Ce que le 1er mai dit du Front National

par Laurent Herblay
mercredi 6 mai 2015

Le parti de la famille Le Pen continue d’occuper les devants de la scène politique, entre la suspension de Jean-Marie Le Pen lundi, et les évènements qui ont entaché sa réunion annuelle du 1er mai à Paris, autour de la statue de Jeanne d’Arc. Le premier ne doit pas faire oublier le second.

Des Femen et du Front National
 
Bien sûr, on peut juger que les actions des Femen ne sont pas un modèle de débat démocratique. On peut également juger que leur attitude est très agressive et que comparer le FN à Hitler est tout de même très exagéré. Néanmoins, comme pour Charlie Hebdo, le fait que des personnes puissent s’exprimer de la sorte, même si on n’adhère pas du tout à leur façon de faire, est aussi le signe que nous vivons en démocratie, et que la liberté d’expression existe. Après tout, même si ce qu’elles font est choquant, elles n’exercent pas de violence physique contre quiconque, respectent de facto la liberté de tout le monde, même si elles expriment une critique radicale et assez violente de ceux qu’elles visent.
 
Bien sûr, on peut comprendre que les membres du Front National soient furieux de leur action, qui vient un peu gâcher la réunion de famille annuelle du 1er mai. Mais imaginons deux secondes que Marine Le Pen ait pris leur intervention différemment. Si elle avait demandé à son service de sécurité, ou à un des membres connus de son mouvement de leur apporter à boire ou à manger, ou même, qu’elle leur avait offert un micro pendant quelques instants, alors elle aurait rendu totalement ridicule la comparaison avec le nazisme, aurait mis les rieurs de son côté, et aurait franchi une étape de plus dans la dédiabolisation de son parti. Une telle réaction aurait sans doute été la meilleure réponse à apporter.
 
Ce qu’il y a de brun dans la flamme
 
Mais non, des membres du FN ont forcé, probablement illégalement, les portes de l’hôtel pour interrompre les Femen de manière peu amène. Marine Le Pen a osé déposer plainte pour violences volontaires et atteintes à la liberté de manifester, mais les images tendent montrent que ce sont ses hommes de main qui ont commis de tels délits… En outre, en marge de cette manifestation, comme l’a rapporté le Petit Journal de Canal Plus, Bruno Gollnish s’est ridiculisé en s’en prenant à une perche de la chaine, avant de raconter des énormités le lendemain. Plus grave, des équipes de la chaine ont été agressées en faisant leur métier de journalistes, malgré la protection du service de sécurité du parti.
 
Bien sûr, on pourrait prendre ces évènements pour des faits divers mineurs, ou même tenter de justifier ces dérapages par l’aggression des Femen ou le mauvais traitement des média. Mais cela est sans doute très significatif de ce qu’est un parti d’extrême-droite comme le FN, qui n’a donc pas une culture démocratique suffisamment forte pour avoir un minimum de respect pour les journalistes, ou même des personnes comme les Femen, qui les insultent. Car même si le FN a été violemment insulté par les Femen, cela ne justifie pas l’emploi de moyens qui ont plus à voir avec les régimes autoritaires et non avec une saine démocratie. L’admiration pour Poutine n’est sans doute pas un hasard
 
Cette séquence est une nouvelle preuve que le parti de la famille Le Pen est bien un parti d’extrême-droite. Même quand on est critiqué, ou insulté, ce qui fait partie (trop, certes) du jeu politique, en venir aux mains pour faire taire n’est pas acceptable. Cela révèle un refus de la contradiction peu démocratique.

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