Cohn-Bendit, royal !
par la-revue.net
lundi 22 mars 2010
Les élections régionales terminées, l’heure des bilans peut commencer. L’UMP va s’efforcer de faire oublier la défaite avec un mini-remaniement qui devrait promouvoir les perdants, le Parti socialiste et ses alliés vont rapidement constituer les commissions pour mettre en route leur ambitieux programme pour les régions. Même si leur score aux régionales n’a pas été tout à fait aussi bon que celui des européennes, Europe Ecologie doit aujourd’hui décider des suites à donner à son mouvement.
Comme pour marquer la fin de sa mue, de Dany le Rouge en Dany le Vert, Daniel Cohn-Bendit a décidé de publier aujourd’hui dans les colonnes de Libération une tribune intitulée « Inventons ensemble une coopérative politique ». 42 ans jour pour jour après avoir lancé le mouvement-du 22 mars - qui aura mené aux événements de mai 1968 - le leader d’Europe Ecologie lance un appel à la constitution de « collectifs Europe-Ecologie-22 mars ». Ce choix symbolique de la date peut se voir comme une réponse à l’exaltation par Nicolas Sarkozy du terme Grenelle (voir l’article dans Mars sur l’ouvrage de Denis Barbet). Si le président ne retient de mai 68 que les accords, Daniel Cohn-Bendit, pourtant auteur de Forget 68 !, en magnifie les inspirations révolutionnaires. Car c’est bien à une révolution politique qu’en appelle Daniel Cohn-Bendit, ce lundi dans Libération.
« Abstention, populismes, clientélisme... Cette élection le prouve encore : depuis des décennies, le fossé n’a cessé de se creuser entre la société et le politique. Le divorce démocratique est profond entre des logiques partidaires complètement déracinées qui fonctionnent en hors sol et une société active, diverse, créative mais sans illusion sur la nature et les formes du pouvoir qui s’exerce sur elle. » Tout au long de son appel du « 22 mars », Daniel Cohn-Bendit s’en prend aux partis traditionnels. A l’heure où Europe Ecologie doit trouver la forme que prendra l’organisation de son mouvement, son leader ne veut pas abandonner cette dynamique aux « appareils de partis » puisque « la forme partidaire classique est désormais inadaptée aux exigences nouvelles de nos sociétés ».
Mais alors que doit devenir Europe-Ecologie ? « Entre simple marque électorale et réseau purement virtuel, Europe Ecologie est resté une projection, où chacun pouvait voir midi à sa porte. » Daniel Cohn-Bendit n’aspire en rien à inventer seul ce parti, il imagine seulement « une organisation pollinisatrice, qui butine les idées, les transporte et féconde avec d’autres parties du corps social ». Toute la réussite d’Europe Ecologie, ce qui a vraisemblablement expliqué ses succès électoraux, a été sa capacité à mobiliser des personnalités de la société civile (Eva Joly et José Bové aux européennes, Augustin Legrand aux régionales). L’idée serait de continuer cette ouverture du politique sur la société civile. Dans le cadre de la création des « collectifs Europe-Ecologie-22 mars », les membres de la société civile, les associatifs, les syndicalistes et même les membres d’autres partis politiques sont invités à s’investir dans ces « agoras de l’écologie politique » qui doivent fixer les contours, la structure et la stratégie du mouvement Europe-Ecologie.
Le but est donc de donner une forme pérenne à ce mouvement tout en le préservant des logiques partisanes : devenir un « véritable sujet politique écologiste autonome, transcendant les vieilles cultures politiques. » Car l’important pour Daniel Cohn-Bendit n’est pas « d’où nous venons, mais où nous allons aller, ensemble ».
Dans les mots choisis par Daniel Cohn-Bendit, on note, certes, une volonté de ne pas faire de politique à l’ancienne, mais les formules proposées ne sont pas nouvelles. La participation de la société civile à l’élaboration de la politique est apparue sous ces termes dans les années 80, notamment au moment de la dislocation du bloc soviétique. Elle a été transposée en France à plusieurs reprises et sous plusieurs formes notamment dans l’avènement de la démocratie participative.
Ce qui est intéressant ici, c’est surtout que sur la forme comme sur le fond cet appel semble profondément calqué sur les aspirations de Ségolène Royal, présentées en 2004 dans sa région, et généralisées lors des élections présidentielles précédentes. De là à imaginer que leur accord sur la manière de ré-insuffler de la démocratie dans la politique nationale puisse amener à une union Cohn-Bendit Royal en 2012...
« Abstention, populismes, clientélisme... Cette élection le prouve encore : depuis des décennies, le fossé n’a cessé de se creuser entre la société et le politique. Le divorce démocratique est profond entre des logiques partidaires complètement déracinées qui fonctionnent en hors sol et une société active, diverse, créative mais sans illusion sur la nature et les formes du pouvoir qui s’exerce sur elle. » Tout au long de son appel du « 22 mars », Daniel Cohn-Bendit s’en prend aux partis traditionnels. A l’heure où Europe Ecologie doit trouver la forme que prendra l’organisation de son mouvement, son leader ne veut pas abandonner cette dynamique aux « appareils de partis » puisque « la forme partidaire classique est désormais inadaptée aux exigences nouvelles de nos sociétés ».
Mais alors que doit devenir Europe-Ecologie ? « Entre simple marque électorale et réseau purement virtuel, Europe Ecologie est resté une projection, où chacun pouvait voir midi à sa porte. » Daniel Cohn-Bendit n’aspire en rien à inventer seul ce parti, il imagine seulement « une organisation pollinisatrice, qui butine les idées, les transporte et féconde avec d’autres parties du corps social ». Toute la réussite d’Europe Ecologie, ce qui a vraisemblablement expliqué ses succès électoraux, a été sa capacité à mobiliser des personnalités de la société civile (Eva Joly et José Bové aux européennes, Augustin Legrand aux régionales). L’idée serait de continuer cette ouverture du politique sur la société civile. Dans le cadre de la création des « collectifs Europe-Ecologie-22 mars », les membres de la société civile, les associatifs, les syndicalistes et même les membres d’autres partis politiques sont invités à s’investir dans ces « agoras de l’écologie politique » qui doivent fixer les contours, la structure et la stratégie du mouvement Europe-Ecologie.
Le but est donc de donner une forme pérenne à ce mouvement tout en le préservant des logiques partisanes : devenir un « véritable sujet politique écologiste autonome, transcendant les vieilles cultures politiques. » Car l’important pour Daniel Cohn-Bendit n’est pas « d’où nous venons, mais où nous allons aller, ensemble ».
Dans les mots choisis par Daniel Cohn-Bendit, on note, certes, une volonté de ne pas faire de politique à l’ancienne, mais les formules proposées ne sont pas nouvelles. La participation de la société civile à l’élaboration de la politique est apparue sous ces termes dans les années 80, notamment au moment de la dislocation du bloc soviétique. Elle a été transposée en France à plusieurs reprises et sous plusieurs formes notamment dans l’avènement de la démocratie participative.
Ce qui est intéressant ici, c’est surtout que sur la forme comme sur le fond cet appel semble profondément calqué sur les aspirations de Ségolène Royal, présentées en 2004 dans sa région, et généralisées lors des élections présidentielles précédentes. De là à imaginer que leur accord sur la manière de ré-insuffler de la démocratie dans la politique nationale puisse amener à une union Cohn-Bendit Royal en 2012...