Citoyen, t’impliquer tu devras ? Oui mais...

par Celleus
jeudi 7 septembre 2006


N’en déplaise à Michel Rocard (qui préconisait une élection du président par les députés), le suffrage universel reste la meilleure expression de la démocratie pour l’élection du président de la République, pour des raisons évidentes de responsabilité des citoyens sur leur devenir et de proximité du peuple avec la politique. Cette prise de position, de celui qui représenta en son temps dans le camp socialiste la défiance et la rupture, un peu comme un Sarkozy aujourd’hui, met en lumière un constat dangereux et inquiétant à la fois : la classe politique ne fait ouvertement plus confiance au peuple. Dans tous les états majors politiques et diverses auto-célébrations, il n’est plus question aujourd’hui de mettre la nation au centre des préoccupations. Dans un discours qui ne s’embarrasse même plus de métaphores, on parle seulement de faire gagner son camp et de ne pas se diviser ; pour le programme, on verra plus tard, plus de discours fédérateurs ni d’ambitions élargies.

Dans cet univers, les politiques ont pris un parti simple et efficace : on ne cherche plus à convaincre, puisque de toute façon on n’y arrivera pas, le maître mot est aujourd’hui la séduction de l’électorat. La séduction de l’électorat est la ligne directrice. Dans un savant mélange de psychologie des masses et de stratégies politiciennes, les principaux courants du pays servent donc cette idéologie néfaste et contreproductrice, plutôt flatter que proposer, plutôt promettre qu’expliquer, et surtout plutôt éluder que débattre, au risque de passer pour un technocrate (quelqu’un comme Jean-François Copé excelle dans le parler vague, Lionel Jospin est toujours dans l’explication de texte).

L’effet est désastreux, et a conduit depuis des années à un désintérêt pur et simple, le manque de lisibilité et le manque de propositions se chargeant du reste. La France et ses politiques forment un couple aujourd’hui en crise aiguë  ; à charge à chacun de se redonner confiance mutuellement, les uns en expliquant ce qu’il veulent faire pour la France, et les autres en se rendant massivement au urnes. La lecture des urnes, avec une abstention réduite quel que soit le résultat, aura le mérite d’être claire pour tous, et évitera à ce couple condamné à vivre ensemble, de se faire des enfants dans le dos (réponse à la politique nationale sur le référendum européen, adoption du CNE et autres tentatives de CPE...).


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