Christine Boutin, la liberté amère

par La Politique et moi
vendredi 24 juillet 2009

Vexée par son éviction du gouvernement lors du dernier remaniement, Christine Boutin multiplie les gesticulations médiatiques. Dernière en date, le renoncement théâtral au siège de députée qui lui revenait.

Car Christine Boutin est une femme qui a souffert. Le 23 juin dernier, elle a été victime d’une éviction "inhumaine", ainsi qu’elle la nomme. Imaginez-donc : la veille, François Fillon lui aurait laissé croire que la reconduction de son action au sein du gouvernement était une chose acquise - "il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" disait-on dès le lendemain à Matignon - pour ensuite la laisser tomber, elle, Christine Boutin, du haut du piédestal où elle posait depuis des mois ! Car si Christine est modeste, cela ne se voit pas, si l’on en juge par les propos fielleux qu’elle déversa aussitôt sur son successeur :

"Je n’ai rien contre Benoist Apparu, mais le logement mérite mieux que d’être la 25e roue du carrosse."

Autant d’humilité et de solidarité dans la bouche de la présidente du tout nouveau Parti Chrétien-Démocrate, voilà ce qui s’appelle transformer ses idées en actes. Pour un parti dont l’un des piliers doctrinaux se trouve professer le pardon des offenses, c’est un début en fanfare.

Mais ne jetons pas la première pierre à Christine : c’est qu’elle a beaucoup pâti de ce "jetage". Pensez-donc, trois jours avant, voici ce qu’elle écrivait sur le site de son parti tout neuf à l’adresse de Xavier Bertrand :

"Je m’adresse ici à mon ami Xavier, notre Secrétaire Général, pour lui dire la confiance que j’ai dans son action de mobilisation, la joie que j’ai à participer au gouvernement de la France et l’espérance que m’apportent les chantiers mis en œuvre par notre Président Nicolas Sarkozy."

Confiance, joie, espérance : voici la devise de Christine jusqu’au 23 juin au soir. Et puis adieu veau, vache, cochon, couvée... La confiance est tarie, la joie glisse vers l’amertume, quant à l’espérance, elle en devient celle de fouler aux pieds ses amis inconscients de sa valeur véritable. Alors dans la foulée, elle refuse le poste d’ambassadrice au Vatican, et dans une tirade toute delonienne, s’en explique fièrement : "Christine Boutin n’est pas une femme qui ferme sa bouche or le poste d’ambassadeur fait qu’on ne peut pas trop parler." Oui, elle mérite mieux, elle qui revendique "17% de l’électorat de Nicolas Sarkozy". La martyre du 23 juin voit dans ce signe évident du destin un appel auquel elle ne peut que répondre : "J’ai décidé de prendre le chemin de la liberté absolue pour continuer mon action politique".

Liberté absolue : voilà qui semble mesuré comme programme, à l’image de toutes les réactions de Christine Boutin depuis son entorse impromptue d’amour-propre. Alors Christine fait table rase du passé, elle brûle ce qu’elle a adoré, et dans un geste désuet qui se voudrait empreint de panache, sans un regard en arrière, elle quitte une Assemblée Nationale éplorée indifférente :

"J’ai passé vingt et un ans à l’Assemblée. Le temps est venu pour moi d’avoir un autre horizon que celui, étriqué, du Palais-Bourbon."

L’autre horizon, c’est dans l’immédiat celui de l’écriture. "Ecrire, c’est une façon de parler sans être interrompu", disait Jules Renard, et Christine en a bien besoin par les temps qui courent. Elle prépare donc un ouvrage sous forme d’entretiens avec Thibaud Collin, philosophe coauteur du livre de Nicolas Sarkozy La République, les religions et l’espérance. Le chef d’oeuvre devrait paraître cet automne. Elle y racontera sa vie de ministre et livrera quelques confidences pleines d’amour à propos de ses ex collègues du gouvernement - qui brusquement ne sont plus ses "prochains". Que voulez-vous, la "liberté absolue", cela suppose aussi de savoir s’affranchir de ses convictions affichées. 

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