Des sans-culottes aux sans-dents

par olivier cabanel
mardi 9 septembre 2014

La « vengeance de la Blonde » aura respecté toutes les règles : elle s’est mangée froide, comme le plat du même nom, et elle sera difficile à digérer pour le chef de l’Etat, qui après avoir affronté les « bonnets rouges » va peut-être devoir affronter les sans-dents, dans le droit fil des « sans-culotte » de 1789.

Avec un score historique dans l’histoire de France de la 5ème république, les 87% d’insatisfaits de la politique menée par François Hollande, entraînant dans sa chute ininterrompue son 1er ministre, sont signe que la plaisanterie a assez duré. lien

Et ce score épouvantable a été mesuré avant la parution du livre de Valérie Trierweiler

En trahissant jour après jour ses promesses électorales, augmentant les impôts plus que ne l’ont fait ses prédécesseurs, faisant des cadeaux sans contrepartie aux patrons, choisissant comme ministre du budget un Jérôme Cahuzac censé traquer les exilés fiscaux, alors qu’il est lui-même l’un d’eux, nommant comme secrétaire d’état un homme qui ne payait pas ses impôts depuis 3 ans, (lien) choisissant comme nouveau ministre de la finance Emmanuel Macron, un banquier, avec dans son gouvernement Jean-Marie Le Guen cachant une partie de son patrimoine, un conseiller très spécial qui faisait cirer ses chaussures, et en étalant au grand jour les détails de sa vie privée, François Hollande s’est lui-même encore plus discrédité.

Pire encore, alors que le profil bas s’imposait, il a tenu à se justifier devant la scène internationale dans le cadre du sommet de l’OTAN affirmant doit dans ses bottes : « je n’accepterais jamais que puisse être mis en cause l’engagement de toute ma vie, tout ce qui a fondé ma vie politique (…) de la relation humaine que j’ai avec les plus fragiles, les plus humbles, les plus pauvres, je suis au service des plus pauvres, c’est ma raison d’’être, tout simplement ma raison d’être » mettant d’une part en doute la parole de son ex-compagne, et en la menaçant par la même occasion. vidéo

Une courte vidéo illustre bien le décalage entre tous les chefs d’états réunis au sommet de l’Otan : alors que tous regardent dans une seule direction, le président français tourne obstinément le regard de l’autre coté. lien

« Quand on touche le fond, on creuse encore » grince une députée socialiste, accusant implicitement François Hollande d’abimer encore un peu plus la fonction présidentielle.

Mais comment imaginer que Valérie Trierweiler ait pu inventer cette expression « les sans-dents  » qu’elle attribue à son ancien compagnon ?

En tout cas, le coup médiatique de celle-ci est un succès qui bouscule toute la fameuse « rentrée littéraire », puisque le livre est déjà en réimpression, tout en étant proposé en version numérique pour les plus pressés. lien

Le Président va atteindre dans quelques jour la moitié de son mandat, et on ne voit guère comment il pourrait tenir encore, même s'il entend aller jusqu’au bout ? lien

Il n’a cessé de mentir d’abord à son ex-compagne, et surtout à la France entière, ce qui lui fait perdre le peu de légitimité qu’il lui restait.

A la lecture des pages de « merci pour ce moment », on découvre la première rencontre après la rupture, déclarant d’abord qu’il la trompait depuis un mois, puis 3, 6, 9 mois, et enfin avouant qu’il la trompait depuis un an…

Elle fait un bilan accablant de la politique qu’il mène, écrivant : « où est le président exemplaire ? Un président ne mène pas 2 guerres tout en s’évadant dès qu’il le peut pour rejoindre une actrice dans la rue d’à côté. Un président ne se conduit pas comme ça quand les usines ferment, que le chômage augmente… »

On découvre qu’il a non seulement un mépris pour les plus pauvres, mais qu’il traitait son « ex » de Cosette, pour son origine sociale, et alors qu’elle a un faible pour les petits bistrots, il aime les grands restaurants, préférant les grands hôtels alors qu’elle aime les petites auberges…lien

Au-delà du drame amoureux, c’est donc toute la France qui a été trompée, et on se demande si elle va réagir, ou rester les bras ballants ?

Le 16 septembre, Manuel Valls espère que les députés lui accorderont leur confiance, mais le mouvement des frondeurs va-t-il s’amplifier ?

Les socialistes détiennent 290 des 577 sièges, n’ayant qu’un petit siège permettant la majorité absolue, et certains députés de l’UMP, approuvant la politique hollandaise faite de cadeaux aux patrons, et basée sur une politique de l’offre, pourraient soutenir le gouvernement.

Lors de sa nomination, Valls avait obtenu le 8 avril 2014, 306 voix pour et 239 contre, 6 écologistes, 3 radicaux, et 11 membres de l’aile gauche du PS s’étaient abstenus. lien

Puis lors du vote concernant la stabilité budgétaire, le 29 avril, 41 socialistes s’étaient abstenus… ce chiffre retombant à 33 lors du budget rectificatif du 8 juillet. lien

Qu’en sera-t-il cette fois ?

