Candidats France 2022 (1) : Arnaud Montebourg

par hommelibre
vendredi 15 octobre 2021

Je suis irrésistiblement titillé par la présidentielle française. J’aimerais présenter quelques-uns et zunes en cherchant seulement le trait ou la manière qui va servir de fil de campagne. C’est réducteur, délibérément. Mais essentiel.

Arnaud Montebourg

Le commerçant en miel et sa célèbre marinière tricote patiemment son programme. Depuis des années il milite pour le retour de la souveraineté nationale. En 2016 il tenait même une position dure sur l’Union Européenne :

« Opposé à l’élargissement de l’Union européenne, Arnaud Montebourg soutient l’Europe « quand elle ne rend pas impuissante les États, et quand elle est efficace pour traiter l’essentiel. » Or, à ses yeux, l’Europe est aujourd'hui « inefficace pour traiter l’essentiel et intrusive dans la vie des États. »

Le projet européen mis en cause ? On se croirait chez Chevènement ou Le Pen. L’Europe comme intendante des nations et non comme régente. Hier il ajoutait (image 2, clic pour agrandir) :

« Je pense que la part de la souveraineté nationale dans l’Union européenne doit être admise pour pouvoir sauver l’Europe. »

Il précise également :

« … on n’a pas besoin de l’extrême droite pour traiter les problèmes de notre pays. »

Encore faut-il définir ce qu’est l’extrême-droite. On nage en pleine confusion avec ce terme fourre-tout dont le seul but est de criminaliser l’adversaire. J’y viendrai une autre fois. 

 

Comme Orban

Je remarque néanmoins la contorsion de Montebourg : il prend appui sur cette catégorie politique honnie pour s’en distancer tout en tenant le même discours et en faisant sienne une proposition majeure de la droite souverainiste.

Il ne voudrait pas être sali par la connotation fascisante nationaliste tout en prônant le retour de la Nation toute-puissante.

Chien qui se sent sale lèche son propre cul. 

C’est d’autant plus sensible qu’il affirme dans un tweet du 8 octobre :

« Le retour de la souveraineté de la France passera par la supériorité de la loi française sur les décisions européennes. »

À qui cela vous fait penser ? Au très vilain populiste hongrois Viktor Orban. Auquel on reproche entre autres sa politique nationale de limitation de l’immigration. Horreur, malheur ! Mais… que dit l’Arnaud sur le sujet ?

« L’ancien député PS s’interroge ainsi sur une répartition plus équilibrée en France des personnes issues d’une même aire géographique, à une limitation annuelle en matière de regroupement familial et à une immigration économique limitée aux filières professionnelles sous tension. »

 

Souveraineté et droit national

L’extrême-gauche molle montebourgeoise rejoint l’extrême-droite. Bonnet blanc et blanc bonnet. Ou pas tout-à-fait : la violence politique est du côté de l’extrême-gauche. 

Je suggère d’en finir avec ces deux catégories et d’en trouver d’autres plus pertinentes et moins enfermantes. Montebourg pourra alors tenir meeting avec Zemmour, main dans la main, sans risquer d’être jugé négativement par les autorités morales transcendantes du pays.

Un autre pays a mis en cause la supériorité du droit communautaire et a réaffirmé la prééminence du droit national : la Pologne.

« La plus haute juridiction polonaise s’est prononcée jeudi 7 octobre contre la suprématie absolue du droit communautaire européen, une décision historique qui pourrait menacer le financement par l’Union européenne de la Pologne, voire son appartenance à l’UE. »

À cause de cela l’UE condamne ce pays et dénigre ses dirigeants. Pourtant c’est ce que Montebourg propose, sans que cela ne soulève de vague. Deux poids, deux mesures. 

C’est aussi ce que pratique l’Allemagne par cette décision qui montre que ses intérêts nationaux priment sur ceux de l’Union. Mais personne n’y voit l’oeuvre du diable fasciste. Pourtant cette position est dévastatrice pour l’actuelle UE puisqu’elle lui ôte tout pouvoir et toute légitimité.

Finalement, pour ceux qui se posent la question, oui, Montebourg a une petite utilité dans la campagne : alimenter la thèse souverainiste.

 

Voir aussi : Anne Hidalgo


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