De quoi François Fillon est-il le nom ?

par WNN
samedi 3 décembre 2016

Les primaires de la droite et du centre ne furent qu'un casting hypermédiatisé où plusieurs candidats se sont présentés pour un même rôle et pour défendre un même programme (celui imposé par l'Union européenne). C'est finalement François Fillon qui est sorti vainqueur de cette immense mascarade. Nous nous proposons ici de clarifier les positions principales en matière économique de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

I - L'essentiel du programme de Fillon

Le programme de Fillon peut se résumer en trois points :

1° Diminution des impôts pour les riches (suppression de l'ISF, baisse de l'impôt sur les sociétés...), ce qui va provoquer une diminution des recettes de l’État, diminution que Fillon compte compenser par :

2° Une coupe drastique dans les dépenses publiques (baisse des dépenses publiques de 110 milliards d'euros sur cinq ans, baisse du nombre de fonctionnaires...), ce qui ne manquera pas d'accentuer, dans une logique procyclique, la crise de déflation que nous traversons déjà, étant donné que c'est la demande qui crée l'offre et non l'inverse !

Les intentions de Fillon consistent donc à offrir aux riches des cadeaux fiscaux et dans le même temps à supprimer une partie des revenus aux pauvres. Ce raisonnement, en plus d'être immoral, se révélera hautement dommageable puisqu'il est certain que les premiers ne réinjecteront nullement l'argent qui leur aura été ainsi distribué dans le circuit de l'économie réelle, tandis que les seconds l'auraient fait.

3° L'austérité (Fillon vise un déficit zéro à l'horizon de 2022), ce qui nous plongera dans une forte récession. Fillon vise par là à obtenir une diminution de la dette de la France. Cependant le problème, c'est qu'une dette souveraine n'est pas estimée en valeur absolue, mais par rapport à la croissance du pays. Ainsi, un pays peut tout à fait voir sa dette absolue diminuer tout en étant considéré sur les marchés comme étant encore plus endetté. En admettant donc que les remèdes préconisés par Fillon puissent véritablement faire diminuer la dette française, la récession résultant de l'austérité en annulera tout à fait l'effet.

II - Néolibéralisme et monnaie unique

L’imbécillité de Fillon en matière économique consiste à parler encore de "choc" de compétitivité alors même que les pays (à savoir les États-Unis et la Grande Bretagne) qui avaient initié au début des années 80, sous l'impulsion de Milton Friedman et de l’École de Chicago, la mise en œuvre des politiques néolibérales sont en train d'essayer de rompre avec ces dernières (c'est ce que signifient dernièrement la victoire du Brexit et l'élection de Trump). S'il peut être vrai qu'il n'est pas toujours bon en politique d'avoir trop d'avance, Fillon, lui, a juste 40 ans de retard !

Pour aller encore plus loin dans l'analyse, il faut se poser la question suivante : pourquoi François Fillon évoque-t-il un « choc de compétitivité » qui passerait par la diminution des salaires et une plus grande flexibilité de l'emploi ? La réponse est que dans une économie capitaliste mondialisée, il y a deux solutions afin d'être davantage compétitif : soit on décide de jouer sur le levier monétaire, soit on décide de s'en prendre aux acquis des travailleurs. Or, la France appartenant à la zone euro, et ayant par conséquent perdu le contrôle sur sa monnaie, il ne reste alors plus comme solution que celle de maltraiter les travailleurs. Et il en sera ainsi tant qu'aucun de nos dirigeants politiques n'aura le courage de remettre en cause le dogme de la monnaie unique européenne.

III - Conservatisme et austérité

Quant-à-ceux qui ressentent un attrait pour l'aspect conservateur du programme de Fillon, il faut leur préciser que le retournement conservateur est le pendant sociétal naturel d'une économie capitaliste qui se trouve en pleine crise. En effet, l'austérité enterre le libéralisme-libertaire puisqu'il n'est alors plus lieu de faire l'apologie de la consommation joyeuse. Au contraire, il s'agirait alors plutôt de culpabiliser les Français en leur affirmant qu'ils ont été trop dépensiers et qu'il n'est plus possible de continuer comme ça. Les sermons et appels à la contrition occultent ainsi que cela fait des décennies qu'on pousse ces mêmes Français à dépenser le plus possible (via notamment toutes les publicités qui sont venues inonder notre environnement quotidien que ce soit dans les médias ou dans la rue).

Le conservatisme de Fillon n'est donc nullement le signe de sa dissidence vis-à-vis du système, mais bien au contraire de sa totale cohérence en tant qu'agent d'un système économique entré en crise. Car si Cohn-Bendit a été la figure de proue du libéralisme-libertaire, Fillon pourrait bien devenir celle du libéralisme-austéritaire.


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