, Michel Denisot recevait dans son Grand Journal, sur Canal Plus, Olivier Besancenot, facteur de son métier, trotskiste de son état et actuelle coqueluche du journalisme. Aux côtés d’Olivier Besancenot se trouvait Gérard Dahan, imitateur, qui, la veille, en se faisant passer au téléphone pour Jacques Chirac auprès de Raymond Domenech et Zinedine Zidane, avait obtenu des Bleus, avant leur match de football contre l’Irlande, retransmis sur TF1 devant onze millions de téléspectateurs, qu’ils mettent la main sur le coeur au moment des hymnes, en signe de solidarité avec le Président malade.

Le gag, spectaculaire, était drôle, Gérald Dahan le racontait drôlement et à côté de lui, Olivier Besancenot, décontracté et naturel comme à son habitude, riait et souriait à propos, se mêlant intelligemment à la conversation, sans trop en faire, restant à sa place.

Mine de rien, et quoi que l’on en pense, ces images-là, ce soir-là, étaient des images surpuissantes de légitimation d’Olivier Besancenot. A cet instant-là, en le voyant rire et participer au débriefing du gag, on oubliait complètement le trotskiste, ses propositions économiques visant à mater ou à exproprier le grand capital - qui connaît les propositions de la Ligue communiste révolutionnaire ? - ses appels à la révolution et au renversement du capitalisme. Seules transperçaient l’écran ses mines de type sympa qu’on aimerait bien avoir pour copain et pour lequel, à défaut de pouvoir lui taper sur l’épaule, on ira peut-être voter demain, vu justement qu’il est si sympa...

C’était le jeudi 8 septembre sur Canal Plus, entreprise identitaire du capitalisme branché, et c’était avec Olivier Besancenot. Si ça avait été avec Jean-Marie Le Pen ou Bruno Gollnisch, voire avec Philippe de Villiers, ou même parce qu’il y a toujours des grincheux, Nicolas Sarkozy ou Dominique Strauss-Kahn, sans doute quelques téléspectateurs auraient-ils protesté, soit contre le mélange des genres, soit contre la légitimation de l’extrémisme, soit contre cette soupe que parfois on sert aux responsables politiques...

Crédit photo : Martin Bureau/Scanpix

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