Contestation étudiante

par Flora Tristan
mardi 27 novembre 2007

La coordination nationale réunie ce week-end à l’université de Lille 1 (sciences et technologies) a voté le renforcement du mouvement de contestation à la loi LRU. Un appel qui n’est pas resté vain, les universités de Lille 1 et Lille 3 ayant reconduit la grève aujourd’hui.

La coordination nationale étudiante, qui a rassemblé au total 222 étudiants mandatés par quelques 60 sites universitaires perturbés, et qui s’est réunie en AG ce week-end à l’université des sciences et technologies de Lille 1, s’annonçait houleuse. Elle le fut en effet, après la discorde qui a opposé les syndiqués de l’Unef aux autres étudiants mandatés par leurs universités, rattachés ou non à un syndicat étudiant. "Il existe deux mouvements au sein même de l’Unef, affirme un des porte-parole mandaté par l’université organisatrice, à savoir l’Unef majo, celle qui est favorable à une négociation avec le gouvernement, et l’Unef mino, plus radicale et qui réclame donc l’abrogation de le loi LRU. Or, avant même le début de la coordination, l’Unef majo avait déjà préparé une dépêche annonçant qu’elle souhaitait se retirer du mouvement pour entamer des négociations avec la haute sphère politique". De son côté l’Unef se défend de toute tentative de calcul et continue d’affirmer que la meilleure marche à suivre est d’ouvrir les pourparlers.

Néanmoins, ces tensions ne semblent pas avoir fait basculer la tendance, puisque Lille 1 a à nouveau voté cet après-midi le blocage de l’université. Depuis le départ, priorité est donnée aux bâtiments principaux "ceux que l’on considère comme les plus importants, du point de vue de leur taille, mais surtout par rapport aux cours qui y sont dispensés", affirme l’un des acteurs principaux du mouvement. Si le blocage avait été partiellement levé la semaine passée après décision d’un vote en AG, il semble que la tendance ait ici été inversée, une large majorité ayant décidé de la reconduite du mouvement (1 665 voix pour dont 1 071 se prononçant pour un blocage total). Affaire à suivre.

A Lille 3, où s’exerce depuis maintenant trois semaines un blocage filtrant (Capes et Master Professionnel voient leurs cours assurés normalement), la grève a été reconduite de justesse après consultation des étudiants par vote à bulletin secret. Deux questions leur ont été posées, la première sur l’abrogation de la loi LRU, la seconde sur la poursuite ou non du blocage de l’université. Au total, 3 113 étudiants se sont prononcés, 1 596 pour, 1 517 contre la continuation du mouvement. Ce vote, organisé par l’administration, s’est déroulé dans le plus grand calme. On ne peut toutefois nier l’insatisfaction qui règne au sein des anti-bloqueurs, mais ces derniers ne peuvent ici contester la légitimité d’un tel résultat. "Le vote administratif ne va pas dans le sens de nos revendications. Théoriquement, il n’a même aucun pouvoir, seul le vote en assemblée générale est légitime, affirme l’un des porte-parole du mouvement. Mais pour éviter tout débordement, trop souvent médiatisé dans les médias et qui contribue à discréditer le mouvement, il nous a fallu nous ranger à cette forme de consultation. Et quand on voit le résultat, on ne peut véritablement pas en être insatisfait, ni crier à l’acte anti-démocratique". Tout s’est donc déroulé tranquillement, les anti-bloqueurs prenant ici leur mal en patience. De leur côté, les enseignants de la faculté affirment dans leur majorité, après réunion en AG, leur opposition à la loi, et soutiennent par là même la mobilisation étudiante qui s’opère dans les locaux. Les examens devraient en principe être aménagés en conséquence. Prochaine réunion des personnels mardi 27 pour décider des modalités.

Les étudiants de ces deux universités réclament, outre l’abrogation de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités, de meilleures conditions de vie les concernant, intrinsèques à la première requête. "Une majorité d’étudiants peine à s’en sortir. Ils sont de plus en plus nombreux à se présenter aux collectes alimentaires. Il serait temps que les politiques réalisent qu’un étudiant de 20 ans n’a pas forcément ses parents derrière lui pour réguler sa situation en fin de mois. Qui plus est, nombreux sont ceux dont les parents ont du mal à s’en sortir eux-mêmes". Un cri qui rejoint celui des contestataires de la baisse du pouvoir d’achat. A croire que le monde est petit. Ou qu’il va vraiment mal.


La coordination nationale a, quant à elle, voté pour la poursuite du mouvement, passant par le renforcement des assemblées d’informations et les manifs de rues en signe de protestations. Acte toujours hautement symbolique.


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