Dans le Doubs, je voterais contre le FN

par Laurent Herblay
vendredi 6 février 2015

Dimanche, les électeurs du Doubs devront choisir entre le candidat du PS, qui remplace Pierre Moscovici, et la candidate du FN, qui est arrivée première il y a cinq jours. Même si je suis un opposant farouche au parti au pouvoir depuis 2012, l’alternative de Sophie Montel me semble encore pire.

Entre dérapages et affaires
 
Je m’oppose depuis toujours au parti de la famille Le Pen. Mais ce n’est pas une raison suffisante. Après tout, on peut se tromper et changer d’avis, comme j’ai pu le faire sur l’intervention en Libye ou le mariage homosexuel. Mais pour le coup, le temps qui passe ne fait que confirmer, mois après mois, mes craintes à l’égard du Front National. Les dérapages continuent à pleuvoir, de manière régulière, comme des éléments de communication destinés à se faire remarquer. Nous avons eu droit récemment à la séquence « guerre de civilisations  » avec le député européen Aymeric Chauprade. Et la candidate frontiste du Doubs avait défendu les propos de Jean-Marie Le Pen sur l’inégalité des races.
 
Après les nombreuses affaires qui avaient entourées son père dans les années 1980 et 1990, il faut croire que la continuité pourrait bien également être de mise dans ce domaine. En effet, la justice s’intéresse de près aux modalités de la campagne législative de 2012, où le microparti mariniste Jeanne, « prêtait de l’argent aux candidats pour faire campagne, avec un taux d’intérêt, et dans le même temps leur vendait des kits de campagne (photo, tracts, etc.)  », conçus et imprimés par Riwal, la société de Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen qui vient d’être mis en examen. Les modes de fonctionnement du FN semblent furieusement ressembler aux pratiques de l’UMP…
 
Le révélateur grec

Je n’ai jamais cru à la sincérité de la conversion keynésienne et antilibérale de Marine Le Pen dans un parti volontiers ultralibéral jusqu’en 2010. Son incapacité à défendre ses idées solidement est très suspecte. Et sa récente prise de position sur le dossier grec me semble très révélatrice. Pour le FN, « la Grèce a le ‘devoir éthique’ de rembourser sa dette et juge ‘irresponsable’ les propositions d’annulation de 50% de la dette publique grecque », même s’il se dit favorable à un « éventuel moratoire avec un rééchelonnement de la durée et des intérêts ». Même si le FN défend la monétisation et le retour de la drachme, il est tout de même troublant de défendre le paiement d’une dette insoutenable.

Ce faisant, Marine Le Pen adopte à nouveau le raisonnement superficiel qui lui avait fait dire qu’elle paierait rubis sur l’ongle des milliards de dettes supplémentaires en cas de baisse du franc, alors que cela n’était pas nécessaire. Ce rapport à la dette semble révéler un petit fond austéritaire incohérent avec le discours de la plupart des économistes qui ont critiqué les plans européens en Grèce. D’ailleurs, depuis deux ans, on peut noter que le FN semble tempérer son ardeur keynésienne, (une aventure sans lendemain ?), suivant le vent d’une époque qui semble le pousser vers ses amours économiques passées. Les plans grecs ont échoué à nouveau et il faut le reconnaître pour prendre un nouveau départ.

Du coup, entre extrémisme, démagogie, dérapages, affaires, désaccords sur de nombreux sujets et doutes majeurs sur les questions sur lesquelles il semble y avoir accord, le FN me semble être une alternative pire encore que les majorités qui se succèdent. Comme en Grèce, il nous faudra du nouveau.


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