Croissance, chômage : l’échec patent du hollando-macronisme
par Laurent Herblay
jeudi 3 mai 2018
Deux statistiques importantes ont été publiées la semaine dernière : celles du chômage et de la croissance. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, malgré des vents et des courants plutôt porteurs, la performance de la France est tout sauf satisfaisante, indiquant l’échec patent des politiques suivies depuis des décennies et plus particulièrement par l’ancien ministre de l’économie et actuel président.
L’échec de la politique dite de l’offre
Les chiffres ne sont pas brillants. Bien sûr, on parle d’une baisse de 33 300 du nombre de demandeurs d’emploi sur un trimestre, et de 48 700 sur un an, mais une baisse de 1,4% en un an, alors même que tout le monde dit que la conjoncture est au mieux depuis dix ans n’est-ce pas totalement dérisoire ? En réalité, cela montre que les politiques menées font que l’amélioration de la conjoncture n’a qu’un impact assez dérisoire sur le front de l’emploi. Et cela est d’autant plus vrai que la majorité précédente a trafiqué les statistiques de l’emploi, imposant une mise à jour trimestrielle, et non plus mensuelle, après quelques changements visant sans doute à flatter son action, ce que révèlent les détails.
En effet, derrière une statistique globale déjà peu glorieuse, si on prend le total de toutes les catégories, le nombre de demandeurs d’emplois ne baisse même pas sur un an, à 6,59 millions ! En effet, le nombre des catégories B et C a augmenté au dernier trimestre, les Echos évoquant « le signe d’une plus grande précarité professionnelle ». Encore pire, le nombre des inscrits de longue durée poursuit sa progression, de 6,5% sur un an, à 2,7 millions, soit 46% des demandeurs d’emploi. Bref, malgré (à cause des ?) les baisses massives de taxes pour les entreprises et la déconstruction du droit du travail, la situation sur le front de l’emploi ne s’améliore toujours pas. Un échec complet !
La situation n’est pas brillante sur le front de la croissance, malgré la relative bonne performance de 2017. Les chiffres du premier trimestre n’ont pas été billants, avec une hausse du PIB qui tombe à 0,3%. La consommation est atone, démontrant l’inégalité profonde des bénéfices que rapporte la meilleure marche du monde des affaires. Les exportations ont légèrement baissé, démontrant le caractère totalement illusoire des baisses de taxes. L’industrie manufacturière a connu un coup de grisou, en baisse de 1,1% : faut-il y voir le rôle du renchérissement de l’euro ? Le secteur productif a été sauvé par la contribution des services, mais aussi de la construction, qui bénéficie des taux très bas.
Bref, en synthèse, ce que la macronie présente comme une embellie, six longues années après l’arrivée au pouvoir de Hollande et de Macron, comme conseiller alors, c’est un chômage stable, à des plus hauts historiques, avec une poursuite de l’aggravation du nombre de chômeurs de longue durée, une croissance atone malgré des taux au plus bas et un recul de l’austérité. En clair, un mauvais bilan par beau temps, qui deviendra désastreux dès que la conjoncture se retournera. La course à la compétitivité engagée depuis six ans est tout simplement folle et il est triste de constater le recul de sa contestation alors même qu’elle ne produit aucun résultat positif et beaucoup de problèmes…
Il y a quelques années, Paul Krugman avait dénoncé « la faillite intellectuelle (de ce président qui défend) la faribole depuis longtemps discréditée qu’on appelle la loi de Say ». La faillite de Hollande, c’est celle de Macron, qui l’a tant inspiré économiquement. Il n’y a rien de bon à attendre de cette présidence qui défend des idées usées et dont les effets néfastes sont plus que connus.