Emmanuel Macron, le seul choix raisonnable pour une démocratie en fin de course

par Bernard Dugué
lundi 20 février 2017

Nul ne peut nier que la France comme d’autres nations occidentales vit une crise politique qui annonce la fin d’une époque sans pour autant livrer les contours du monde à venir. En 2017 les Français vont voter. Je m’interroge sur les choix possibles. Les comptes sont vite faits. Il me sera impossible de voter pour la plupart des candidats. Une argumentation honnête et détaillée nécessite un texte assez substantiel. Mais il est possible de résumer en quelques points son opinion politique.

1. Marine le Pen. Pour des raisons évidentes, il est hors de question de voter FN. Ce parti est composé de gens pour la plupart incultes et son programme de sortie de l’euro et l’Europe est suicidaire. Il suffit d’écouter les cadres du FN pour être dissuadé de voter pour ce parti qui néanmoins possède son utilité en tant que thermomètre des colères et du marasme actuel. On ne peut nier que des millions de gens vivent mal mais les solutions apportées par le FN sont inacceptables et ne feront qu’aggraver les choses.

2. François Fillon. Je passe sur l’affaire Pénélope pour examiner le positionnement de ce candidat dont le programme est assez classique, typique de ce que peut produire la droite française depuis des décennies avec des dispositions adaptées au monde contemporain. Fillon a la stature pour être président mais son projet est brutal. Il y a mieux à proposer que d’affaiblir la sécurité sociale pour tous et de réduire drastiquement les fonctionnaires, pour autant que cela soit possible. Il n’y a aucune honte à voter Fillon mais je ne voterai jamais à droite.

3. Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise. Préparez les tomates et les quolibets, je sens que mes propos vont déplaire ! D’abord, je me méfie d’un type qui n’a pas hésité à louer Castro et Chavez. Au vu du Venezuela actuel, on peut s’interroger. J’ai lu les dix propositions de Mélenchon. Aucune n’a une quelconque utilité pour améliorer la vie des gens. En caricaturant, Mélenchon incarne une sorte de tyrannie douce composée d’un mélange de terreur révolutionnaire, de Commune et de révolution bolchevique avec les éléments virulents extirpés pour les rendre compatibles avec l’Etat de droit. L’écologie de Mélenchon conduira le pays vers un lent déclin. Le communisme vert n’a pas plus d’avenir que le communisme soviétique. Mélenchon propose du vent qui n’est pas capable de produire de l’énergie éolienne. Son projet est organisé comme une planification telle qu’elle était en œuvre dans les années 50 et 60 du siècle précédent. La retraite à 60 ans qu’il propose suppose une augmentation des charges pour les actifs. Penser que taxer la finance sera une solution n’est qu’une rêverie adressée aux ignorants de l’économie dont fait partie Mélenchon qui de plus n’est pas un libéral au sens politique avec sa proposition de constituante purement démagogique, comme du reste l’idée de révoquer un élu par référendum populaire. Il existe déjà une possibilité de révocation, c’est de ne pas le réélire. C’est pour ces raisons et bien d’autres que je rejette le candidat des insoumis. Au nom de l’éthique de responsabilité. Je n’ai pas de temps à perdre à analyser le programme d’un type qui se comporte comme un tyran et qui croit que la politique se joue en faisant tomber des têtes.

4. Benoît Hamon. Le candidat socialiste n’a visiblement pas la carrure pour être un président mais je peux me tromper. Il faut se garder des préjugés. Quel reproche peut-on lui faire et quelles critiques face à son projet ? Le problème c’est que la mesure phare du revenu universel est irréalisable et que du reste, ce revenu est présenté dans une version qui tue l’idée qui sert de ressort. Il y avait une autre formulation plus intelligente avec l’idée de l’impôt négatif. Pour le reste, Hamon représente un parti socialiste dont le passé montre qu’il n’a pas su gouverner intelligemment ce pays et proposer des mesures efficaces, innovantes ou courageuses. Ce parti a trahi la classe ouvrière et se complait dans des lubies idéologiques improductives sur le plan civilisationnel. Néanmoins ce parti peut gouverner, mal certes, mais il peut gouverner.

5. Yannick Jadot. Je crois que c’est vite réglé. Jadot représente le totalitarisme écologiste ou pour le dire autrement, le fascisme vert avec ses apparats chics prisés par les bio bio. C’est un technocrate extrémiste. Pire que Mélenchon. Le seul bien que peuvent faire les Verts pour la France, c’est de s’éclipser.

6. François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan. En caricaturant, Asselineau c’est le Caliméro des présidentielles qui ne voit guère plus loin qu’un témoin de Jéhovah. Son nationalisme est inacceptable et son programme est suicidaire. Dupont-Aignan c’est la même chose mais en light. Le souverainisme est la maladie des nations devenues narcissiques.

7. Philippe Poutou et Nathalie Arthaud. Pour des raisons évidentes, il m’est impossible de voter LO ou NPA. Ce qui n’enlève rien aux qualités brillantes d’un Besancenot qu’on aura plaisir à écouter sur les plateaux de télévision. Quant à Poutou, il permet au spectateur de se dérider en regardant un débat présidentiel.

8. Emmanuel Macron. Le personnage paraît fabriqué mais s’il n’était pas habité, Macron ne serait pas dans la course présidentielle. Le phénomène Macron échappe aux catégories classiques de la politique. Le personnage est intéressant. L’absence de programme dont du reste il se réclame n’est pas un caractère rédhibitoire pour trois raisons. D’abord aucun gouvernant ne réussit à appliquer un programme qui permet son élection. Ensuite les conditions changent et l’idée d’un programme relève de la croyance en un monde gouverné par les lois déterministes. Enfin, l’idée de programme renvoie à un schéma épistémologique hérité de l’ordinateur et de plus, ce schéma transposé à la politique suppose que les électeurs sont extérieurs à la gouvernance et se placent comme des consommateurs à qui l’on propose des programmes comme au restaurant il y a des menus. La notion de projet est plus riche et englobante. Dans un projet politique, les citoyens sont impliqués dans la réalisation.

Les programmes des candidats sont composés de mesures phares irréalisables ou suicidaires et de mesures réalisables mais sans grande incidence !

L’atout de Macron pour les citoyens qui pensent comme moi, c’est qu’il est crédible pour la fonction présidentielle en permettant d’écarter les irresponsables que sont Mélenchon et Le Pen et les responsables de l’état médiocre du pays que sont le PS et LR. Cela dit, un vote PS ou LR est tout à fait honorable. Chacun défend ses intérêts en pensant amener au pouvoir un président ou une gouvernance crédible et légitime. Un vote FN ou Mélenchon ne doit pas être condamné. Les humains sont souvent gagnés par l’irrationnel et la folie. Le philosophe libéral que je suis ne peut pas condamner les fous. Il ne peut que tenter ce défi impossible de guérir le monde de la folie.

J’étais parti pour ne pas voter et si je vais aux urnes, c’est pour voter Macron parce qu’il m’est impossible de voter pour les autres candidats. Ce n’est qu’une profession de foi sans espérance. Mais tout est possible


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