Dimanche, à Paris, une après-midi de déshonneur
par Pelletier Jean
lundi 27 janvier 2014
Je n’aurai jamais cru cela possible, que plusieurs milliers de fascistes et de factieux puissent impunément occuper les boulevards de Paris en y poussant leurs slogans de haine. Il fût un temps (bien lointain) où la ligue communiste et d’autres mouvements savaient empêcher cette atteinte grave aux principes mêmes de notre démocratie.
Quenelles, passe encore, mais on a vu des saluts nazis à répétition et surtout de nombreux slogans antisémites, digne de la période pré-nazi dans l’Allemagne d’entre les deux guerres. Cela fait froid dans le dos. Surtout, il ne s’agit plus des manifestations regroupant quelques dizaines d’extrémistes, comme on a pu les connaitre dans le passé.
C’est donc avec désespoir que je constate qu’à la date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz (69 ans) et 80 ans après les défilés des ligues d’extrêmes droites contre la république (le 6 février 1934), Paris vient de donner à nouveau cette bien triste image d’une France qu’on espérait ne plus jamais revoir.
Quelques sinistres exemples de ce défilé dit de colère :
- Yvan Benedetti, toujours très actif à » l’œuvre française » (pourtant dissoute) entrainant ses troupes au cri de « Travail, famille, patrie » la devise des collabos et du maréchal Pétain,
- Sélection des slogans les plus criés : « Juif, la France n’est pas à toi », « Europe pédo criminelle sioniste satanique », « Hollande ou le CRIF, qui dirige qui ? », le complot juif est de retour…
- Alain Escada, leader de l’Institut catholique intégriste Civitas mène ses troupes sous la banderole « Catholiques en colères » et la foule scande : « Francs-maçons ennemis de la nation », « Journalistes, collabos, salopes.. », « Femen salopes, bande de putes, la France aux Français. »
Cela fait beaucoup, c’est de trop et l’indignation ce lundi du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ou du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples) me semble bien insuffisante. Il fût un temps où la profanation d’un cimetière juif avait suscité un immense cortège d’indignation dans les rues de la Paris, à la tête duquel le Président de la république de l’époque était venu ajouter de tout son poids.
Je veux bien que l’on parle d’un ramassis hétéroclite d’intégristes catholiques, d’opposants au mariage homosexuel, d’admirateurs de Dieudonné, d’identitaires, de groupes d’extrême droite etc.. Pour autant, même si l’on ne reprend que les chiffres de la police 17 000 personnes, c’est énorme comme caution donnée à la droite la plus extrême, fasciste, raciste et factieuse.
Faut-il se taire ou manifester son indignation, telle est la question.