Double nationalité : Marine Le Pen adresse une lettre aux députés
par Jean Lannes
mercredi 1er juin 2011
Ce n’est un secret pour personne, le fonctionnement de la démocratie réelle en France laisse fortement à désirer. Ainsi, un parti à l’audience croissante comme le Front National ne dispose-t-il d’aucun député à l’Assemblée Nationale. Même constat en ce qui concerne les partis dits d’extrême gauche. Ce manquement démocratique est un problème auquel il va falloir, un jour où l’autre, remédier. C’est dans cette démarche que Marine Le Pen, présidente du Front National, a adressé mardi 31 mai une lettre ouverte à chaque député.
Dans ce courrier, il n’est pas encore question de remettre en cause ce système représentatif défaillant, mais plutôt de le contourner. Marine Le Pen, désirant faire entendre la voix de son parti et de ses électeurs, a ainsi mis sur la table par lettre interposée un débat essentiel pour notre pays aujourd’hui : le principe de double nationalité.
« Vous le savez, l’Etat et la nation sont en France indissociables. C’est en effet du sentiment d’appartenance à une même nation que l’Etat tient dans notre pays sa légitimité. Lorsque la solidarité nationale est atteinte, c’est l’autorité de l’Etat qui se délite » a constaté la candidate à l’élection présidentielle de 2012, avant de poursuivre son raisonnement : « La multiplicité des appartenances à d’autres nations contribue aujourd’hui, et d’une manière de plus en plus préoccupante, à affaiblir chez nos compatriotes l’acceptation d’une communauté de destin, et par là-même à miner les fondements de l’action de l’Etat ».
L’exemple libyen, le tabou algérien
Pour illustrer ses propos, la présidente du FN a privilégié une actualité brulante avec la question de l’intervention en Libye. « Peut-on raisonnablement penser que la France aurait demandé une intervention en Libye si nous avions compté le même nombre de binationaux franco-libyens sur le sol français ? » a-t-elle questionné dans le but de mettre le gouvernement Sarkozy face à ses contradictions. Et de renchérir avec le cas délicat, et jamais abordé, de l’Algérie : « Comment ne pas trouver potentiellement explosive une situation qui verrait la France intervenir sur le territoire algérien, qui plus est sous la bannière de l’OTAN, avec la présence massive de citoyens tiraillés par leur double allégeance ? »
« L’échec patent de la double nationalité s’est affiché jusque dans diverses rencontres sportives récentes, à la suite desquelles de jeunes Français binationaux ne brandissaient pas notre drapeau tricolore, mais la bannière d’une autre nation. Ces soirs-là, nombre de nos compatriotes furent légitimement choqués » a estimé Marine Le Pen, profitant également de l’affaire des quotas de binationaux à la FFF qui suscite le débat encore aujourd’hui.
Assimilation et double-nationalité : l’incompatibilité absolue
Il est vrai que, depuis quelques années, le modèle français d’assimilation qui faisait la force de notre pays a été, semble-t-il, laissé sur le bas côté. Par lâcheté, sans doute. Par soumission, aussi. Ainsi aujourd’hui sommes-nous rongés par le communautarisme, la division et les tensions diverses. On nous parle d’intégration, de discrimination positive, d’insertion… mais l’échec est total. Pourquoi ? Car la réalité de notre grand pays est toute autre. Depuis des siècles, la formule reste inchangée : on ne négocie pas avec la culture française, on s’y soumet.
Partant de cela, la double-nationalité est au cœur de la question. « Comment ne pas voir que résident dans cette double nationalité l’un des ferments principaux d’atteinte à cette cohésion républicaine dont la France a plus que jamais besoin et un puissant frein à l’assimilation des Français issus de l’immigration ? » s’interroge la présidente du Front National. « Dans l’intérêt de la France et des autres nations, (...) il est ainsi nécessaire d’engager une démarche authentiquement républicaine en mettant fin à la double nationalité, et de demander à chacun de nos compatriotes placés dans cette situation, de choisir son allégeance : la France, ou un autre pays » ajoute-t-elle.
Des questions essentielles, vitales, qui doivent être posée. Et ce n’est pas le manquement démocratique de notre République de façade qui a empêché Marine Le Pen de mettre la question de la double nationalité au cœur du débat. « C’est à vous, membres de l’Assemblée Nationale, chambre de représentation du peuple français, que j’adresse cette demande de modification législative » a-t-elle conclu en précisant ne pas douter des bonnes volontés individuelles au sein de tous les partis. Une affirmation qui reste cependant à prouver. L’avenir seul nous dira s’il existe encore, aujourd’hui en France, l’espoir d’une démocratie meilleure.
- Lire la lettre dans son intégralité
Christopher Lings ( Le bréviaire des patriotes )