En passant par la Lorraine

par olivier cabanel
mardi 13 octobre 2015

Cette vieille comptine qui nous parle de sabots, de vilaine et de capitaines, pourrait revenir à l’actualité avec la mise à pied de la candidate « républicaine », Nadine Morano, laquelle, comme l’on sait, briguait la tête de la Meurthe et Moselle pour les prochaines régionales.

On se souvient que, dans l’émission « on n’est pas couché  » Nadine Morano avait affirmé que la France était un pays de race blanche, et judéo-chrétien, oubliant au passage tous ceux qui, français pourtant depuis longtemps, sont athées, bouddhistes, ou colorés. lien

Devant l’indignation feinte, ou réelle, de son camp, elle est allée se recueillir sur la tombe de « mon général », qui, affirme-t-elle avait déjà défendu ce concept. lien

En réalité, précisons que c’est Alain Peyrefitte qui écrivait dans son livre « c’était de Gaulle » (collection Quarto/Gallimard) que De Gaulle aurait dit : « c’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des noirs, des bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France … ». lien

En mai 2013 l’assemblée nationale avait décidé la suppression du mot « race » de la législation française, mais on voit qu’il a encore la vie dure, et qu’il bouge encore, d’autant que la promesse de Hollande de le retirer de la constitution fait partie de la longue liste de celles non tenues. lien

Mais revenons à nos moutons...

La crise sociale et financière dans laquelle nous sommes plongés depuis quelques années, n’en finit pas de faire la part belle au front national qui utilise cette misère pour séduire les électeurs…

On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, en 2009 pour être précis, le FN avait déjà utilisé l’argument identitaire pour défendre sa conception de « l’identité nationale ». lien

Les socialistes de Hollande ayant manifestement déserté le « créneau social », lui préférant le social libéralisme renient le programme qui l’avait fait élire…

Alors le FN s’est engouffré dans la brèche.

Nadine Morano à donc repris pour son compte le fond de commerce du F.N…

Le feuilleton n’est peut-être pas terminé, puisque l’impétrante ayant refusé de s’excuser, a été débarquée sans autre forme de procès, et ne pourra pas représenter les « républicains » aux prochaines régionales. lien

On sait la porosité qu’il existe encore entre le FN et « les républicains », preuve s’il en est du récent désistement d’un responsable « républicain » via le parti d’extrême droite. lien

On se souvient aussi de la drague lourde et indéniable pratiquée par les responsables « républicains » lors des présidentielles 2012 (lien) tout comme en 2007 lorsqu’a été créé le ministère de l’immigration et de l’identité nationale. lien

Et comment ne pas faire un autre rapprochement avec cette ex-ministre sarkozyste, et Marine le Pen ne serait-ce que sur leurs noms ?

Morano, Marine…au-delà de la confusion possible de ces noms, il y a aussi une évidente convergence des idées, même si la patronne du FN a mis de l’eau dans son vin, et tente de se donner une image républicaine, alors que Morano tire ses « républicains » toujours plus à droite, avec l’aval de quelques éléphants du parti de droite, comme Copé, Fillon, ou Estrosi.

Morano menace, comme d’autres avant elle, de dézinguer Sarközi, mais ira-t-elle jusqu’au bout ou n’est-ce qu’une menace en l’air ? lien

Elle affirme que sa phrase « a été manipulée », et finalement, s’est excusée auprès « des français qu’elle aurait pu blesser  »…mais un peu tard.

Mais les excuses présentées n’ont pas empêché l'ex-ministre sarkozyste d’en remettre une couche, et d’affirmer que face à la cabale politique, elle se rendra le 15 octobre à BéziersSarközi entend tenir meeting, pour affirmer que la « France n’est pas une race », et elle montera sur scène pour dire : « ça suffit le lynchage politique ». lien

Sarközi, pour calmer le jeu, et sentant que ça pourrait tourner au vinaigre, lui a rappelé le 11 octobre « qu’elle faisait toujours partie de sa famille politique ». lien

Comment cela finira-t-il ?

Le feuilleton promet en tout cas des surprises et des rebondissements.

Lors de mon dernier article, un internaute taquin commentait avec humour, « en passant par la Lorraine, avec Morano…  »…et la tentation fut forte pour moi de prolonger la parodie.

