Dans l’enfer du Bataclan, une élue PS songeait au #PADAMALGAM
par Vera Mikhaïlichenko
mercredi 30 décembre 2015
Le 29 décembre, Europe 1 diffuse le témoignage surréaliste d'une rescapée du Bataclan. Son propos comporte deux aspects. Le premier est un commentaire sur les récentes violences en Corse. Le second nous renseigne sur les pensées, pour le moins originales, de la rescapée durant le carnage du Bataclan le 13 novembre dernier.
Mal nommer...
« J’ai remarqué que le racisme est maintenant très décomplexé en France. Déjà depuis plusieurs années, mais encore plus depuis les attentats. (...) Ce qu'il se passe en Corse, de voir que des jeunes de cité ont mal agi et que la réaction du reste de la population soit d'attaquer une salle de prières, de déchirer et de brûler des exemplaires du Coran, je trouve ça complètement disproportionné ».
Passons rapidement sur l'imbroglio sémantique, qui confond (tant dans la bouche de la rescapée que sous la plume des journalistes) "xénophobie", "racisme" ou encore "islamophobie", comme l'illustre un autre article récent d'Europe 1 :
"Même si dimanche, les manifestants ont scandé "on n'est pas racistes", les slogans islamophobes résonnent pourtant à chaque rassemblement, comme l'a constaté la reporter d'Europe 1."
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", disait Albert Camus, et nos journalistes y participent allègrement. Continuer à associer "islamophobie", qui est une peur ou un rejet d'une religion monothéiste, l'islam, à du "racisme", soit à la haine d'une race (races qui, soit dit en passant, n'existent plus officiellement), c'est de la bêtise pure. Ensuite, parler de "xénophobie", à savoir de haine de l'étranger, pour désigner un rejet de populations "arabes" de nationalité française n'a une nouvelle fois aucun sens, puisqu'on ne parle pas ici d'étrangers, mais de nationaux (à moins que le journaliste qui écrit ces mots ne considère qu'un Français de type "arabe" est un étranger, un faux Français). Le terme adéquat serait ici "intolérance" (qui, en soi, est d'ailleurs un terme neutre, certaines intolérances - aux serpents venimeux, aux frelons, aux terroristes, etc. - étant tout à fait positives et même vitales).
Mal hiérarchiser...
Mais revenons aux propos de Marielle Timme, qui considère, de manière très euphémisée, que "des jeunes de cité ont mal agi" et que la réaction d'une partie de la population, consistant à attaquer une salle de prières, à déchirer et à brûler des exemplaires du Coran, a été "complètement disproportionnée". On pourrait épiloguer longtemps sur l'usage du terme "jeunes de cité", qui ne désigne manifestement pas des individus mineurs résidant dans la banlieue de quelque ville... mais des individus marqués par leur origine (africaine ou maghrébine). Un Auvergnat, un Corse ou un Chinois de 15 ans vivant à Neuilly, ou à Aubervilliers, ou encore à Sarcelles n'est généralement pas qualifié de "jeune de cité". Pourquoi une telle discrimination ? Bref, passons sur ce point de novlangue.
Ces faits sont gravissimes, ultraviolents, et auraient pu causer la mort d'un ou plusieurs pompiers. Ce ne sont pas de simples petites bêtises qui seraient le fait de gentils garnements. Mais Marielle Timme minimise. Et considère que mettre le feu à une salle de prière vide et à un livre (fût-il sacré pour certains), c'est beaucoup plus grave que de s'attaquer physiquement à des hommes. C'est "disproportionné" ! On croit rêver.
Pas un mot d'ailleurs sur le caractère illégal de cette salle de prière, si ce n'est sur AgoraVox et dans la bouche de Florian Philippot sur RMC, qui se fait au passage tancer par ses interlocuteurs pour ne pas accepter de dire que le saccage de la salle de prière est aussi grave que l'attaque contre les pompiers... Les deux actes sont graves, certes, mais perdre le sens des hiérarchies, c'est aussi rajouter au malheur du monde. Une insulte, c'est grave, mais c'est moins grave qu'un passage à tabac, qui lui-même est moins grave qu'un meurtre, qui lui-même est moins grave qu'un carnage, qui lui-même est moins grave qu'un génocide... Et s'en prendre à des objets, c'est moins grave que s'en prendre à des êtres humains. Désolée pour ces propos de bon sens, manifestement très politiquement incorrects.
Mal penser...
Venons-en au deuxième aspect de l'intervention de Marielle Timme, concernant le massacre du Bataclan :
« J’étais otage, et du fond de ma cachette, j’avais une pensée pour tous mes amis musulmans. Je me suis dit "ils vont encore s’en prendre plein la tête, les pauvres" ».
Vous imaginez la scène ? Une centaine de personnes est en train de se faire canarder par de furieux terroristes armés jusqu'aux dents, c'est un carnage, les uns et les autres se demandent si dans une seconde ou une minute, ils seront morts ou encore vivants, chacun essaie de fuir ou de se cacher pour sauver sa vie. Et au fond de sa cachette, une rescapée a la présence d'esprit de penser à ses amis musulmans qui vont s'en prendre plein la tête, selon elle, après les attentats... En plein drame, en plein cauchemar, ce à quoi pense Marielle Timme, c'est au #PADAMALGAM.
Soit ce témoignage est totalement farfelu, et doit être considéré comme une reconstruction a posteriori, soit c'est le fait d'un esprit totalement formaté et conditionné par la doxa politico-médiatique. La pensée correcte y surgit comme un réflexe, quelles que soient les circonstances, aussi tragiques soient-elles.
C'est là que la révélation de l'identité complète de la rescapée par Europe 1 aurait pu nous éclairer. Marielle Timme est en effet conseillère municipale déléguée à la communication à la Ville de Lens, colistière du maire PS Sylvain Robert (sources : Twitter, La Voix du Nord, L'Avenir de l'Artois). On peut en conclure que son témoignage, à la fois sur les événements en Corse et au Bataclan, dénote d'une vision très idéologisée de la réalité et s'inscrit probablement dans une stratégie politique contre le Front national et cherchant aussi à draguer une communauté (ou supposée telle) encore largement acquise au vote socialiste.
On rappellera pour terminer à Marielle Timme que le saccage du lieu de prière à Ajaccio n'est pas une conséquence des attentats de Paris, mais d'un acte d'ultraviolence, teinté d'intolérance ("sales Corses de merde !") à Ajaccio. Aucun amalgame n'a été pratiqué après le 13-Novembre. Une réaction vive a seulement suivi le guet-apens contre les pompiers corses, et d'autres suivront malheureusement, tant que le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls ne prendra pas la mesure de la situation, de ce terreau malsain sur lequel les haines prospèrent de part et d'autre depuis tant d'années.