Copenhague : branle-bas de combat
par Fredon
mercredi 30 septembre 2009
A quelques semaines d’un sommet qui se veut historique, il y a beaucoup de fébrilité dans l’air. Et beaucoup d’incertitudes...
Copenhague approche : on fait sonner les portables pour rappeler aux politiques qu’il ne faut pas rater le sommet sinon on va toucher le fond.
On danse, on chante, on court, on marche…j’en passe, pour sauver le climat.
On s’engueule aussi comme Allègre, avec ses gros sabots, qui cherche Hulot trop heureux de dégraisser le mammouth. Mais ça n’élève pas le débat. Pas plus que DCB invitant Borloo, Hirsch et De Sarnez à dépasser leurs chapelles pour gagner la bataille écologique à coups de contribution climat-énergie dont seront exonérés les très riches et principaux pollueurs qui pourront s’acheter des droits à polluer.
On réunit les 42 Etats insulaires qui vont bientôt disparaître sous la montée des eaux.
Mais on n’avait pas prévu l’ampleur du typhon qui vient de sévir aux Philippines. Les météorologues nous disent qu’un autre se prépare. Il aurait été préférable de prendre quelques dispositions avant le premier. Résultat : des centaines de morts, des centaines de milliers de sans abris, privés de tout !
« C’est le réchauffement climatique à l’œuvre » dit-on à Bangkok où un énième sommet de l’ONU se tient pour sensibiliser l’Asie. Comme si les régions tropicales étaient soudainement frappées par ces cataclysmes extrêmes ? C’est dire si les prévisions à un siècle sont à relativiser.
A Paris, un tout récent rapport du groupement interministériel nous promet bien du plaisir si on ne contient pas le climat. Il s’agit d’un rapport d’évaluation du coût des impacts du changement climatique pour la France. http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Resume_pour_decideurs.pdf
Nous vous le laissons découvrir. On aura été prévenus. Les auteurs ont écarté le scénario du pire. Mais si j’habitais le littoral languedocien, je n’attendrais pas 2100 pour m’installer sur le Larzac !
A New-York, il y a quelques jours, le sommet sur le climat a donné lieu à des mouvements de manches et de menton très médiatisés mais la plupart des observateurs ont convenu que peu de décisions concrètes y avaient été annoncées.
Quand on parle d’argent, dans cette période de crise nullement terminée, encore moins résolue, les regards se font fuyants, les engagements évasifs. D’autant que le principal pollueur a le plus grand mal à prendre des engagements précis dans ce domaine, tout comme dans celui d’un minimum de sécurité sociale pour les dizaines de millions de personnes sans couverture sociale parce que souvent sans travail et sans abri.
Pourtant Obama avait trouvé 700 milliards en peu de temps pour sauver les banques en faillite et racheter leurs actifs pourris. Il est vrai que les E-U sont le pays le plus endetté de la planète. La France n’est pas mal non plus. Mais ça ne les empêche pas de se poser en modèles du système économique et politique et en leaders du monde !
Ils l’ont pas mal dominé, pillé et même souillé. Aujourd’hui, il leur faut changer de fusil d’épaule puisque leur modèle a épuisé les sources d’énergie qui ont permis une croissance et une domination dont ont bénéficié les pays riches d’aujourd’hui. Et qui veulent le rester. Mais qui est riche et à quel prix ?
Si Copenhague pouvait servir à jeter les bases d’un autre mode de développement, économe, durable, solidaire, respectueux de la nature, rompant avec un productivisme historiquement coupable des inégalités, de l’extrême pauvreté comme des pollutions, de l’exploitation à outrance des richesses naturelles, au profit d’une infime minorité de prédateurs, alors on aurait quelque raison d’être optimiste.
Mais ce n’est pas cette problématique qui est à l’ordre du jour. On ne change pas de paradigme. C’est « tous unis contre le climat » puisque c’est nous tous qui sommes responsables des incidences de notre mode vie sur le climat, disent-ils.
Le tour est joué : les enjeux de classe ? Au musée de l’histoire ! Partager les richesses, les pouvoirs, les savoirs, vous n’y êtes pas. On va moraliser le capitalisme, le peindre en vert, réguler la finance, y mettre un peu d’éthique, remonter le moral du climat...des affaires et faire baisser la température de la planète.
On a tout de même quelques doutes sur les qualités de prévisionnistes de ceux qui n’ont pas vu venir la crise et qui nous assurent que nous tiendrions les clés des changements climatiques ?
Il est évident, en revanche, que le niveau atteint par les pollutions –gaz à effet de serre compris– découlant du mode de production imposé par les puissances dominantes, ainsi que l’épuisement des ressources d’énergies fossiles, qui en est une des conséquences, tout cela appelle une révolution écologique, économique et sociale d’urgence et de grande ampleur.
René Fredon