Du devoir de mémoire à l’opération politique

par CHALOT
lundi 12 novembre 2012

Il n'y a rien d'innocent en politique et l'acceptation du cadre commémoratif nouveau prévu par Sarkozy et appliqué par le nouveau gouvernement ne présage rien de bon...

C'est la dénaturation de la commémoration de l'armistice et la justification de toute nouvelle aventure impérialiste !

L'année dernière de nombreux élus ont exprimé leur surprise et même leur réprobation à la lecture du message officiel gouvernemental par chaque Maire lors de la commémoration du 11 novembre 2011.

Ce discours « national » était en rupture avec la tradition républicaine qui voulait que l'on honore les morts civils et militaires de la grande guerre.

Il fallait honorer tous les morts de toutes les guerres, morts pour la France, y compris ceux tombés en Afghanistan.

Il s'agissait là d'une escroquerie et d'un amalgame.

Il s'agissait de considérer que les conflits étaient de même nature et surtout de justifier les aventures impérialistes en Irak, en Afghanistan et en Afrique

Voilà d'ailleurs la déclaration fort honnête et correcte lue par le maire Front de Gauche de Grigny l'an dernier

 A ce propos, permettez-moi de m’élever contre l’initiative prise par le Président de la République, relayée par le Préfet et qui somme les maires de lire lors de cette cérémonie le message surprenant de Monsieur Sarkozy dont je vous cite un extrait :

« … désormais, chaque 11 novembre, tous ceux qui ont donné leur vie pour la France, que ce soit pour la défense de la Patrie ou lors des opérations extérieures auxquelles notre pays participe, seront également associés à cet hommage solennel de la Nation.

Aujourd’hui, en ce début de XXIème siècle, nos troupes sont engagées en Afrique, au proche Orient, en Afghanistan et des soldats continuent de tomber sous le drapeau Français pour que note drapeau, lui, jamais ne tombe. »

Si nous nous inclinons et nous inclinerons toujours devant les morts de toutes les guerres, quelque soit le champ de bataille nous savons, aussi, que cette envolée lyrique est censée nous faire oublier qu’il n’y a pas de guerre juste. L’histoire nous l’a démontré, notamment pour ce qui concerne les guerres coloniales auxquelles la France à participé et continue de participer.

Au cours des dernières années, notre pays s’est associé ou s’est engagé directement dans des aventures guerrières coloniales sans que la représentativité populaire n’ait eu à donner son avis, faut-il le rappeler.

La dernière en date, et qui déshonore notre pays, de la même manière qu’il s’est déshonoré en son temps au Vietnam, à été portée par un philosophe autoproclamé parti en croisade contre un pays souverain pour y assassiner son chef de l’État.

Outre qu’un coup d’état, porté et revendiqué par l’Otan, est une grande première dans l’histoire des nations, le prétexte invoqué dénote une méconnaissance totale du fonctionnement intérieur du pays en question.

Le mensonge d’État a toujours servi de prétexte au déclenchement des hostilités et les soldats qui sont tombés dans ces guerres coloniales ne sont pas tombés pour que « notre drapeau, lui, jamais ne tombe » mais pour défendre les intérêts des grandes compagnies pétrolières, financières et autres multinationales que la reconstruction des ces pays va enrichir, plus encore.

Sauf que ce sont des milliers d’êtres humains, femmes, enfants, hommes, vieillards qui sont tombés sous les bombes et les balles de l’OTAN ces derniers mois et c’est la France qui a armé le bras des assassins. Je souhaite que personne ne l’oublie et que les tentatives de réécriture de l’histoire soient vouées à l’échec par notre vigilance commune. »

René BALME
Maire de Grigny 69520

Présent ce matin au monument aux morts de ma ville dans le cadre de l'application de mon mandat, je fus stupéfait à la lecture du discours écrit par le nouveau ministre issu du nouveau gouvernement.

Je ne fus pas seul dans ce cas et beaucoup d'élus républicains auront certainement été choqués à la lecture du la brève déclaration faite à Paris par François Hollande, président de la république :

"Nous célébrons tous ceux qui sont morts pour la France"

"Le 11 novembre c'est l'évocation de la Grande guerre, nous ne devons jamais oublier tous ceux qui se sont sacrifiés pour que nous soyons ce que nous sommes aujourd'hui (...) Et puis, c'est vrai qu'une loi a été votée et qu'aujourd'hui nous célébrons aussi la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France"

J'aurais pu comprendre que ce nouveau gouvernement nous explique qu'il lui avait manqué de temps pour faire abroger la loi Sarkozy mais malheureusement, c'est le silence radio...

Il serait même question que la « gauche » laisse en l'état cette loi du du 28 février 2012 fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France

Nous prépare t-on de nouvelles interventions militaires extérieures ?

Poser la question c'est y répondre !

Jean-François Chalot


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