Des patrons « débrouillards » ou voyous !?

par CHALOT
vendredi 10 mai 2013

300 000 salariés "low cost" en France !?

La lecture des rapports sénatoriaux est intéressante.

Celui présenté par Eric Bocquet montre que plus de 300 000 travailleurs salariés "low cost" sont employés en France. Détachés, ils travaillent aux conditions de leur pays d'origine.

Leur nombre a été multiplié par 20 depuis 2002....

Certains reçoivent moins de 3 € de l'heure !?

Rapport d'information de M. Éric BOCQUET, fait au nom de la commission des affaires européennes

http://www.senat.fr/notice-rapport/2012/r12-527-notice.html

"Mise en oeuvre pour répondre au défi posé par l'intégration de trois pays où le coût du travail était peu élevé, l'Espagne, la Grèce et le Portugal, la directive 96/71 concernant le détachement de travailleurs effectué dans le cadre d'une prestation de services a fait émerger le principe d'application du droit du pays d'accueil. Aux termes de ce principe, les entreprises prestataires de service doivent rémunérer les salariés qu'elles détachent aux conditions du pays dans lequel se déroule le contrat, sauf à ce que le droit du pays d'envoi soit plus favorable. Ce principe clair est pourtant contredit par la pratique et l'émergence progressive d'un salarié low cost, à bas coût, au risque de créer des tensions sur le marché du travail. Ce phénomène est d'autant plus prégnant depuis les élargissements de 2004 et 2007. Il reste pourtant difficile à quantifier même si le chiffre de 300 000 salariés low cost détachés en France au mépris du droit communautaire semble être une hypothèse crédible. Tous les secteurs d'activité sont concernés : bâtiment, transports, agriculture ou évènementiel.

L'absence de dispositions concrètes en matière de contrôle au sein de la directive de 1996 constitue une des raisons principales de cette explosion de la fraude au détachement. L'encadrement des mesures nationales de contrôle par la Cour de justice est également une des clés pour comprendre une telle évolution. C'est dans ce contexte que la Commission a présenté le 21 mars 2012, un projet de directive d'exécution, censée faciliter la prévention de ce type de phénomène. Un dispositif modeste et contradictoire est ainsi en cours de négociations au sein d'un Conseil divisé entre tenants d'un renforcement des contrôles à l'image de la France - qui fait de la lutte contre la fraude au détachement une priorité interne - et partisans d'un statu quo favorables à leurs intérêts, à l'instar d'un certain nombre d'États membres ayant adhéré après 2004.

Le présent rapport a pour objet d'effectuer un état des lieux des normes communautaires en matière de détachement, afin notamment de déterminer en quoi elles peuvent favoriser « optimisation sociale » et dumping social. Il préconise un certain nombre de pistes de travail pour enrichir le texte de la Commission actuellement en débat afin de renforcer et rendre une certaine crédibilité à un dispositif, qui permet tout de même à plus de 300 000 Français d'exercer un emploi en dehors de leur pays. »

Cette pratique tolérée permet à des entreprises comme Bouygues qui ont un chantier à l'EPR de Flamanville de disposer de salariés polonais recrutés par une entreprise d'intérim irlandaise disposant d'un siège social à Chypre.

Le transporteur Norbert Dentressangle ne se gêne pas lui non plus.

Comme l'explique le journal Informations Ouvrières dans son numéro 249 :

« Des agences d'intérim luxembourgeoises ont, elles, franchi in nouveau pas : elles louent dans l'hexagone des travailleurs français affiliés au régime u Grand Duché, avec, donc un coût inférieur de 30%. Des français détachés en France ! »....

On voit les bénéfices réalisées par ces entreprises, les conséquences pour le niveau de vie des salariés et le manque à gagner pour les caisses de la sécurité sociale.

Oui, il faut un grand coup de balais et très vite : voter une loi obligeant toutes les entreprises qui travaillent en France à appliquer le code du travail.
 

Jean-François Chalot

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