A l’heure ou des suppôts de l’Elysée font de l’information massive concernant des photos inquiétantes pour l’avenir politique de Dominique Strauss Khan, une petite missive très franche envoyée au procureur de la république de Paris questionne sur Frédéric Lefebvre. Sans la moindre volonté de diffamer ou de nuire, Yannick Miel, qui fut connu pour s’être mis sur eBay dans une annonce très médiatisée afin de trouver un emploi, qui travailla ensuite pour Martin Hirsch sur les questions de la jeunesse, s’interroge sur la rémunération des députés. A la suite d’un article paru dans le Post, Yannick Miel a décidé de saisir le procureur de la république de Paris pour s’informer sur la légitimité de cette double fonction inventée par quelques élus dont Frédéric Lefebvre : le « député actionnaire ».
Que Frédéric Lefebvre soit un lobbyiste reconnu n’est pas un problème. C’est une profession hautement lucrative qui peut avoir son utilité. Que Frédéric Lefebvre soit élu à l’Assemblée Nationale au coté de Santini ou en lieu et place de Monsieur Santini, il s’agit d’un choix démocratique et ce n’est pas un souci. Mais en terme éthique, en termes de démocratie pure, on peut se questionner pourtant sur le mélange des genres. Pour reprendre les idées posées sur le blog de Yannick Miel, un député est à l’abri du besoin. Monsieur Lefrebvre, comme chaque élu est mis à l’abri des tentations et des facilités qui pourraient l’empêcher de travailler pour la république en toute sérénité. Ainsi, comme tout élu de l’Assemblée Nationale, voilà ce qu’on touche selon Yannick Miel (1) :
«
5 260,61 € d’indemnité parlementaire (salaire)
5 867,39 € d’indemnité représentative de frais de mandat (frais courant, usage libre)
+ 5 lignes téléphoniques (fix ou portable) et un abonnement internet
Accès gratuit au réseau SNCF en 1er classe
46 voyages AR en France métropolitaine (40 vers circonscription, 6 non affectés)
Dans Paris : voiture de fonction ou taxi pris en charge par l’Assemblée Nationale
+2 735,42 € : plafond de cumul de rémunération pour un mandat d’élu local
= 11 128 € net hors avantage ou 13 863,42 € net avec mandat complémentaire
ou potentiellement un revenu supérieur à 30 000 € par mois hors avantage, hors rémunération de porte parole de l’UMP, lorsque l’on s’appelle Frédéric Lefebvre et que l’on est "député - actionnaire" (2) ».
Ce qui est problématique et soulevé à une autorité judiciaire, c’est ce mélange scabreux entre une action de lobbyiste et les responsabilités d’élus. Ainsi l’article du « Post » indiquait que Monsieur Lefebvre pouvait recevoir jusqu’à 200000 euros par an en plus de sa condition de député. Les deux fonctions sont pour certains totalement inconciliables. Et donc, il devrait y avoir une logistique afin d’empêcher ce doublon contradictoire. Evidemment, Monsieur Lefebvre doit trouver normal de cumuler ces activités. Mais il ne s’agit pas d’un député-professeur qui pour rester en phase avec un métier qui le passionne va travailler à l’université ou à la faculté pour donner des cours, évidemment rémunérés à la hauteur des faibles salaires des enseignants du supérieur. Il ne s’agit pas d’empêcher les députés d’être enracinés dans le lien social le plus important au monde. Ce lien permet de se confronter aux réalités quotidiennes des citoyens. Mais, lorsqu’il s’agit d’être en phase avec des lobbies, avec des institutions voulant souvent orienter des réformes ou des courants de pensée, on peut se questionner sur ces fonctions là. Il s’agit d’éthique. Une notion qui fait qu’une république avance sainement ou tombe dans une forme d’antiparlementarisme par le fait que certains franchissent des lignes dont les contours ne peuvent pas être compris par la plupart des gens.
Je vous propose de visionner une vidéo-interview de Yannick Miel qui permettra de mieux argumenter le problème.
Yannick Miel a donc posé la question à une juridiction parisienne afin de comprendre ce qu’il considère comme un dysfonctionnement. Evidemment, la blogosphère s’est emparée de l’information et posément la diffuse pour mettre en avant tout simplement ces ambiguïtés qui ne devraient pas être permises par la loi. Ainsi, pour montrer comment on peut tourner une loi, il suffit de voir le financement actuel des partis. Il y a un plafonnement des dons au sein d’un parti politique (150 euros dans le Canard Enchainé de cette semaine). Le tour de passe-passe actuel c’est de créer les « amis d’un parti ou d’une personnalité politique », là, les dons ne sont plus du tout regardés avec la même acuité. Et ceci causera surement des problèmes politico-médiatiques demain. En regard de ce genre de débordements qui utilisent la légalité, il faut se questionner sur les moyens de corriger des effets pervers de loi qui voulaient seulement assainir un système. Yannick Miel vient de poser une question simple sur les rémunérations de députés dans le cadre privé. La question n’est pas obsolète. Elle appelle à des bonnes pratiques et un respect de la fonction d’élu. La fonction privée peut-elle être plus rémunératrice que celle de député. Vaste débat. Frédéric Lefebvre sera peut être le premier à répondre loyalement à cette exigence de correction élective en attendant une réponse éclairée et non partisane du Procureur de la République de Paris.