Des démons qui ressurgiraient et de leur origine

par Laurent Herblay
samedi 8 décembre 2018

C’est la dernière ficelle à laquelle se raccroche désespérement ce pouvoir, aussi grossière et inefficace soit-elle. Avant la tentative ridicule de Castaner d’assimiler les gilets jaunes à l’extrême-droite, Macron avait évoqué « la lèpre nationaliste  » ou « les démons anciens qui ressurgissent  ». Mais cette rhétorique usée jusqu’à l’os par le PS depuis des décennies, pourrait se retourner contre lui.

 

Exagération, intolérance et auto-critique inconsciente
 
Décidément, cette présidence semble complètement perdue. La superficialité de Macron apparaît au grand jour, pour ceux qui ne s’en étaient pas rendus compte bien auparavant… Qui plus est, sa glissade dans les sondages est probablement largement amortie par l’absence d’une opposition forte et rassembleuse, l’ex-FN, LR et LFI se contentant de rassembler une petite minorité assez forte pour surnager, tout en restant profondément impopulaire pour une grande majorité. Il y a fort à parier que Macron aurait enfoncé tous les records d’impopularité s’il avait eu en face de lui une véritable opposition rassembleuse. Ces dernières mois, le résidant de l’Elysée est devenu un artificier des mots.
 
Mais il tombe à chaque fois à côté. Une intervention en clair-obscur totalement à contre-temps pour ce gouvernement qui avait tant tardéune déclaration officielle sur le référendum en Nouvelle-Calédonie au mieux digne d’un élève besogneux de SciencesPo, et la pseudo-interview depuis le Charles de Gaulle où il n’écoutait guère un interlocuteur bien peu féroce… Les dernières agressions verbales contre les Français, conjuguées à l’envolée du prix de l’essence, sous le double coup de la hausse du prix du baril et des taxes, pour des motifs écologiques, a achevé la rupture entre le président et les Français. Il se raccroche donc à cette bouée usée de la gauche : un anti-nationalisme de pacotille.
 
Semblant considérer que seule l’opposition avec l’ex-FN pourrait le sauver, il nous joue les grands orgues usés de « la lèpre nationaliste  », des « démons anciens qui ressurgissent  » et une comparaison hasardeuse avec les années 1930. Jacques Sapir lui règle bien son sort dans un papier où il dénonce ce président qui « veut manipuler une histoire qu’il ne connaît pas  ». Car les parallèles que fait Macron ne sont pas habiles. D’abord, comme trop souvent, évoquer à tort et à travers « les heures les plus sombres  », ou les années 1930, pour qualifier le Brexit, Salvini ou Orban, est extravagant. Ne dit-on pas que tout ce qui est excessif est insignifiant ? Qui plus est, cette ficelle est extrêmement usée…
 
Ensuite, cette référence est à double tranchant. Car l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne a été le produit de la guerre précédente et de la crise économique largement issue de politiques économiques que Macron mène et défend aujourd’hui, comme le rappelle Jacques Sapir… Ce qui a produit la crise de 29, ce sont des inégalités extravagantes, la spéculation financière et un laisser-faire excessif, très exactement la politique que défend Macron depuis 10 ans, comme membre de la commission Attali sous Sarkozy, comme conseiller, puis ministre de Hollande, et enfin président. Bref, Macron joue avec le feu en évoquant les années 1930, qui sont aussi le produit de ses politiques économiques.
 
 
Et pour couronner le tout l’apprenti communiquant de l’Elysée ne semble même pas se rendre compte du ridicule de sa déclaration « contre l’Europe ultra-libérale  », lui dont toutes les politiques accentuent et prolongent toutes les dérives ultra-libérales de l’UE. En réalité, ce sont ses politiques qui sèment le chaos. Il ne convainc personnes en agitant ces vieilles répliques usées…

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