Election : les plus déçus, ce sont les pauvres !

par Robert GIL
jeudi 10 mai 2012

A l’annonce de l’élection de F. Hollande, les commentaires fusaient sur facebook : « la France est un pays d’assistés » « le vrai changement c’est dans cinq ans » « on était fier d’être français maintenant on va survivre » « la France va devenir un pays musulman » « les riches vont partir, on aura plus rien » « maintenant ça ne sert plus à rien d’avoir un bon job » « avec un Smig à 1500 euros on va payer des impôts » « merci au 52% des français qui ont mis les autres dans la merde » « il va ruiner la France, déjà que les caisses sont vides » « il va embaucher des fonctionnaires pour nous appauvrir » « moi j’arrête les études je ne veux pas travailler pour rien »…j’en passe et des meilleurs !

Ces commentaires proviennent de gens qui galèrent, qui vivent de petits boulots, de précaires qui bouclent difficilement les fins de mois, bref en majorité des gens normaux, plutôt issus des classes populaires et qui comme beaucoup de pauvres n’aiment pas la gauche. Alors je les rassure tout de suite : le PS n’est pas gauche, ils n’ont rien à craindre, les plus riches continueront de les exploiter comme de la main d’œuvre docile et bon marché. Qu’ils continuent tranquillement à se lâcher sur facebook, c’est un bon défouloir qui ne changera rien à leurs problèmes, bien au contraire, à travers ces messages ils servent de fait la pensée dominante.

Les classes dirigeantes ont réussi en quelques décennies à domestiquer les plus pauvres. Aujourd’hui ils développent spontanément le « syndrome du larbin ». Ce syndrome extrêmement dangereux risque de contaminer leur progéniture, car les seuls remèdes sont la réflexion et la prise de conscience, qui sont minutieusement altérées par les élites dans l’indifférence quasi générale. En outre, par un tour de passe-passe incroyable, ils font en sorte que les classes populaires acceptent qu’on les prive de ces remèdes pour les remplacer par un virus de destruction massive auquel ils ont droit de manière illimitée : la télévision !

Je ne sais pas pourquoi, les chiffres les rassurent ; pendant la campagne présidentielle, ils étaient à l’affut de chiffres et de pourcentages. Au boulot il y a un collègue qui au premier tour a hésité entre Le Pen et Mélenchon, finalement il a voté Le Pen parce que son programme était mieux chiffré ! J’ai halluciné, lui qui n’arrive pas à boucler ses fins de mois, qui se laisse avoir par les organismes de crédit, qui n’arrive pas à gérer son budget, qui ne sait pas lire une fiche de paye et qui a du mal à faire une division, et bien il a jugé la validité d’un programme économique d’un pays par rapport à un autre !

Faut croire que les chiffres rassurent l’opinion et que les pourcentages sont un gage de sérieux, même si au final ils sont faux ou complètements farfelus, comme cela s’est déjà vu. L’avantage avec les chiffres c’est que l’on peut leur faire faire des tas de contorsions et leur faire dire tout et n’importe quoi.

Par contre si certains chiffres comme les 172 milliards de niches fiscales dont bénéficient les grosses entreprises, les 600 milliards que les riches ont fait disparaitre dans les paradis fiscaux ou les 200 milliards annuels qui sont passés des revenus du travail aux revenus du capital les laissent indifférents ; il n’en est pas de même pour les deux milliards que vont « coûter » les 60 000 fonctionnaires que veut embaucher Hollande ! Comprenne qui pourra, au final, les pauvres méritent peut-être leur sort  ? On peut les voler, les détrousser, les exploiter tant que l’on veut, l’important, c’est que leur voisin ou leur collègue de boulot ne puissent améliorer leur situation par rapport à la leur, ou profiter d’un « avantage » auquel eux-mêmes n’auraient pas droit !

Yan HAMAR pour Conscience Citoyenne Responsable

http://2ccr.unblog.fr/2012/05/08/election-les-plus-decus-ce-sont-les-pauvres/


Lire l'article complet, et les commentaires