En avril 2014, ils étaient 90 frondeurs à réclamer un nouveau « contrat de majorité  ». lien

S’ils étaient cohérents, ils devraient refuser de voter la confiance, ne donnant donc théoriquement que 216 voix au gouvernement, et même si quelques députés de droite apportaient leur confiance, ce serait donc la dissolution, et la chute de François Hollande.

Mais les frondeurs vont-ils aller jusqu’au bout de leur logique ?

On sait que Emmanuel Macron a annoncé qu’il se passerait de l’avis des députés pour faire passer son programme, ce qui ne devrait pas calmer les contestataires, mais devant le risque encouru vont-ils sagement jouer les godillots, ou provoquer la dissolution ?

Cette dissolution n’arrange pas les affaires de l’UMP, qui est en pleine décomposition, et préfèrerait avoir eu le temps de se reprendre, Nicolas Sarközi jouant les arlésiennes et attendant la fin du mois pour se déclarer, alors que ses ennuis juridiques s’accumulent, et que d’autres à droite sont candidats… lien

A l’extrême droite, Marine le Pen, alors qu’elle mettait UMP et PS dans un même sac, a récemment changé d’avis, car en proposant à Hollande d’accepter de lui confier une place de 1er ministre, elle prouve qu’elle serait à l’aise dans ce sac qu’elle vilipendait jusque là. lien

Les quelques élus de ce parti ont déjà montré le visage du FN lorsqu’il parvient au pouvoir.

Le maire de Hayange, Fabien Engelmann vient d’être accusé par son ex-première adjointe d’avoir omis de déclarer certaines dépenses de campagne…lien

David Rachline, celui de Fréjus, qui tout en affirmant qu’il faut être exemplaire pour montrer ses capacités à prendre le pouvoir au plus haut niveau, a trouvé des prétextes discutables pour fermer un centre social, et dès son élection s’est opposé à la construction d’une mosquée, alors qu’il avait affirmé lors de sa campagne qu’il ne stigmatiserait pas les musulmans. lien

Robert Ménard, à Béziers, se lance dans la discrimination en instaurant le couvre feu pour les enfants de moins de 13 ans, mais en le limitant au quartier « black-blanc-beur  » de la Dévèze, quartier pourtant calme. lien

A Mantes la Ville, Cyril Nauth, à privé de leur salle de prière les musulmans de la ville, sans tenir compte de la règle citoyenne qui veut que la liberté du culte soit respectée. lien

Le nouveau maire du Luc en Provence n’a pas hésité à augmenter son salaire de maire, ainsi que celui de ses adjoints, tout comme Marc-Etienne Lansade, maire FN à Cogolin. lien

A Hénin Beaumont, Steeve Brivois, à privé la ligue des droits de l’homme de leur local.

Franck Briffaud, à Villers-Cotterêts, ferme la marche : il a eu un acte peu républicain en refusant de commémorer l’abolition de l’esclavage.

L’exemplarité dont se vantait le FN n’est donc pas au rendez vous.

Quittons ce parti pour le centre, avec François Bayrou qui a vu sa côte faire un bond impressionnant en avril 2014, parallèlement à celle d’Alain Juppé, mais ce mouvement va-t-il perdurer ? lien

Mais la politique fiction connait ses limites, même si un sondage récent affirmait que Marine Le Pen battrait en 2017 François Hollande au second tour.

En effet ce sondage Ifop avait posé la question : « si dimanche prochain avait lieu le premier tour de l’élection présidentielle de 2017, pour lequel de ces candidats suivants y aurait-il plus de chances que vous votiez ? »

30 % avaient choisi Le Pen, devant Juppé (24%), Hollande ne récoltant que 16%. lien

Mais n’est-ce pas se tromper de question, car au-delà des candidats, n’est-ce pas surtout la 5ème république qui est contestée ?

Quid du nombre effarant de députés, quid de leurs avantages exorbitants incompatibles avec la situation du pays, quid de ces retraites offertes aux grands élus, de leurs privilèges (voiture de fonction, garde du corps…) (lien) quid de l’intérêt du conseil économique et social, quid du contenu de la constitution souvent obsolète…etc ?

Aujourd’hui d’autres choix politiques sont proposés, choix dans lesquels on s’agite autour du concept de décroissance, de revenu de base, de partage et de solidarité réelle, certains n’ayant pas attendu des lendemains qui chantent en mettant en place des programmes audacieux, dans le droit fil de l’exemplaire Totnes, avec le choix d’une réelle transition. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « ne juge pas le grain de poivre à sa taille »

L’image illustrant l’article vient de « radioscoop.com »

Merci aux internautes de leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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