En Libye, c’est la guerre

par Rousquille
lundi 21 mars 2011

Les s'en va-t-en guerre, les marchands d'armes et de prêts aux Etats surendettés, tous ceux à qui profitent le désordre et les diversions militaires à usage interne peuvent être contents : c'est la guerre en Libye depuis samedi après-midi. Quelques informations clés glanées sur des médias non complaisants à la version officielle des événements.

Après une première incursion aérienne française à 16h45 GMT qui a résulté dans la destruction d'un blindé —la presse britannique parle de son côté de rodomontades françaises ("lots of French posturing"), la Libye a saisi samedi le conseil de sécurité de l'ONU pour dénoncer ce qu'elle considère comme une ingérence grossière dans ses affaires intérieures.

Avant cela, le colonel Khadafi avait de son côté écrit à Sarkozy, Cameron, Obama et au secrétaire général de l'ONU pour leur dire qu'ils auraient à "se repentir" d'une intervention militaire en Libye. Le dirigeant libyen a affirmé à cette occasion que tout son peuple était avec lui et prêt à mourir pour lui, "hommes, femmes et enfants". Après la conférence de presse au cours de laquelle fut lue la missive de Kadhafi aux chefs de l'Empire, une troupe de femmes a pris d'assaut l'hôtel où sont installés les journalistes étrangers pour exiger que ceux-ci "disent la vérité sur la situation en Libye". 

"La Méditerranée et toute l'Afrique du Nord sont désormais une zone de guerre", devait tonner plus tard le chef et guide de la révolution libyenne (Khadafi a officiellement renoncé au titre de chef de l'Etat en 1979) dans un bref message à la population.

Samedi, les rebelles avaient annoncé la destruction de l'un de leurs ("vieux") avions de combat, nouvelle relayée par l'AFP. De son côté, le gouvernement libyen affirmait respecter le cessez-le-feu demandé par la résolution 1973 votée jeudi dernier par le conseil de sécurité de l'ONU prévoyant entre autres l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne( mais interdisant la présence de troupes étrangères au sol...). Il avait invité vendredi la communauté nterntionale à envoyer des observateurs pour constater l'arrêt des opérations militaires.

Les puissances occidentales se sont prévalues notamment de l'incident rapporté par l'AFP sur base d'un témoignage téléphonique émanant du QG des rebelles à Benghazi pour déclarer que Khadafi continuait à "défier le monde" et qu'il fallait donc passer à l'attaque, une intiative que le premier ministre britannique David Cameron a justifié à la Chambre des communes dans un discours aux accents lyriques.

Avant la première attaque, une conférence au sommet destinée à planifier les opérations militaires avait été convoquée à Paris par Sarkozy. Plusieurs pays du Golfe y participaient.

Obama a fait savoir depuis le Brésil, où il se trouve en visite officielle, que pas moins de 110 missiles Tomahawk lancés de navires américains étaient tombés sur des installations de défense anti-aérienne libyennes. A Paris, Hillary Clinton justifiait les attaques contre la Libye tout en apportant un soutien sans réserve à la dynastie régnante à Bahreïn, où sept manifestants —chiites— ont été abattus jeudi dernier par les forces de l'ordre à Manama.

Samedi soir, des missiles pleuvaient sur les quartiers résidentiels proches l'hôtel de la presse internationale à Tripoli, signale le journaliste de TELESUR, agence de presse latino-américaine ayant son siège à Caracas.

En Russie, pays qui, de même que la Chine et l'Allemagne, s'est abstenu lors du vote de la résolution 1973, le ministère des Affaires étrangères a déploré l'intervention militaire.

Au Vénézuéla et en Bolivie, Hugo Chavez et Evo Morales n'ont pas mâché leurs mots pour condamner ce qu'ils considèrent comme une intervention militaire de l'Empire destinée à faire main basse sur les richesses pétrolières de la Lybie. Le chef de la révolution bolivarienne a raillé ouvertement les motifs humanitaires de l'intervention occidentale en Libye, renvoyant au fait que les Etats-Unis et leurs alliés ont impunément causé la mort de un million de civils en Irak. Rappelons que le Vénézuéla avait proposé ses bons offices dans la crise.

Le ministère des Affaires étrangères libyen, après avoir signalé des dégâts matéreiels considérables ainsi que des pertes en vies humaines innocentes à la suite des bombardements franco-américano-britanniques, a déclaré que son pays considérait comme nulle la résolution de l'ONU, prendrait toutes les mesures nécessaires pour se défendre (y compris les moyens aériens) et cessait toute coopération avec l'UE dans le domaine de l'immigration clandestine.

Lampedusa prépare-toi.


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