De Gaulle pendant et après la Seconde Guerre mondiale
par Musicos95
samedi 19 mai 2018
Les Français expriment leur désir d'une nouvelle constitution par le référendum du 21 octobre 1945. L'assemblée sortie des urnes soumet au peuple une Constitution à forte connotation marxiste qui est rejetée le 5 mai 1946. Une seconde assemblée constituante est alors élue, Georges Bidault devient chef du gouvernement. Un deuxième projet de Constitution est présenté au peuple. Il prévoit un président de la République élu par un collège électoral ainsi que deux assemblées législatives : l'Assemblée nationale et un Conseil de la République aux pouvoirs restreints (Sénat). Un désaccord avec le Parti communiste concernant l'élaboration de la nouvelle constitution provoque la démission du général de Gaulle de ses fonctions de président du gouvernement provisoire, le 20 janvier 1946. À Bayeux, le 16 juin 1946, dans un de ses discours les plus célèbres, il défend sa vision des institutions. Malgré la condamnation sans appel portée par le Général, depuis sa retraite de Colombey-les-Deux-Églises, la nouvelle Constitution est adoptée à une courte majorité par le référendum du 13 octobre 1946. Le grand Charles restera éloigné du pouvoir pendant douze ans. À partir de 1953, face à l'hostilité des partis politiques, le général de Gaulle se retire de la vie publique, entame une "traversée du désert" durant laquelle il voyage et achève l'écriture de ses Mémoires de guerre. Hostile à la constitution de la IVe République et au régime des partis, de Gaulle ne supportait pas la situation politique dramatique de la France en 1958 avec les événements en Algérie qui s'aggravaient. Il fallait un homme charismatique pour sortir le pays de l'ornière. De Gaulle était persuadé d'être l'homme de la situation. Sa façon de reprendre le pouvoir a été dictatoriale, il a agi en militaire en reprenant le contrôle du pays avec le concours de l'armée manipulée par ses partisans en Algérie (Debré, Sanguinetti, Guichard, Pasqua, etc.) et même jusqu'au sein du gouvernement de Félix gaillard avec Jacques Chaban-Delmas, ministre des Armées. La tactique de De Gaulle consistait à retourner dans son village pour s’y tenir à la disposition du pays, en affectant d’ignorer ce que ses plus fidèles partisans tramaient en son nom. À Alger, l'Armée prépare l'opération militaire "Résurrection" qui consiste à établir une tête de pont en Corse avec le 12e bataillon parachutiste, dans le contexte de la crise de mai 1958, faisant suite au coup de force du 13 mai 1958 et à la mise en place d'un Comité de salut public par les militaires à Alger à la suite d'un putsch. Un ultimatum est fixé au 29 mai. Les paras sont largués en Corse le 24 mai. Le général Miquel qui dirige l'opération Résurrection prévoit des parachutages sur les aérodromes du Bourget et de Villacoublay. Des unités stationnées en région parisienne, favorables au coup de force doivent prendre le contrôle de la capitale. Les détenteurs de l'autorité doivent être mis aux arrêts, le Président du Conseil Pierre Pflimlin, le ministre de l'Intérieur Jules Moch, de même que les personnalités clés : François Mitterrand et Pierre Mendès France ainsi que les dirigeants du Parti communiste français, Jacques Duclos et Maurice Thorez. Devant la menace d'une prise du pouvoir par la force, le général de Gaulle, est nommé Président du Conseil, le 1er juin 1958, par le président René Coty. La seconde phase de l'opération Résurrection est annulée. L'Assemblée vote les pleins pouvoirs à De Gaulle pour une durée de six mois, il est chargé de rédiger une nouvelle Constitution. De Gaulle a tout bonnement fait un coup d'État qualifié de démocratique ou de velours. Que se serait-il passé si l'opération Résurrection s'était déroulée jusqu'à son terme ? De Gaulle aurait probablement gardé un régime républicain en imposant sa constitution, il avait trop l'idée de la grandeur de la France pour instaurer un régime militaire qui aurait terni son image. Président investi de pouvoirs régaliens, de Gaulle avait atteint son but. Certes, le régime de la constitution de la quatrième République était détestable et incohérent par son instabilité politique. Fort du nouveau texte constitutionnel, de Gaulle en bon militaire décide de gouverner en monarque pour sortir la France de sa mauvaise santé politique causée par les désordres algériens et le régime instable précédent, la France était alors dans un marasme impossible. La constitution de la Ve République a été rédigée pour servir le général de Gaulle, arrivé au pouvoir par un coup d'État démocratique comme l'explique le journaliste Christophe Nick dans son livre "Résurrection, naissance de la Vème République, un coup d'État démocratique". Cet événement majeur de l'Histoire de France est quasiment absent des livres d'Histoire. On ne le commémore jamais. C'est l'autre grand tabou de la France contemporaine, après celui de Vichy. On est loin de l’histoire officielle de la naissance de la Ve République où de Gaulle est appelé, dans un vaste consensus, en sauveur d’une République rendue impuissante par le « régime des partis ». La réalité, bien moins glorieuse que la légende, est celle d’un « coup d’État démocratique » (Christophe Nick) ou d’un « coup d’État de velours » (Michel Winock). Si la transition entre les deux régimes s’est faite dans le respect des formes juridiques, c’est sous la menace d’un putsch instrumentalisé par De Gaulle. Que l’on ne s’étonne pas ensuite du caractère bonapartiste ou monarchiste de la Constitution de 1958. En 1958, le président de la République est donc élu par un collège d’environ quatre-vingt mille Grands électeur. "Le référendum sur l'élection au suffrage universel direct du président de la République est un référendum qui s'est tenu en France le 28 octobre 1962 et s'est soldé par une large victoire du « oui ». Ce scrutin s'inscrit dans un contexte polémique et aura d'importantes conséquences sur la vie politique française.
" Élu président de la République de Gaulle mène une politique de droite autoritaire qui n'est guère favorable au monde du travail. "Son origine familiale, son éducation, sa culture faisait de lui un homme de droite, et même de la droite autoritaire, bonapartiste, favorable au régime présidentiel plutôt qu’au parlementarisme, tout en étant respectueux de la démocratie ; mais il était marqué par le christianisme social de la deuxième moitié du XIXe et du XXe siècle, d’où sa volonté de mener une politique plus sociale que beaucoup de gens de droite - “la seule querelle qui vaille est celle de l’homme”, disait-il."
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Chantal Morelle, Atlantico : Comment peut-on définir le gaullisme ?