Éric Zemmour, candidat à la présidentielle  ?

par Rachel caron
mardi 16 novembre 2021

 

Éric Zemmour, candidat à la présidentielle  ?

 

Éric Zemmour, président de la République au 24 avril 2022  ?

 

«  Je ne suis plus très loin de prendre la décision  ». Telles sont les paroles qu’Éric Zemmour a prononcées sur le plateau de RMC ce lundi 04 octobre. Ce dernier exprimait son hésitation à se présenter comme candidat aux prochaines élections. Cependant, même s’il clame haut et fort qu’il n’a encore rien tranché, nous constatons des actions qui nous démontrent le contraire. Retour sur une campagne (?) authentique.

 

Les déclarations du débatteur

 

Au cours de cette même interview, la journaliste de la radio a mis en évidence un point important : s’il annonçait sa non-candidature, celle-ci serait vécue comme une trahison, voire une désertion de la part de ses partisans. Actifs et de plus en plus nombreux, ils ont toujours soutenu M. Zemmour ces dernières années. 

Le chroniqueur confirmant les propos tenus par la présentatrice par un : «  C’est un problème effectivement  ». 

Cela fait maintenant 20 ans que le polémiste exprime ses idéologies : défendre et rétablir l’identité française. À son titre de chevalier se sont ralliées beaucoup de personnes discernant en lui «  le sauveur  » dont l’hexagone a besoin.

D’ailleurs, c’est l’un des arguments qu’il avance. En effet, il évoque les diverses supplications qui lui sont adressées pendant les séances de dédicaces : 

 


De plus, chacune de ses actions à l’heure actuelle suscite un véritable engouement. Il s’en est lui-même aperçu au cours de ses interventions. Mais aussi aux résultats des sondages, et à l’évolution des attaques politiques à son encontre, qui épient toutes ses paroles.

 

Alors, pourquoi ne s’est-il pas déjà déclaré candidat  ? Selon lui, il y a des aptitudes qui entrent en ligne de compte et qu’il n’a pas : 

 

 

Les éléments pouvant le faire changer d’avis ne sont pourtant pas nombreux :

 

 

MAIS, selon toute vraisemblance, le futur compétiteur a déjà commencé sa croisade depuis plusieurs mois…

 

Éric Zemmour, ou la nouvelle façon de faire une campagne présidentielle  ?

 

Journaliste, chroniqueur, polémiste, il sait comment attirer l’attention. Il utilise les bons mots, des arguments excessifs, et cela fonctionne parfaitement. On ne parle que de lui depuis plusieurs semaines, davantage encore depuis la sortie de son livre. 

 

Commencer par ce qu’il sait faire de mieux : provoquer

 

Tout d’abord, il a procédé à plusieurs débats à distance avec Mr Mélanchon, et à des duels avec Mme Le Pen.

L’orateur a aussi publié des essais politiques à succès. Ses connaissances sont donc déjà bien présentes et il sait comment les organiser et les utiliser à bon escient.

 

Ses interventions sonnent de plus en plus «  campagnes présidentielles  ». Les dires de ses partisans : «  Zemmour président  » ne sont pas contestés par ce dernier lors de ses conférences.
 

 

Passer à l’acte, mais «  officieusement  »

 

Le 21 avril 2021, il accorde un entretien au Figaro dans lequel il confie avoir un grand respect pour un ancien journaliste : Jacques Bainville. Historien brillant, écrivain dans les années 30, ce dernier avait exprimé un profond regret à la fin de sa vie : «  n’être jamais passé à l’action en politique  ». 

Sa remarque a interpellé l’ex-débatteur. D’ailleurs, il le confirmera deux semaines plus tard pendant un échange au cours d’une chronique : il n’a pas pu s’empêcher de constater plusieurs points communs entre eux, de s’y identifier, et de se dire : «  oui peut-être qu’il faut passer à l’action. La prédiction, la prévision, la prophétie ne suffisent pas  ».

