Des godillots « En Marche » ?

par Michel DROUET
lundi 20 novembre 2017

C’est ce qui est à craindre après la parodie de démocratie qui s’est terminé samedi par « l’élection » par quelques centaines de happy fiew de M. Castaner au poste de Délégué Général de La République En Marche et la volonté de Macron de tout verrouiller et de tirer les ficelles en coulisse.

Rappelons la définition d’un Godillot

Monsieur Godillot était un fabricant de brodequins militaires en usage dans l’infanterie jusqu’à la seconde guerre mondiale et sans doute par rapprochement avec la formule d’Einstein « Pour marcher au pas, pas besoin de cerveau, la moelle épinière suffit », le nom de Godillots fut attribué aux fidèles du général de Gaulle qui avait l’habitude de ne jamais remettre en cause leur chef, et de suivre ses consignes sans discuter, d’où le nom de « Parti Godillot » dont fut affublé l’UNR qui votait sans barguigner les textes proposés par l’exécutif sans tenir compte des arguments de l’opposition.

Une autre façon de faire de la politique ?

Pour le moment les nouveaux élus LREM à L’Assemblée Nationale n’ont pas montré une appétence réelle pour le débat, même si l’on commence à voir poindre çà et là quelques personnalités qui émergent.

Difficile de leur en faire grief compte tenu du renouvellement important du personnel politique provoqué par les dernières élections législatives.

On ne parle plus de parti politique mais de « mouvement citoyen ». Pas de section locales non plus, mais des « comités locaux » animés par des « référents » désignés d’en haut un peu comme les candidats aux législatives dont on disait qu’ils avaient été retenus sur CV après un véritable entretien de recrutement…

Autres temps, autres mœurs, mais le caractère hétérogène, voire hétéroclite de ce « Mouvement », ne va-t-il pas produire quelques remous parmi ceux qui ont été écartés des candidatures aux législatives ou de la désignation des « référents ». C’est vrai que l’absence de cotisations pour adhérer à « En Marche » ne légitime pas les « bénévoles » dans une éventuelle contestation du fonctionnement du mouvement, même si on sent remonter des frustrations.

L’impression que l’on peut avoir c’est que « l’autre manière de faire de la politique » annoncée s’applique davantage au fonctionnement du « Mouvement » qu’aux décisions prises par la majorité qui elles sont clairement très libérales. Par conséquent, une majorité qui adhère à En Marche l’a fait sans doute en connaissance de cause mais aussi par opportunisme pour enrichir leur CV et que les autres qui croient encore au « Mouvement citoyen » ont plutôt les caractéristiques de témoins de Jéhovah ou de vendeurs à domicile de barquettes plastiques culinaires.

Des godillots, donc, mais aussi des godillots éclairés soucieux de donner un coup de boost à leur carrière, le tout votant comme un seul homme/femme les textes proposés par Macron, aidés par des petites mains exploitées au niveau local. Ce qui est important, c’est moins le corpus idéologique proposé par « En Marche » (encore faudrait-il le trouver…) que la soumission au chef qui est demandée ainsi que l’adhésion à une politique très libérale.

Et pour la suite ?

La suite ce sont les prochaines élections qui se profilent à l’horizon comme les européennes en 2019. Là, pas de problème pour Macron, européen convaincu, pour constituer une liste d’autant que du côté de Juppé, avec sa fameuse théorie de l’omelette (on coupe les extrêmes et on garde le centre) a déjà fait des appels du pied à Macron pour faire une liste de rassemblement large. Pour ces élections ce sera plutôt le taux de suffrages exprimés qui sera regardé à la loupe.

Après, il y aura les municipales avec quelques complications à attendre pour « En Marche » compte tenu du différend sérieux qui oppose en ce moment les élus locaux à Macron en matière de financement et de ressources fiscales.

Premier indice de ce désamour, le faible résultat des candidats « en Marche » obtenu aux sénatoriales, avec un corps électoral d’élus installés qui ont eu l’occasion de faire part de leur mécontentement.

Les départementales et les régionales constitueront un véritable test pour ce nouveau mouvement et sa manière de faire de la politique autrement. Pas sûr que les électeurs ruraux ou des villes moyennes votent en masse pour les candidats macronistes. Par contre, les Métropoles confirmeront en partie leur attrait pour une nouvelle classe politique bobo rejetant les partis traditionnels (et on peut comprendre ce rejet lorsqu’on analyse les péripéties des dernières campagnes, entre trahison, escroqueries et petits meurtres entre amis).

Ce n’est qu’à l’issue de ce cycle quinquennal que nous saurons si la vieille politique est définitivement enterrée et si l’approche « il n’y a pas d’autres alternatives » aura gagné. On peut penser que l’économie et la finance qui ont pris le pas sur les politiques devraient continuer à être les véritables dirigeants des pays, par Macron, Merkel ou Junker interposés avec leurs petites start-up et leurs geeks, autrement dit les nouveaux godillots de la mondialisation.


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