De la démission de Taubira et de la stratégie de Hollande pour 2017

par Laurent Herblay
samedi 30 janvier 2016

Cela a été l’un des évènements politiques de la semaine : la démission de Christiane Taubira avant le débat sur la déchéance de nationalité, où il lui était impossible de défendre un texte qu’elle combat. Nouvelle épine dans le pied du président ou énième étape dans sa stratégie de réélection  ?

 
Départ subi ou départ souhaité ?
 
Le départ d’une ministre emblématique de ce quinquennat peut être interprété diversement. On peut y voir le spectre de 2002, où la candidature de l’ancienne ministre avait sans doute affaibli celle du Premier ministre sortant, et donc la perspective d’une gauche fracturée l’an prochain, et éliminée dès le premier tour. Certains soulignent la fracture grandissante avec l’aile dite de gauche du PS, dont les tenants ont quitté le navire du gouvernement l’un après l’autre. Mais François Hollande est plus fin manœuvrier qu’on ne peut le penser : et si ce nouvel épisode gouvernemental servait l’histoire qu’il souhaite raconter aux Français pour essayer de se faire réélire l’an prochain ? Après tout, 67% des Français se déclarent satisfaits de son départ dans les sondages, et, plus surprenant, pas moins de 51% des socialistes.
 
Bref, on peut se demander si Christiane Taubira n’était pas surtout un passif pour Hollande et si son départ ne l’arrange pas. Après tout, il se sépare d’une de ses ministres les plus impopulaires… En outre, ce départ est une nouvelle illustration de l’évolution droitière d’une majorité, affirmée il y a deux ans. François Hollande donne des gages à son aile droite et retire de son équipe un des derniers épouvantails qui peuvent effrayer un électorat centriste, voir de centre-droit. Et avec un FN aussi fort, il met au défi son aile gauche de ne pas le soutenir, et de prendre le risque de se retrouver avec un second tour entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, même en poursuivant sa droitisation et en se séparant des éléments les plus à gauche de son équipe. C’est sans doute le calcul que l’on peut deviner derrière ce départ.
 

Bien sûr, ces calculs politiciens ne sont pas toujours gagnants. Mais on aurait tort de sous-estimer Hollande, piètre président, mais malheureusement politicien habile. Le départ de Christiane Taubira, aussi souhaitable soit-il n’est peut-être qu’un pas dans sa chorégraphie gagnante pour 2017.

 


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