Elysée 2017 : Guerre fratricide à gauche

par Abdelkarim Chankou
jeudi 26 janvier 2017

Valls n’est pas stable et cette instabilité l’emporte sur sa première qualité : la loyauté, la courtoisie et le respect des règles du jeu et de bienséance Mais malheureusement en politique l’angélisme ça mange pas de pain.

Il faut vraiment être un acharné ou avoir une tête de cabochard pour commenter les résultats du premier tour d’une primaire française deux jours après le méga show d’investiture de Donald Trump et son cortège de manifestations hostiles qui outre les Etats-Unis ont été organisées dans plus de 70 pays dont la France (on se demande vraiment s'il y a une vie après Trump). D’autant plus que les chiffres de ce premier tour sont encore partiels et de possibles cafouiallges sur le nombre réel des bureaux de vote ainis que sur le taux de participation ne sont pas à exclure. Mais que voulez-vous ? L’exercice est irrésistible. Mais comme ces premier résultats n’ont pas beaucoup de chance de trop changer, basons nous donc sur ce qu’on a sous la main pour une faire une petite analyse maison, c’est-à-dire celle d’un observateur qui ne roule pour aucun des candidats, ni de gauche ni de droite ni du centre ni des extrêmes. Un peu plus de 36 % pour Benoît Hamon (36,21%), un peu plus de 31 % pour Manuel Valls (31,19 %), et un moins de 18 % (17,62 %) pour Arnaud Montebourg. Et comme le candidat bourguignon arrivé troisième a appelé à voter pour Hamon, l’on peut dire sans médire, si toutefois la consigne est respectée, que les carottes sont déjà cuites pour Valls et ce n’est pas les reports de voix des quatre autres candidats éliminés qui vont le sauver. Et même si les voix des trois candidats Bennahmias, Peillon et de Rugy vont à Valls en plus de celles de la candidate Pinel (1,99 %) qui a apporté clairement son soutien à Valls, il n’y aura guère plus de 43,94 % de suffrages dans le chapeau de Valls contre près de 53,83 % dans l’escarcelle de Hamon. Et ces chiffres peuvent encore évoluer. D’ailleurs cette réalité qu’est la presque impossibilité de passer au second tour n’a pas échappé au candidat Valls lui-même qui paye ainsi sa politique jugée antisociale voire ultralibérale par le courant des radicaux du PS dits « frondeurs », en l’occurrence la Loi Travail passée en force via le 49-3, bistouri que Valls a utilisé trois fois avant de promettre de le supprimer  s’il accède à la magistrature suprême en mai 2017. « Je proposerai, hors texte budgétaire, de supprimer purement et simplement le 49-3. » a déclaré l’ancien premier ministre de Hollande. On le voit Valls n’est pas stable et cette instabilité l’emporte sur sa première qualité : la loyauté, la courtoisie et le respect des règles du jeu et de bienséance. Malheureusement en politique l’angélisme ça mange pas de pain. L’ex maire d’Evry qui a le sens de la formule admet implicitement donc que les carottes sont cuites pour lui. Commentant à chaud les premiers résultats de la première manche, il dira dans une déclaration qui ressemble à un chant de cygne qu’il appelle à choisir entre « la défaite assurée et la victoire possible ». Comprendre « soit moi soit la loose ! »

GAME OVER

Merci pour Hamon. Mais il a tort. D’abord parce que Hamon fera de lui une seule bouchée au second tour de la primaire à cause du mécanisme du report des voix clairement favorable à l’ex porte-parole du PS. Ensuite en raison du vote des quelque deux millions de chômeurs français qui seront très probablement séduits par la rente du «  revenu universel  », la belle promesse-phare de l’ancien député européen, qui fera un tabac chez les votants au moins parmi les jobless d’entre eux, lors du premier tour de la présidentielle le 23 avril 2017. « A la télé ils disent tous les jours : +Y a trois millions de personnes qui veulent du travail.+ C’est pas vrai : de l’argent leur suffirait. » dixit Coluche. Cette citation de l’inénarrable humoriste résume à elle seule et très bien l’impact qu’aura cette promesse sur le réservoir des sans emplois inscrits sur les listes électorales et qui voteront utile. Maintenant il reste à savoir si cette appel d’air qu’est le revenu universel garanti- qui n’est pas du goût de tout le monde surtout de ceux qui font du travail et du taux d’imposition et de distribution de la richesse nationale selon le patrimoine et le revenu un binôme sacré et intangible- fera passer à Hamon le premier tour de la présidentielle. Donc à moins d’un miracle ou d’un revirement radical des choix ou faits encore d’un sursaut massif et last minute de la majorité silencieuse en faveur de Hamon- dont une autre promesse-phare risque de mobiliser autour de lui, à savoir la sensible question des OGM, de la légalisation du cannabis, du parc automobile à diesel, des hormones dans les viandes et les médicaments innovants et coûteux qui selon le candidat doivent être pris en charge par la collectivité au bénéfice des familles non aisées- le 29 janvier signifierait le Game Over pour Hamon. A part ça, le second tour du 7 mai se jouera fort probablement entre Macron et Le Pen, Macron et Fillon ou Fillon et Le Pen. Cette dernière hypothèse étant mise en avant par un sondage BVA datant du 7 décembre 2016. Ce qui signifie pour le PS, miné par les divisions internes, l’entrée dans le long tunnel de l’incertain.

http://chankou.over-blog.com/2017/01/elysee-2017-les-carottes-sont-cuites-pour-les-grosses-legumes.html


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