De l’UMP à l’UPM (2)

par GHEDIA Aziz
samedi 21 juin 2008

A moins d’un mois de "la rencontre à Paris des chefs d’Etats européens et ceux de la rive sud de la Méditerranée", l’UPM continue de susciter des débats passionnés et passionnants en même temps de part et d’autre de la grande bleue. Passionnés parce que jamais auparavant il n’y a eu un projet politique de cette envergure qui tente de lier le sort des Nord-africains à celui des européens. C’est la mondialisation qui veut ça, pourrait-on peut-être me rétorquer. En effet, la mondialisation rime avec globalisation et il est donc important que cette zone de la Méditerranée se constitue en un bloc régional uni capable de rivaliser avec les autres entités géopolitiques que sont les Etats-Unis et leur Sud et l’Asie du Sud-est et ses dragons, et ce sur les plans économique et politique.

Passionnants parce que depuis que ce projet a été révélé par Nicolas Sarkozy, une polémique s’est installée, ici et là-bas, d’abord sur le contenu du projet lui-même et ensuite sur ce qui est susceptible d’être proposé aux uns et aux autres. Mais rien de tout cela n’est encore défini ; Il va falloir attendre le jour "J" pour savoir qui va faire quoi et à partir de quand. A supposer bien sûr que tous les pays riverains de la Méditerranée veuillent bien s’intégrer à cet ensemble régional. Or, jusqu’à maintenant, les hésitations des pays du Sud semblent l’emporter sur la realpolitik et le pragmatisme. Cela a commencé d’abord par la Conférence ministérielle du Forum méditerranéen qui s’est tenue la semaine dernière à Alger au cours de laquelle le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci a demandé plus d’éclaircissements concernant ce projet et surtout, dans un langage diplomatique subtil, à savoir qu’elles seraient les conséquences de l’intégration d’Israël à ce processus.

Le Président Libyen Mouammar Kadhafi quant à lui, très connu pour ses sorties médiatiques imprévisibles, sans s’accommoder de précautions comme il est pourtant d’usage en diplomatie, a enfoncé le clou en assenant une vérité, pas très bonne à dire il est vrai, à la face de l’Europe. Sa phrase, que l’on pourrait qualifier d’assassine, a fait le tour des rédactions sitôt prononcée : "Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os", avait-il déclaré lors du mini sommet qu’il avait organisé chez lui, à Tripoli. Tout cela donc n’est pas fait pour arranger les choses et lancer l’UPM sur des bases saines et solides.

L’on comprend donc que ce qui semble poser problème aux sudistes ce n’est pas tant le projet en lui-même mais le fait de se retrouver sur la même tribune que la délégation israélienne le lendemain du 13 juillet c’est-à-dire lors du défilé de commémoration du 14 juillet. L’on sait par ailleurs que cette date symbolise, pour la France, la défaite du nazisme et la liberté reconquise du peuple français. Mais, aux indigènes que nous étions, cela rappelle aussi et surtout autre chose. Mais ne remuons pas le couteau dans la plaie. Laissons cette "chose " dans le placard de l’Histoire. La repentance qui tient tant à cœur à notre Rais n’est pas pour demain ! Et, évidemment on le sait, elle ne sera pas à l’ordre du jour lors de cette rencontre. Devrions-nous dire dommage ? Non : en politique, il ne devrait pas y avoir de place pour les sentiments. Comme le dit l’adage populaire " travail travail, camarade après". Et c’est ce qui est attendu de l’Europe : qu’elle ne fasse pas jouer la fibre sentimentale quand il s’agira de mettre l’Etat d’Israël devant ses responsabilités historiques. Car la réussite de cette rencontre et par conséquent l’entrée en vigueur ou si vous voulez la concrétisation de ce projet de l’UPM dépend principalement de cette question-là. On ne doit pas faire " Comme si le conflit israélo-palestinien n’existait plus". Est-ce la Méditerranée à boire que les pays du Sud demande à l’Europe ?

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