Eric Besson a-t-il sacrifié son honneur pour la France (et ses convictions) ?

par elisabeth
lundi 28 décembre 2009

Depuis qu’il a rejoint Nicolas SARKOZY à un meeting de l’UMP, pour se mettre à son service, Éric Besson est le nouveau Judas. Traître par excellence, il est soutenu depuis sa "conversion" par Nicolas SARKOZY, François FILLON, et Xavier BERTRAND...Qui au nom de "l’ouverture" lui font rapidement grimper l’échelle des charges publiques françaises. Ainsi, de "simple" secrétaire d’Etat à la Prospective Publique, il devient Ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale, poste à la fois symbolique, et stratégique, au sens où il est chargée d’un Ministère régalien, et très fortement marqué à "droite". Dans le même temps, le "traître" se voit ouvrir les portes de l’UMP, dont il devient l’un des "secrétaires générales adjoints", un poste qui n’est pas "seulement" honorifique, car il lui permet de compter au sein du parti "du Président" et de trouver des "supporters" à "droite" aptes à l’aider à gagner les élections, au niveau local. "Ministre le plus haï de France" selon "Marianne"...M. Besson est, en revanche, assez "populaire" au sein des troupes que comptent l’UMP, et auprès d’une frange (importante ?) de la population française.

On a beaucoup dit sur les "motivations" qui auraient poussé M. Besson à franchir le rubicon, pour rejoindre M. SARKOZY : sa déception du PS, ses dissensions avec Ségolène Royal, la soif d’acquérir un (voire plusieurs) maroquins, etc.

Pourtant, on pourrait opter pour une autre possibilité, moins consensuelle certainement, mais qui n’en demeure pas moins envisageable, si l’on prend en compte certains éléments troublants du parcours tant politique que privé de M. Besson. A défaut de pouvoir faire triompher ses convictions politiques "de gauche" honorablement, ou/et d’arriver à réveiller le PS en coma profond – en dépit des efforts de certains élus locaux ou nationaux qui se dépensent sans compter...Mais qui rencontrent l’opposition et la résistance de bon nombre de "petits chefs" – Éric Besson a-t-il choisi de sacrifier son honneur pour faire triompher la "gauche" (via son parti "les progressistes" ?) en 2012/2017 ?

Envisageons, rien qu’un instant le scénario suivant : à quelques jours du premier tour des présidentielles de 2007, Éric Besson s’aperçoit que le PS va perdre. Et que, donc, Nicolas SARKOZY va devenir Président de la République française. Déçu par Ségolène ROYAL, qui lui a par ailleurs fait entendre qu’elle ne comptait pas, en cas de victoire, le prendre dans son équipe dirigeante, Éric Besson se rend compte qu’il n’a rien à perdre.

Bon connaisseur de la personnalité du futur Président – avec qui il entretient des contacts depuis 1995 – et analyseur de son programme – il est l’auteur d’un pamphlet contre N.SARKOZY qui s’en prend en détail à sa politique et aux effets dudit programme – Éric Besson est donc très bien placé pour réfléchir en stratège. Comment faire pour battre N. SARKOZY ? En restant dans "l’opposition", dans une équipe moribonde (le PS) qui refusera nécessairement son arbitrage comme son leadership – rendant ainsi toute "opposition" inutile et peu crédible auprès des Français – ou bien...En pénétrant, les uns après les autres, les cercles de pouvoirs, jusqu’à devenir l’alter ego du leader à abattre ?

Face à l’adversité, Éric Besson se sacrifie donc pour la cause...Tel le pur Lorenzo, de la pièce de Musset...Qui pour rétablir la République, se transforma en "Lorenzacchio", en rejoignant le tyran qui tenait les rênes de Florence.

