Duel dans le bocage

par François Kraus
mardi 24 octobre 2006

Ce n’est pas sans un malin plaisir que Jean-Marie Le Pen est venu ce dimanche titiller Philippe de Villiers sur ses terres vendéennes.

Pour le président du FN, cette promenade dans le fief du président du MPF n’était pas dénuée de signification envers un homme qui a placé la chasse aux électeurs FN au cœur de sa stratégie.

En rendant hommage à Georges Clemenceau lors de son déplacement à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), Jean-Marie Le Pen n’a, semble-t-il, pas fait que célébrer la mémoire du "père de la Victoire", cette grande figure républicaine qui sut, en son temps, incarner un certain consensus national autour de la défense du pays.

Pour Jean-Marie Le Pen, l’âge auquel le sénateur radical fut appelé aux responsabilités (77 ans) était sans doute aussi un élément à rappeler à ceux qui critiquent l’âge avancé (79 ans) qu’il aura en 2007. Face à un Philippe de Villiers qui se présente comme l’homme du renouveau de la droite nationale, le message était clair, et en évoquant le parcours du Tigre, le natif de la Trinité-sur-Mer n’a d’ailleurs pas pu s’empêcher de reprendre une formule gaullienne déjà célèbre : "Qui pouvait sérieusement croire pourtant qu’à 79 ans, il allait entamer une carrière de dictateur ?". Elément de modération, son âge ne sera donc pas un handicap mais un atout pour rassurer dans la course à l’Elysée...

Présent à quelques kilomètres pour une visite dans une entreprise en construction, Philippe de Villiers a quant à lui répliqué sur le sujet en expliquant que le leader du FN avait rendu là "un hommage subliminal à l’homme qu’il aurait rêvé d’être" - sous-entendu qu’il n’a pas été -, à la fois "homme de protestation et homme d’action". Et au sujet de la visite de son homologue du FN sur ses terres, le vicomte a ajouté, non sans malice : "Ce sont généralement les petits candidats qui viennent chatouiller les grands chez eux. Eh bien nous sommes là dans un statut prémonitoire..."



A noter que ce déplacement de Jean-Marie Le Pen sur une terre symbole de la contre-révolution aurait pu passer pour une volonté de donner le change, après sa balade sur le haut-lieu révolutionnaire de Valmy. Après son hommage très "républicain" aux combattants de la Révolution, le président du Front national aurait pu en effet chercher là à équilibrer un discours historique qui avait quelque peu choqué dans les rangs du FN.

Or, il a évité soigneusement de se rendre sur les lieux commémoratifs des guerres de Vendée, s’inscrivant par là dans la démarche de respectabilité républicaine impulsée par sa fille Marine. S’il est venu provoquer Philippe de Villiers sur ses terres, Jean-Marie Le Pen ne cherchait donc pas à s’enfermer dans ce créneau idéologique si caractéristique du député vendéen.

Pour en savoir plus :

Laurent BARTHELEMY - Le Pen et de Villiers s’affrontent dans le bocage vendéen (Métro - 22 octobre 2006)

Francois KRAUS - Le Pen dans le vent des moulins républicains (Election-presidentielle.fr - 21 septembre 2006)


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