« Entrée en scène »

par jlhuss
mercredi 28 novembre 2012

On pourrait presque dire merci à l’UMP d'occuper ainsi nos longues soirées sombres de l’approche du solstice d’hiver. Le feuilleton est soutenu, haletant, rebondissant. D’autant plus d’ailleurs que le film projeté par le pouvoir et Hollande est parfaitement chiant : un coup de « liberté de conscience » gommé le lendemain, le dialogue avec Mittal, « retient moi ou je fais un malheur », un chômage qui progresse encore, tout ça n’est guère palpitant même si l’on ajoute les coups de menton prodigués à Bruxelles.

Nous en arrivons au contraire, dans le feuilleton UMP, au « plat de résistance », aux choses sérieuses. Les vedettes américaines ont produit leurs effets. Certaines au minimum syndical, tel Alain Juppé, jamais convaincu par le rôle et très vite attiré par le retour en coulisses. D’autres avec l’aveuglement des aboyeurs patentés, la douceur du canon préparant la sortie de tranchées. Il faut bien une bonne préparation de terrain pour correctement asseoir l’assaut final, une bonne première partie avant l'arrivée de la vedette. C'est fait avec l’entrée en piste de celui que tout le monde surveille, même quand il est en conférence au bout du monde. Sarkozy est entré dans le jeu.

Il le fait avec une proposition « diabolique » pour les deux protagonistes, « faut-il revoter ? » en faisant largement savoir, par entourages interposés, qu’il est pour un nouveau scrutin. Que peuvent donc faire nos deux frères ennemis ? Pas grand-chose !

Fillon qui ne reconnaît pas Copé comme Président, pour vices cachés et de forme et de faits peut effectivement espérer qu’un nouveau scrutin scrupuleusement surveillé et dans des conditions équitables lui sera favorable. Copé qui a toujours clamé que seuls comptaient pour lui les militants, " et fi des barons" ne peut refuser de leur donner la parole. Sarkozy, sans le désavouer formellement reconnaît les irrégularités et le pousse du côté ou il « penche » Pour autant il ne donne pas complètement raison à un Fillon qui demandait un « revote » immédiat » et n’apparaît pas ainsi comme l’homme à la remorque des « barons », mais comme celui qui ne veut que le bien de l'UMP et plus largement soucieux de l'avenir de l'opposition. Bien joué l’artiste est le seul qualificatif raisonnable pour résumer son entré en scène : l'importance des "premiers pas" est bien connue et Copé doit encore regretter sa pantalonnade victorieuse, avant l'heure, du premier soir. Par ailleurs la non mise en examen de l'ancien Président, pourtant claironnée avec une certitude qui s'effondre, lui redonne souffle et vigueur, le "timing" est parfait.

Alors bien sûr, ce n’est pas terminé, Fillon, méfiant a tout de même créé son groupe « à titre conservatoire », immédiatement résilié s’il y a un nouveau vote. Il a raison d’être sur ses gardes et ne l’a sans doute pas été suffisamment initialement, abusé par des sondages flatteurs. Quant à Copé, difficile de faire plus « teigneux », il s’accroche à sa présidence jusqu’à un éventuel nouveau vote espérant pouvoir une fois de plus « dominer » l’organisation du référendum et de la nouvelle éventuelle élection. Il n’empêche que l’ancien Président de la République les a tous les deux obligés à jouer sa « partition » à lui et qu’il vient de reprendre et de manière très habile le premier rôle.

Comme l’écrit un éditorialiste un peu psychiatre : « Fillon pouvait gagner. Sarkozy a aidé Copé. Il a tué Juppé en validant l'intransigeance de Copé. Enfin, avec le méta-vote, il flingue Copé en douceur. Trois scalps à sa ceinture ! »

C’est sans doute exagéré, mais la formule est tellement belle qu’il eut été stupide de s’en priver.

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