J’annonce tout de suite la couleur pour ceux ou celles qui ne comprendraient pas totalement mes propos : je ne suis pas et je n’ai jamais été strauss-kahnien, de près ou de loin. A deux reprises dernièrement, j’avais écrit deux articles sur Dominique Strauss-Kahn et j’avais reçu de vives critiques de la part des antis DSK qui croyaient certainement que je partageais ses idées et sa politique. Tous mes sujets sont des commentaires d’opinion dont j’assume le fond et la forme, et je porte des jugements non pas en fonction des hommes ou de leurs idéologies, mais seulement sur leurs projets et leurs sensibilités face à la démocratie et à la république.
Aujourd’hui, je m’insurge sur les commentaires que je lis ou que j’entends autour de moi. Il va sans dire que Monsieur Strauss-Kahn doit bénéficier de la présomption d’innocence pendant toute la période de l’enquête avant que cette dernière soit bouclée. Les faits sont là tels que décrits par la police américaine, mais pour l’instant personne ne peut apporter de renseignements précis sur la personnalité de la femme de chambre du Sofitel, laquelle paraît un « peu trop angélique » selon la description qui en est faite.
En attendant que le dossier soit terminé avec les conclusions de toutes les investigations, il reste à l’heure actuelle deux scénarios possibles :
1ère hypothèse - DSK coupable : Bien évidemment, cette situation est envisageable, même si elle semble quelque peu irréaliste. Monsieur Strauss-Kahn est considéré publiquement comme "un homme à femmes", ayant eu de nombreuses aventures. Ainsi, "très porté sur le sexe" selon l’adage populaire, il a pu profiter de son autorité et de son pouvoir pour harceler une jeune femme bon consentante.
Bien qu’il soit difficile d’admettre les faits de la part d’un homme intelligent à stature internationale qui aurait eu ainsi la stupidité d’anéantir sa vie et sa carrière politique pour un vulgaire délit sexuel, il va falloir peut-être se rendre à l’évidence dans les prochains jours et les semaines qui arrivent.
2ème hypothèse - DSK victime : C’est à priori ce qui semble le plus probable, même si la version précédente est reste totalement recevable.
Dominique Strauss-Kahn aime les femmes, et tout le monde le sait. Selon le dicton bien connu, « on ne prête qu’aux riches », et cet homme sulfureux est bien placé pour lui mettre sur le dos l’un des plus vils crimes liés à la sexualité. Dans ces conditions, quiconque ne sera pas étonné de découvrir un DSK plus pervers que jamais, ne se contentant pas uniquement d’aventures consenties, mais violant de faibles femmes au coin d’une rue ou dans une chambre d’hôtel.
La masse populaire se délectant assez souvent d’un mauvais « people », Strauss-Kahn est démoli à jamais que ce soit sur le plan international ou que ce soit à l’échelon politique français.
Alors, considérons ici la trame du complot de A à Z.
Depuis quelques jours, il n’y avait plus aucun doute : Dominique Strauss-Kahn serait présent aux primaires du Parti Socialiste. Compte tenu des sondages qui le mettaient largement en tête devant François Hollande, Martine Aubry et les autres concurrents, l’homme devenait vraiment gênant, puisque, normalement choisi par le PS, il remporterait sans aucun doute les futures élections présidentielles, battant ainsi le président sortant Nicolas Sarkozy, et par ricochet l’ensemble des députés appartenant à l’UMP.
a.L’histoire de la Porsche : Tout a commencé avec la Porsche de laquelle est sorti DSK, mais qui du reste ne lui appartenait pas. Ont suivi rapidement les violents commentaires portant sur sa fortune, ses biens immobiliers et son train de vie.
Mais cela ne suffisait pas à ses adversaires … compte tenu que les sondages restaient toujours largement favorables à Dominique Strauss-Kahn.
Alors, il a fallu passer à la vitesse supérieure et lui donner définitivement le coup de grâce.
b. Le viol de New-York : Contrairement à ce qu’ont dit certains journalistes comme Nicolas Domenach qui estiment que si le « coup bas » venait de l’Elysée, il aurait été déclenché plus tard au moment de la candidature officielle de DSK à la présidence de la République, je pense de mon côté, que le moment actuel était bien propice, si effectivement il y a eu complot et manipulation.
Il fallait que le viol se produise alors que Dominique Strauss-Kahn était encore Directeur du Fond Monétaire International. Les faits se sont déroulés à New-York, dans une chambre d’hôtel qu’il occupait quelquefois dans le courant de l’année. La personne supposée agressée était une femme de chambre, d’origine africaine, modeste et sans reproche. Dans la logique, DSK allait bientôt annoncer sa démission du FMI, et c’était peut être la dernière fois qu’il séjournait au Sofitel de New-York.
L’arrestation spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn à l’aéroport par la police musclée américaine ne pouvait être qu’un coup d’éclat à l’échelon planétaire, compte de ses fonctions présentes certes, mais aussi de ses supposées futures responsabilités comme Chef de l’Etat français.
Aussitôt, toute la presse écrite et audiovisuelle s’emparant de cet énorme scandale c’est un véritable tsunami politique qui a secoué la Nation française et tous les autres Pays du Monde.
Il faut bien considérer que ces mêmes faits n’auraient pas eu le même retentissement et l’effet d’une bombe nucléaire, s’ils s’étaient produits seulement en France, dans un contexte où DSK candidat aux présidentielles, aurait quitté la direction du FMI depuis plusieurs mois.
Le complot contre DSK a donc parfaitement réussi.
Bien entendu, en France, ses opposants se réjouissent tout bas d’une telle situation : Assurément, certains socialistes qui découvrent tout à coup une « place vacante inattendue », mais surtout la majorité présidentielle qui renaît soudain dans ses aspirations pour conserver le pouvoir, alors que Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages.
Du côté de la rue de Solférino, il faut bien constater que le Parti socialiste est désemparé et les plus beaux projets s’effondrent à l’instant même où la gauche espérait faire bientôt un remake du 10 mai 1981.
Quant aux français dont l’espoir de changement était à portée de main, ils restent aujourd’hui consternés par une situation que personne ne peut maîtriser, laquelle met un terme réel et sérieux au redressement de la France.
Car, faut-il le reconnaître, au-delà des défauts dont on l’affuble, Dominique Strauss-Kahn est un homme compétent à tous niveaux, le seul sans doute à détenir une forte capacité pour réformer en profondeur le Pays. D’ailleurs, sans détour, les plus grandes personnalités politiques de la planète lui accordent une confiance sans limite pour la gestion du FMI et de la crise mondiale.
Malheureusement, quelles que soient les conclusions des enquêtes en cours, et sauf miracle improbable, la carrière de DSK s’est terminée à New-York le 14 mai 2011 à 12 heures.
Sans aucune arrière-pensée, et en toute objectivité, je dis tout simplement : Dommage pour l’Europe ! Et surtout, dommage pour la France !
Pierre-Alain Reynaud