Ceux qui ont vendu l’aéroport de Toulouse ne devraient pas pouvoir vendre ADP

par Laurent Herblay
mercredi 8 janvier 2020

Il n’y a pas que sur les retraites que le pouvoir en place fait face à l’opposition de la majorité des français. La privatisation d’ADP rassemble une majorité contre elle et il faut espérer que l’année 2020 voit le compteur des signatures pour un Référendum d’Initiative Populaire imposer au gouvernement de reculer. Cela est d’autant plus vrai que le précédent de Toulouse ne plaide pas pour

 
Avis de prédation du patrimoine public
 
Il n’est pas inutile de se replonger dans les archives et voir Macron défendre en 2014 la vente de l’aéroport de Toulouse à un investisseur chinois. Son argumentaire – il faut accepter ce rachat car sinon la Chine pourrait ne plus acheter d’Airbus – est malhonnête : beaucoup, et j’en faisais partie, souhaitaient simplement que l’aéroport reste public. En outre, la Chine est bien plus protectionniste que nous, et ce n’est pas le refus par la France de vendre un de ces aéroports à une de ses entreprises qui aurait pu la pousser à préférer Boeing à Airbus… Fin 2016, alors candidat, il défendait les dividendes exceptionnels que se versaient les chinois en incriminant le manque d’investissement passé  !
 
Ses arguments sont totalement aberrants. Pourquoi avoir vendu une bouchée de pain une entreprise qui avait de fortes réserves financières au nom de la réduction de la dette de la France ? Les 300 millions étaient totalement négligeables pour une dette près de 7000 fois plus importante. En outre, après que les chinois aient touché 30 millions de dividendes et revendu l’aéroport 500 millions à Eiffage, on constate a posteriori que le prix de vente de 2014 était bien trop faible, d’autant plus que les réserves de l’entreprise ont été largement vidées. Le vendeur de 2014 a très mal défendu les intérêts de la France et a tout de même permis à des étrangers de faire une bonne affaire sur notre dos ! L’économiste David Cayla a raison de souligner qu’il s’agit d’un véritable scandale sur France Culture.
 
L’ensemble de ce dossier est particulièrement révoltant, d’autant plus que le Conseil d’Etat a cassé la décision de la Cour administrative d’appel de Paris, qui avait annulé la privatisation, au motif que le consortium de reprise avait changé de composition, perdant un opérateur d’aéroport pour ne plus laisser que des financiers qui se sont comportés comme des vautours, contrairement aux dires de Macron en 2014. Des années après, les opposants à la vente avaient raison et le bilan est absolument désastreux pour l’intérêt général, le consortium chinois étant le seul gagnant. A posteriori, on voit bien que ces aéroports se transforment en rente juteuse pour leurs propriétaires.
 
Il n’y a bien aucun sens, du point de vue de l’intérêt général, à vendre de telles infrastructures, qui devraient rester dans le giron public, surtout à une période où l’Etat gagne de l’argent pour emprunter. Voilà pourquoi, plus que jamais, il faut faire barrage à la privatisation d’ADP, qui représente en outre un enjeu stratégique majeur pour notre pays. Nous avons été plus d’un million à signer la pétition ou un Référendum d’Initiative Populaire, malgré le coupable manque de publicité fait à cette démarche de la part des médias. Il faut continuer à se mobiliser et à en parler pour tenter de bloquer une telle vente qui serait une réplique de l’expérience calamiteuse de la vente de l’aéroport de Toulouse.
 
 
La dernière année nous impose de poursuivre l’action : la majorité a reculé sur certains sujets du fait de la mobilisation des Gilets Jaunes, puis sur certains régimes spéciaux de retraite, du fait de la pression des personnes concernées. Nous devons donc continuer sans relâche la mobilisation pour le mettre à nouveau en échec sur le sujet fondamentale de la privatisation d’ADP.

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