Il faut sauver la France (et la "gauche"). Le romantique et idéaliste Eric, se rallie donc en pleine campagne électorale – moment où il est évidemment plus simple de négocier sa "reddition" – devient un Ministre de peu d’importance, puis à force de donner des gages de fidélité – allant même jusqu’à rompre toute attache familiale, amicale... – il obtient un poste plus important, stratégique même dans l’équation électorale présidentielle, et fait son possible pour se faire honnir de la "gauche" morale et humaniste, et se mettre à dos ses anciens "amis" socialistes.

Dans le même temps, il encourage son ex épouse – qui est dans la confidence ? Ou bien qu’il utilise comme un pion ? – à noircir son portrait, en faisant de lui un opportuniste de premier choix, ce qui ne peut que rassurer la présidence. Un homme sans conviction est infiniment moins dangereux qu’un homme aux idées bien arrêtées. Et il connait suffisamment N. SARKOZY pour savoir que ce dernier ne donne sa confiance qu’à ceux qui lui doivent beaucoup.

La même stratégie, visant à recueillir le soutien, sinon l’amitié présidentielle, le pousse à imiter la gestuelle et le ton de son "mentor"...Là encore, à la manière de Lorenzo devenu Lorenzacchio, qui en plus d’être un familier du duc tyran, qu’il honnit secrètement, devient son compagnon de débauche, un "frère dans le vice".

Stratégie gagnante qui lui procure à la fois le dégoût et la haine d’une frange de la "gauche" mais qui surtout lui permet de grimper les échelons, au point de devenir l’un des Ministres préférés, sinon le chouchou, du Président de la République.

Un "chouchou" qui sans en avoir l’air, est en train d’envoyer le parti qu’il a rejoint, le candidat qu’il a soutenu, dans le piège initial qu’il a tendu. Ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale, il est au coeur même de la stratégie élyséenne sinon sarkozyste. On peut se demander si ce n’est pas lui qui a soufflé au Président à quel point sa présence à ce Ministère pourrait heurter la "gauche" Et si ce n’est pas, à dessein, que M. Besson a réclamé un tel Ministère, pour pouvoir abattre son "ennemi" ...Et en 2012, via un livre (?), baptisé "comment j’ai tué SARKOZY", révéler à la face du monde (ce que n’a pu faire Lorenzo) la supercherie.

Car depuis son arrivée au Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale, les Français ont appris que la stratégie migratoire très ferme du Président était du bluff. Ils ont aussi compris qu’en la matière, la France n’avait pas beaucoup de marges, puisque les décisions se prennent au niveau européen.

Ses passages à la Prospective et à l’économie numérique avaient déjà permis de mettre à jour quelques "failles" du programme présidentiel. Mais là, c’est le "coeur" du système que le Ministre semble mettre à mal. Discrètement – car M. Besson a l’art et la manière pour éviter une mise en danger de sa personne – mais assurément. Car M. Besson en lançant un débat qu’il savait mortel pour l’UMP en ce qu’il offre un espace d’expression au FN, a assurément joué contre le Président qu’il dit soutenir.

Si les régionales s’avèrent catastrophiques – au sens où le FN reprendrait du poil de la bête et ou que la "gauche" conserve "ses" régions – pour le pouvoir, si la passation du pouvoir se fait facilement au FN (après une victoire aux régionales, Marine est certaine de pouvoir prendre la tête du parti), la "grande oeuvre" de M. Besson sera couronnée de succès.

Reste à savoir si "la gauche" se révélera plus...Perspicace que les "républicains" vis-à-vis du Lorenzacchio d’aujourd’hui. Dans la pièce de Musset, Lorenzacchio ayant agi seul, après la mort du duc tyran – tué par Lorenzo – les républicains n’ont pas le courage de le croire, et de se servir de son acte comme tremplin pour rétablir la République...On verra si la "gauche" s’en sortira mieux...

...Dès lors que le scénario envisagé s’avère réel. Car il ne s’agit là que d’une hypothèse. Reste que si une telle option a été choisie par M.Besson, on pourrait voir en lui un vrai stratège politique, appelé, de toute évidence, à jouer un rôle important dans les années à venir, sur la scène politique française. N.SARKOZY comme M.AUBRY ont du souci à se faire.


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