Comment dépolitiser le peuple par la politique ?
par Franck D.
samedi 20 mars 2010
Ça se coupe, ça crie, ça hurle, ça se chamaille, ça se répète, ça se répète, ça se répète... mais au fond que nous a apporté la soirée télévisée des élections régionales ? Je dirai même, que peut nous apporter une soirée politique comme savent (ne pas) le faire TF1 ou France 2 après une élection (et même en temps normal - pour le peu qu’ils en mettent) ? À cela je répondrai : pas grand chose.
Au fond de la forme. Prenons le cas de France 2 – eh oui, pour regarder une émission politique autant en regarder une qui ne soit pas présentée par les deux playgirls de TF1, j’ai nommé Claire Chazal et son homologue des cheveux Laurence Ferrari. Ce soir là, avec le gratin qu’il y a – à ma droite Rachida et à ma gauche « la tronche pas catholique » et autres Cohn Bendit pour ne citer que les « plus connus » – on peut penser qu’on va avoir un vrai débat. Or, pendant une heure trente (et pas une de plus) on apprend uniquement trois choses (et pas une de plus) : que le FN a reconquis un grand nombre d’électeurs, à cause d’un « malaise » chez les Français ; que le taux d’abstention est trop élevé, toujours à cause de ce « malaise » et que si abstention il y a, c’est parce que les Français ne se sentent pas concerné par cette élection, ils ne savent pas à quoi elle sert. Et, au lieu de profiter de cette soirée pour justement expliquer les grands enjeux de ces régionales (transport, éducation...) on ne fait que rabâcher ces trois problèmes.
La droite accuse la gauche de ne pas chercher de solution, de se moquer de l’abstention et de ne voir que ses bons résultats. La gauche répond que la droite avait fait pareil aux européennes alors que l’abstention était plus élevée. La droite accuse la gauche que leur association du second tour n’est que pur hypocrisie. La gauche répond... Et le fond dans tous cela ? Rien.
À un moment pourtant, il y a une tentative de la part de Me. Dati. Elle tente de débattre sur un thème précis de cette campagne : lorsqu’elle pose une question très intéressante à M. Mamère, mais ce dernier n’a pas le temps de dire un mot que M. Pujadas, en bon présentateur télé qu’il est, c’est à dire ne recherchant qu’une chose, l’audimat, vient l’interrompre pour revenir à la forme de cette campagne. Autrement dit à ce qui ne sert à rien d’être su, mais qu’on nous apprend quand même. En l’occurrence, il s’agit à ce moment de savoir ce que M. Sarkozy peut penser de tout cela et s’il va s’exprimer. Intéressant.
N’y a t’il donc rien à retenir ? Bien sûr que si, heureusement que de grands oracles sont prononcés par de grands politiciens tel Laurent Fabius qui, je cite de mémoire, dit à un moment : « si les électeurs votent UMP au second tour, alors ils auront un petit (peu de) Sarkozy à côté de chez eux ; tandis que s’ils votent à gauche ils auront droit à une politique d’ouverture, une politique proche d’eux ». En résumé, il y aurait selon lui le petit méchant à droite et les gentils rose/vert/rouge à gauche. Un peu simpliste.
Dommage que le seul moment où la télévision met en prime time de la politique ne nous donne pas à voir de la vrai politique, mais un semblant de débat où les invités sont empilés les uns sur les autres, où ils ne doivent pas parler plus de trente secondes, où ils sont jugés en fonction de leur apparence et de leurs mimiques, au lieu de l’être en fonction de leurs idées. Bref, dommage qu’en refermant notre télévision ce soir là nous n’en savons pas plus qu’il y a trois mois, au fond.