De Gaulle pendant et après la Seconde Guerre mondiale

par Musicos95
samedi 19 mai 2018

 En juin 1940, de Gaulle refuse la capitulation et part pour l'Angleterre. En apprenant la demande d'armistice, il lance sur les ondes de la BBC son appel historique à la résistance et crée le mouvement de la France libre. Le 3 juin 1943, de Gaulle fonde à Alger le Comité français de libération nationale (CFLN) qui deviendra un an plus tard le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). De Gaulle avait un désir de grandeur pour son pays qu'il a contribué à libérer du joug de l'Allemagne nazie. En exil à Londres pendant la guerre, de Gaulle n'a eu de cesse de batailler pour faire reconnaître sa légitimité à représenter la France en lieu et place du gouvernement collaborationniste de Vichy dirigé par le maréchal Philippe Pétain. Il avait des rapports tendus avec le Premier ministre britannique Winston Churchill et était ouvertement méprisé par le président américain Franklin D. Roosevelt. Ainsi, de Gaulle n'est informé du débarquement allié en Normandie que l'avant-veille du jour J, il apprend alors que les Américains prévoient de placer la France libérée sous l'autorité d'une administration anglo-saxonne. Déjà sont imprimés des billets de banque à l'en-tête de cette administration. Il n'entrait pas dans l'intention des Alliés de libérer Paris immédiatement après le débarquement, ils voulaient filer directement vers l'Allemagne, prétextant que Paris ne présentait pas un intérêt stratégique. Prenant de court les Alliés en allant en Normandie quelques jours après le débarquement, de Gaulle impose la 2e D.B. de Leclerc pour libérer la capitale (Leclerc a été nommé gouverneur militaire de Paris par intérim en décembre 1943 à Alger). Après avoir été chaleureusement applaudi par les habitants de Bayeux, le Général peut revenir à Londres en faisant valoir une authentique légitimité. Celle-ci sera consolidée par la Libération de Paris et l'entrée triomphale dans la capitale de la 2e division blindée du général Leclerc, le 25 août 1944. De Gaulle prend la tête du Gouvernement provisoire de la République française le 3 juin 1944 pour préparer le rétablissement de la légalité républicaine. En mars 1944, le Conseil National de la Résistance propose dans son programme un « plan complet de Sécurité Sociale visant à assurer, à tous les citoyens, des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ». Le Conseil National de la Résistance (CNR) était l'organisation regroupant l'ensemble des mouvements de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1943. Cette organisation avait la particularité de regrouper des membres de partis politiques, de syndicats et de la presse, issus de toutes les tendances politiques et qui partageaient une hostilité au gouvernement de Vichy. Jean Moulin en fut le premier président. La volonté du général Charles de Gaulle de nationaliser des secteurs de l'économie française avait été exprimée dès 1942. Il justifiait alors cette politique par son ambition de restaurer le rôle central de l'État français. À la tête du gouvernement provisoire formé après la libération, de Gaulle passe aux actes. Une première vague de nationalisations est déclenchée en décembre 1944 pour sanctionner des entreprises soupçonnées d'avoir collaboré avec l'occupant allemand, c'est le cas du constructeur automobile Renault, nationalisé le 16 janvier 1945. Le 2 décembre 1945 marque le début d'une deuxième vague qui nationalise la Banque de France et quatre banques de dépôt. Plus tard, en avril, neuf grandes compagnies d'assurances sont nationalisées, puis Air France, la Cie Générale Transatlantique et le journal Le Monde. Il réorganise les services publics en nationalisant, les compagnies charbonnières, la RATP, la Snecma, l'Électricité et le Gaz le 8 avril 1946. À la fin du XIXe siècle, chaque compagnie d'électricité était libre de distribuer le courant électrique sous toutes ses formes, courant continu ou alternatif, triphasé ou diphasé, de plusieurs fréquences et de tensions de distribution différentes d'une compagnie à l'autre. Bref ! C'était la pagaille. À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle comprend la nécessité économique d'une normalisation des entreprises de production, de transport et de distribution d'électricité. Sous l'impulsion du communiste Marcel Paul, ministre de la Production industrielle dans le gouvernement de Gaulle, la nationalisation de l'électricité et du gaz est votée par l'Assemblée avec un Statut particulièrement social et avantageux pour les agents de ces deux Entreprises à Caractère Commercial et Industriel (EPIC). Un modèle pour les autres grandes entreprises. EDF et GDF sont désormais des entreprises indépendantes l'une de l'autre chargées de ces deux secteurs, la distribution est mixte et se nomme EDF-GDF. La norme adoptée par EDF est de produire, transporter et distribuer un courant alternatif triphasé d'une fréquence de 50 Hz. Le triphasé est un courant où chaque phase est décalée de 120° par rapport aux autres. Cela permet aux moteurs des machines industrielles de tourner avec un bon rendement. Le courant alternatif présente l'avantage de pouvoir être transformé facilement en des tensions plus grandes ou plus petites. 

