Coronavirus : Macron fâché avec les chiffres et la réalité
par Laurent Herblay
samedi 28 mars 2020
Ce n’est pas tout d’être incapables d’équiper correctement ceux qui sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie, que ce soit en masques, tests, respirateurs ou même lits d’hospitalisation. Cette semaine, nous avons appris que les chiffres du nombre de contaminés, ce qui était attendu, mais aussi celui des morts, sont très largement sous-estimés. Un nouveau point au passif de la gestion de cette crise.
Notre service public au bord du gouffre
Bien sûr, nous sommes probablement toujours en meilleure posture que les Italiens ou les Espagnols, qui souffrent plus durement encore de toutes les coupes rendues nécessaires par les mauvais choix politiques comme économiques de leurs dirigeants. Mais notre système de santé, qui était encore vu comme un des meilleurs du monde par le « prix Nobel d’économie » Paul Krugman en 2008, qui en faisait alors un exemple à suivre pour son pays, est décidément au bord du gouffre. Il ne tient plus que par l’engagement de ceux qui y travaillent et qui sont justement applaudis tous les soirs à vingt heures. Car l’état de délabrement apparaît sous la lumière très crue de la pandémie de coronavirus.
Premier coup de semonce mardi : l’annonce que le nombre de morts du coronavirus est sous-estimé puisqu’il ne prend en compte que les morts hospitalières, et pas les morts dans les EHPAD ou à domicile. La précision n’est pas négligeable sachant que les reportages morbides sur des EHPAD touchés par l’épidémie se multiplient, avec un bilan de plus en plus lourd. Il faut dire que sans matériel de protection et sans tests, on ne sait pas qui est malade et contagieux et il est difficile de se protéger… Nous devrions donc avoir dans quelques jours un nouveau bilan, réévalué à la hausse, qui nous permettra de savoir si, en réalité, nous ne sommes pas déjà dans une situation proche de l’Espagne.
Rebelote sur le nombre de personnes contaminées. Là, ce n’est pas une surprise, puisque notre pays n’ayant pas réussi à se fournir suffisamment de tests, le gouvernement a choisi de les limiter aux cas les plus graves, à moins d’être connu semble-t-il. Il était donc bien évident que les chiffres communiqués sous-estimaient de beaucoup l’ampleur de l’épidémie, mais il était difficile d’estimer l’ampleur de l’écart. Jeudi, les médecins généralistes ont révélé avoir identifié plus de 40 000 cas de personnes contaminées sur la seule semaine du 16 au 22 mars. Cela laisse penser qu’il y a probablement plutôt deux cent mille touchés, chiffre cohérent avec le taux de mortalité réel, estimé à 0,5 / 1%.
Même si notre pays n’est pas le seul dans ce cas, l’addition des dysfonctionnements donne de plus en plus le vertige. Fin mars, nous ne sommes toujours pas capables de donner les chiffres de l’épidémie ! Une nouvelle illustration des conséquences fâcheuses du manque de tests, que des pays comme la Corée du Sud ou l’Allemagne, qui avaient probablement mieux anticipés, ont réussi à éviter. Et avec le manque de masques et de gels, dont une partie a été utilisée pour les élections, cela souligne une nouvelle fois notre état d’impréparation criant face à cette épidémie. Nos personnels soignants sont décidément envoyés au front sans le matériel nécessaire pour mener ce combat.
Malheureusement, il faut bien reconnaître que la France de Macron, prolongement de celle de Hollande et Sarkozy, est incapable de protéger ses citoyens d’une épidémie virale. Incapable de fournir les instruments pour la combattre, elle navigue à vue, sans les informations de base pour savoir quoi faire précidément. Il était décidément fou, pour ne pas dire plus, de maintenir le premier tour.