Divorce parlementaire
par C’est Nabum
samedi 2 février 2013
Mariage, Mariage, mais quel mariage ?
L'invective comme unique argument …
Ce qu'on nomme bien abusivement le débat parlementaire sur le projet de loi relatif au mariage pour tous est particulièrement significatif de la dégradation du débat contradictoire dans notre nation et tout particulièrement au parlement. Le spectacle des petites haines, des saillies assassines, des procès d'intention, des distorsions de l'histoire, des manipulations du réel est si affligeant qu'une fois encore, la honte me monte au front.
Quel citoyen raisonnable peut encore se sentir représenté par ces personnages vociférants et beuglants, chahuteurs honteux, prétentieux et vulgaires qui prétendent parler en notre nom. Le divorce parlementaire est prononcé. Le débat sur la mariage pour tous semble démontrer que la France est coupée en deux sur un sujet qui devrait simplement faire appel à l'humanité et la réflexion.
Mais de ces deux qualités, il n'est nullement question que nos députés, si chèrement payés, se prévalent. Ils sont en représentation, ils doivent tenir des rôles définis par d'anciennes caricatures de notre société. Les uns se décrètent défenseurs des valeurs morales, soutiens intransigeants de la famille traditionnelle et de l'héritage des grands monothéismes. Les autres se font les tenants de la liberté, de l'égalité et du progrès des mœurs.
Rien pourtant n'est aussi simple, aussi clairement découpé. Dans le lot, il y a sans doute de braves gens ayant des opinions plus nuancées, une vision plus ouverte du débat. Mais il n'est pas question de transiger, chacun doit camper sur des positions définies par des conseillers en communication, des stratégies politiques et des sondages d'opinion.
Alors, pour de petits calculs honteux, pour se concilier l'électorat catholique d'un côté, les voix des homosexuels et des libertaires de l'autre, on tombe dans la surenchère verbale. Mis à part madame Boutin qui doit croire à ce qu'elle avance, les autres sortent des énormités pour le seul plaisir de flatter leur clientèle. Et nous assistons désolés et honteux à ce spectacle dégradant.
La droite fait feu de tous bois pour se redonner une crédibilité morale. Nous avons pu constater qu'avec l'ancien président, les valeurs évangéliques n'étaient pas leur principale préoccupation. Depuis, les temps ont changé et il est nécessaire de porter le fer en se prévalant de la croix. La gauche a besoin d'une onction humaniste. La gestion libérale de la crise l'enferme dans une posture petit bourgeois qui a besoin d'un peu de souffle pour être oubliée. Elle doit se faire la championne de la tolérance, elle qui se vend aux lois iniques du marché.
Et les mots volent, les répliques fusent, les arguments imposés par les officines de riposte sont lancés à la face d'une société atterrée par tant de médiocrité et de vulgarité. Le débat est caricatural, les uns taxent les autres d'homophobie quand les autres n'hésitent pas à en appeler à l'inceste ou à la zoophilie. Nulle sanction d'ailleurs pour ceux qui se rendent coupables en notre nom de telles horreurs !
Le triangle rose fait son entrée en scène quand les autres prédisent la disparition des mots « Père & mère ». Nous sombrons dans le ridicule avec des milliers d'amendements, arme qui fut en son temps utilisée par la gauche contre la minorité d'aujourd'hui. Que ces respectables personnages n'oublient pas que tout ce qui ridiculise le débat, tout ce qui rabaisse la pensée favorise les plus bas instincts.
Qu'une fois encore, ce soient nos représentants qui nous offrent ce spectacle ne devrait plus nous mettre en colère. Cet inexorable naufrage de la réflexion politique est inscrit dans les règles d'une démocratie confisquée par deux partis et une caste politique qui ne rend plus de comptes à quiconque. Ce débat atteste une fois encore de l'urgence de changer de république et de renvoyer chez eux TOUS ces indignes personnages, ces parlementaires qu'il faudrait faire taire …
Exaspérément leur.