     Les Français expriment leur désir d'une nouvelle constitution par le référendum du 21 octobre 1945. L'assemblée sortie des urnes soumet au peuple une Constitution à forte connotation marxiste qui est rejetée le 5 mai 1946. Une seconde assemblée constituante est alors élue, Georges Bidault devient chef du gouvernement. Un deuxième projet de Constitution est présenté au peuple. Il prévoit un président de la République élu par un collège électoral ainsi que deux assemblées législatives : l'Assemblée nationale et un Conseil de la République aux pouvoirs restreints (Sénat). Un désaccord avec le Parti communiste concernant l'élaboration de la nouvelle constitution provoque la démission du général de Gaulle de ses fonctions de président du gouvernement provisoire, le 20 janvier 1946. À Bayeux, le 16 juin 1946, dans un de ses discours les plus célèbres, il défend sa vision des institutions. Malgré la condamnation sans appel portée par le Général, depuis sa retraite de Colombey-les-Deux-Églises, la nouvelle Constitution est adoptée à une courte majorité par le référendum du 13 octobre 1946. Le grand Charles restera éloigné du pouvoir pendant douze ans. À partir de 1953, face à l'hostilité des partis politiques, le général de Gaulle se retire de la vie publique, entame une "traversée du désert" durant laquelle il voyage et achève l'écriture de ses Mémoires de guerre. Hostile à la constitution de la IVe République et au régime des partis, de Gaulle ne supportait pas la situation politique dramatique de la France en 1958 avec les événements en Algérie qui s'aggravaient. Il fallait un homme charismatique pour sortir le pays de l'ornière. De Gaulle était persuadé d'être l'homme de la situation. Sa façon de reprendre le pouvoir a été dictatoriale, il a agi en militaire en reprenant le contrôle du pays avec le concours de l'armée manipulée par ses partisans en Algérie (Debré, Sanguinetti, Guichard, Pasqua, etc.) et même jusqu'au sein du gouvernement de Félix gaillard avec Jacques Chaban-Delmas, ministre des Armées. La tactique de De Gaulle consistait à retourner dans son village pour s’y tenir à la disposition du pays, en affectant d’ignorer ce que ses plus fidèles partisans tramaient en son nom. À Alger, l'Armée prépare l'opération militaire "Résurrection" qui consiste à établir une tête de pont en Corse avec le 12e bataillon parachutiste, dans le contexte de la crise de mai 1958, faisant suite au coup de force du 13 mai 1958 et à la mise en place d'un Comité de salut public par les militaires à Alger à la suite d'un putsch. Un ultimatum est fixé au 29 mai. Les paras sont largués en Corse le 24 mai. Le général Miquel qui dirige l'opération Résurrection prévoit des parachutages sur les aérodromes du Bourget et de Villacoublay. Des unités stationnées en région parisienne, favorables au coup de force doivent prendre le contrôle de la capitale. Les détenteurs de l'autorité doivent être mis aux arrêts, le Président du Conseil Pierre Pflimlin, le ministre de l'Intérieur Jules Moch, de même que les personnalités clés : François Mitterrand et Pierre Mendès France ainsi que les dirigeants du Parti communiste français, Jacques Duclos et Maurice Thorez. Devant la menace d'une prise du pouvoir par la force, le général de Gaulle, est nommé Président du Conseil, le 1er juin 1958, par le président René Coty. La seconde phase de l'opération Résurrection est annulée. L'Assemblée vote les pleins pouvoirs à De Gaulle pour une durée de six mois, il est chargé de rédiger une nouvelle Constitution. De Gaulle a tout bonnement fait un coup d'État qualifié de démocratique ou de velours. Que se serait-il passé si l'opération Résurrection s'était déroulée jusqu'à son terme ? De Gaulle aurait probablement gardé un régime républicain en imposant sa constitution, il avait trop l'idée de la grandeur de la France pour instaurer un régime militaire qui aurait terni son image. Président investi de pouvoirs régaliens, de Gaulle avait atteint son but. Certes, le régime de la constitution de la quatrième République était détestable et incohérent par son instabilité politique. Fort du nouveau texte constitutionnel, de Gaulle en bon militaire décide de gouverner en monarque pour sortir la France de sa mauvaise santé politique causée par les désordres algériens et le régime instable précédent, la France était alors dans un marasme impossible. La constitution de la Ve République a été rédigée pour servir le général de Gaulle, arrivé au pouvoir par un coup d'État démocratique comme l'explique le journaliste Christophe Nick dans son livre "Résurrection, naissance de la Vème République, un coup d'État démocratique". Cet événement majeur de l'Histoire de France est quasiment absent des livres d'Histoire. On ne le commémore jamais. C'est l'autre grand tabou de la France contemporaine, après celui de Vichy. On est loin de l’histoire officielle de la naissance de la Ve République où de Gaulle est appelé, dans un vaste consensus, en sauveur d’une République rendue impuissante par le « régime des partis ». La réalité, bien moins glorieuse que la légende, est celle d’un « coup d’État démocratique » (Christophe Nick) ou d’un « coup d’État de velours » (Michel Winock). Si la transition entre les deux régimes s’est faite dans le respect des formes juridiques, c’est sous la menace d’un putsch instrumentalisé par De Gaulle. Que l’on ne s’étonne pas ensuite du caractère bonapartiste ou monarchiste de la Constitution de 1958. En 1958, le président de la République est donc élu par un collège d’environ quatre-vingt mille Grands électeur. "Le référendum sur l'élection au suffrage universel direct du président de la République est un référendum qui s'est tenu en France le 28 octobre 1962 et s'est soldé par une large victoire du « oui ». Ce scrutin s'inscrit dans un contexte polémique et aura d'importantes conséquences sur la vie politique française.

Élu président de la République de Gaulle mène une politique de droite autoritaire qui n'est guère favorable au monde du travail. "Son origine familiale, son éducation, sa culture faisait de lui un homme de droite, et même de la droite autoritaire, bonapartiste, favorable au régime présidentiel plutôt qu’au parlementarisme, tout en étant respectueux de la démocratie ; mais il était marqué par le christianisme social de la deuxième moitié du XIXe et du XXe siècle, d’où sa volonté de mener une politique plus sociale que beaucoup de gens de droite - “la seule querelle qui vaille est celle de l’homme”, disait-il."        

https://www.herodote.net/20_janvier_1946-evenement-19460120.php

http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/approfondissements/elections-presidentielles-depuis-1958.html

Chantal Morelle, Atlantico : Comment peut-on définir le gaullisme ? 


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