D’autant que cette vieille chanson (chanson) créée en 1535 par certain Orlando de Lassus, a connu plusieurs rebondissements.

Elle s’intitulait au départ d'après Wikiipédia : « en en revenant de Rennes…  », puis la Lorraine pris la place de la bonne ville bretonne et la chanson est devenue réellement célèbre en 1870 lors de la proclamation de la 3ème république.

Le chansonnier Xavier Privas en fit en effet une parodie sous le titre de « croquemitaine », pour titiller Guillaume II, l’empereur germanique, en le faisant passer pour un mangeur d'enfants, ce dernier, on s’en souvient, ayant annexé en 1871 la Lorraine et l’Alsace. lien

Extrait : « en entrant dans la Lorraine, avec nos flingots (…) nous lui trouerons la bedaine, (celle de Guillaume) avec nos flingots » menaçaient les chanteurs. lien

Il s’agissait donc de faire vibrer la fibre patriotique des français, histoire de les inciter à aller au « casse pipe » lors de la 1ère guerre mondiale, et de récupérer ces régions. lien

La carrière de la comptine s’est prolongée grâce à un certain Momo, (lien) un petit garçon arabe qui la siffle dans le film de Romain Gary, « la vie devant soi  », et elle aurait aussi inspiré Brassens pour ses « sabots d’Hélène  ». lien

Alors, comme en France, tout finit par des chansons, dans la foulée, je vous propose ma nouvelle version, espérant qu’elle provoquera quelques sourires…et tant pis pour ceux que ça fera grimacer…

 

En passant par la Lorraine, y avait Morano

Elle rêvait de d’venir Reine de Mercy le haut

et de toutes les autres villes, de Metz a Bréhain la Ville

oh oh oh…Nadine morano

 

Mais Nadine est maladroite, et dérape souvent

Elle fait du tort à sa droite, et pas seulement

Elle sait pas fermer sa boite, et puis dans le fond elle s’en tape

oh oh oh, Nadine morano

 

On dit qu’elle est outrancière, qu’elle mâche pas ses mots,

Qu’elle cause comme une poissonnière, dans le genre vulgo

l’a pas peur d’être grossière, de choquer la terre entière

oh oh oh, Nadine Morano

 

Elle ose parler de race, et de religion

Et ce choix laisse des traces, trouble l’opinion

Sarközi est plus habile, ne dit que ce qui est facile

L’est malin, le petit Sarkö

 

Marine se la joue pépère, prenant ça de haut

Depuis qu’elle a tué le père, elle joue populo

Et refuse que Nadine de ses rangs prenne la file

Oh oh oh Marine Morano

 

Elle dit qu’elle est pas raciste, que tout le monde est beau,

Qu’elle a la fibre ouvrière, c’est ça qui est nouveau

Elle parle juste de frontières, des étrangers, des étrangères,

oh oh oh, Marine Morano

 

Fillon et Copé pudiques ne pipent pas mot

Au nom de leur république, ils font le gros dos

Et puis il y a les primaires, qui pourraient être galère,

oh oh oh, et ce serait pas beau

 

Pourtant le Copé naguère ne se privait pas

de métaphores boulangères sur le chocolat

Fillon, Estrosi, et d’autres ne valent pas mieux comme apôtres,

oh oh oh, avec leurs gros sabots

 

Comment finira l’histoire, personne ne le sait

Nadine s’il faut la croire, aurait des dossiers

sur son patron de naguère, jusqu’où ira sa colère ?

oh oh oh, sacré Morano.

 

Finira-t-elle dans un cirque, celui de Médrano

acrobate illusionniste faisant du vélo

à moins qu’elle dirige une clique, à coups de fouets et de trique,

en chantant « tous contre sarko »

 

En attendant le dénouement de cette histoire scabreuse, n’oublions pas que la doyenne de notre pays est noire…

Cette arrière-arrière grand-mère de 114 ans s’appelle Eudoxie Hermine Baboul, « mimine » pour les intimes, et elle est née le 30 septembre 1901 à Sinnamary, en Guyane. lien

Car comme dit mon vieil ami africain : « Blanc sans Haine (n), ça fait Blac(k)  ».

L’image illustrant l’article vient de w12.fr

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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Une version moderne de la vieille chanson, arrangée par le groupe rock « Looping » installé bien sur à Nancy est à découvrir sur ce lien.


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