Congrès PS : combat de postures dérisoires

par Laurent Herblay
lundi 8 juin 2015

Après le dérisoire congrès des Républicains, qui ont tout de l’UMP, sauf le nom, signe de la superficialité de notre époque politique, c’était le tour du PS de se réunir samedi et dimanche. Là encore, pas de véritables surprises, si ce n’est un combat de postures où les différends idéologiques sont dérisoires.

 
Des frondeurs en carton
 
Déjà, le vote des motions montrait que le PS n’était pas prêt à un véritable débat. Martine Aubry avait choisi de rejoindre la motion du premier secrétaire, Montebourg et Hamon étaient aux abonnés absents, laissant un Christian Paul guère incisif porter une voix alternative. La ligne eurolibérale a reçu 70% des voix, si l’on compte les près de 10% de la motion de Karine Berger. Le débat, ce n’était pas pour maintenant. On en vient à questionner la sincérité de ces frondeurs, dont la rébellion dérisoire se calme toujours à l’approche des échéances électorales, préférant la cohésion pourvoyeuse de places plutôt que le débat sur une ligne politique qui n’a pourtant rien à voir avec ce qu’ils disent défendre.
 
Bien sûr, Montebourg et Matthieu Pigasse ont fait l’événement : « Hébétés, nous marchons droit vers le désastre. C’est la démocratie qui est cette fois menacée (…) L’absurde conformisme bruxellois est devnu une gigantesque fabrique à suffrages du FN (…) Au fil des alternances, les Français votent en conscience pour la rupture ou le changement mais s’aperçoivent que la politique économique – donc européenne – qui s’ensuit est toujours la même ». Ils plaident pour une baisse des impôts sur les ménages en Europe. Mais quelle est la crédibilité d’un actionnaire du Monde, le défenseur le plus acharné des politiques européennes, ou du ministre de l’économie au pouvoir jusqu’en août 2014 ?
 
Un grand cirque politique
 
Comment croire que la remise en cause de la politique actuelle ou la dénonciation de « cette gauche de gouvernement qui semble avoir abandonné la France » peuvent venir d’un actionnaire du journal le plus euro-conformiste ou de celui qui est resté ministre pendant près de deux ans et demi ? Montebourg, c’est l’homme qui a défendu le fabriqué en France en anglais, et laisser démanteler Alstom, l’homme qui a conçu les fondations de la loi Macron après avoir repris Sapir lors des primaires. Et aujourd’hui, il propose des baisses d’impôts pour relancer l’économie… Difficile de ne pas y voir la énième agitation médiatique d’un homme prêt à tout pour se réaliser plutôt que réaliser quoique ce soit.
 
Mais en matière de posture, Jean- Christophe Cambadélis a fait fort dimanche, affirmant : « je me dis que si jamais le PS venait à disparaître, la République perdrait sa meilleure défense. Je crois que sans ce parti, la France perdrait plus qu’un parti, elle perdrait en humanité et les Français perdraient espoir ». Faute de pouvoir défendre son bilan, le Premier Secrétaire du PS en est à tomber dans une sorte de chantage à la mort de la République si jamais les électeurs abandonnaient son parti. En revanche, il n’a pas eu tort dans sa réponse à l’ancien ministre : « Arnaud n’a pas eu le courage de se présenter devant les militants  » et a dénoncé « les propositions extrêmement faibles  » de l’ex-ministre.
 
Le Parti Socialiste, après l’UMP, démontre à quel point nos deux grands partis ne sont plus réduits qu’à des postures communicantes le plus souvent égocentriques. Il ne semble plus y avoir la moindre place pour une quelconque réflexion de fond sur les problèmes de notre pays.

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