 

Ses adversaires politiques ne se font pas d’illusions et n’attendent pas son annonce officielle. Pour ces derniers, il sera candidat à l’élection présidentielle. 

Pareillement pour ceux se considérant du même clan que le polémiste comme Marine Le Pen. Elle a pu déclarer, il n’y a pas si longtemps, que l’on ne sépare pas une famille : «  On gagne dans l’union, pas dans la division  ». 

En effet, la politicienne, perdant du terrain, constate que le journaliste est activement en train de la doubler sans avoir l’idée de faire face et d’avancer ensemble.

 

Au lendemain des résultats des législatives de cet été 2021, les Français ont vu apparaître, dans plusieurs villes de France, de nombreuses affiches dépeignant le postulant en majesté avec le slogan : «  Éric Zemmour président  !  ». Ces dernières ayant été collées par la génération Z qui représente une force non négligeable pour le futur candidat.

Ensuite, l’organisation «  les amis de Zemmour  » a décidé de se doter d’une association de financement dans le but de récolter des fonds. 

Beaucoup se posent la question si ce n’est pas pour subventionner une prochaine campagne électorale. Cela résoudrait l’une des incertitudes citées par le débatteur plus haut…

 

 

Le mois clé : septembre 2021

 

Le coup d’accélération du candidat

 

La rentrée est là et le chroniqueur passe la cinquième  ! S’amorce alors une longue série d’interventions, de débats et de «  critiques  » à l’encontre de certains membres de partis politiques.

Il commence par quitter certains postes :

Tout d’abord, au 1er septembre chez Le Figaro : le polémiste rencontre des problèmes d’organisation entre «  sa campagne  » et ses responsabilités vis-à-vis du journal. 

Ensuite, il abandonne son emploi chez CNews où il avait pour mission de disputer avec les politiciens des dialogues animés après l’annonce officielle du CSA du 8 septembre. 

En effet, cette dernière a prévenu les médias que dès à présent le temps de paroles de M. Zemmour sera décompté dans le cadre des élections qui approchent…

Puis, le samedi suivant au cours d’une émission de Laurent Ruquier avec Léa Salamé, l’ancien journaliste met en évidence ses principes et ses intentions en exprimant volontairement son avis sur les prénoms français. Il affirme ouvertement qu’il rétablirait la loi de 1803 sur les prénoms français. La chose est dite.

 

Point culminant de sa «  campagne  » la parution de son livre : «  La France n’a pas dit son dernier mot  »

 

Alors que le futur candidat vient rendre visite à son éditeur habituel pour discuter de son prochain livre (entendu ici celui sorti en septembre 2021), ce dernier voit sa demande refusée. 

Dans une interview accordée à un journal, les éditions Albin Michel rapportent qu’ils ne publieront pas son ouvrage. Cela poserait des problèmes de statut vis-à-vis de l’écrivain. 

En effet, il semble qu’il leur ait annoncé, en privé, qu’il se présentait aux élections présidentielles.

Mais l’ancien chroniqueur ayant les moyens, et le soutien, édite lui-même son bouquin. 

À sa sortie, ce dernier est aussitôt analysé et vu comme un «  storytelling de candidat  ».

 

Le 18 septembre, son intervention au congrès de Nice est très réussie. Éric Zemmour est acclamé, notamment par la génération Z. Une haie d’honneur est mise en place même si celle-ci se révèle très étroite du fait du nombre important de personnes ayant fait le dérangement. Les paroles «  Zemmour président  » sont, encore une fois, scandées, mais sans que celui-ci ne les contredise.

 

À aujourd’hui c’est 13 % des intentions de vote qui lui sont allouées.

 

Autant dire qu’entre l’interview chez RMC et ses actes, un gouffre existe. L’incertitude n’est pas aussi grande qu’il ne le laisse entendre. Stratégie du journaliste pour faire parler de lui  ? Le philosophe Raphaël Enthoven explique que dans les deux cas, l’ancien polémiste devra de toute façon rendre des comptes. S’il se présente, il devra passer vraiment à l’action et aller plus loin en abordant des sujets classiques de présidentielles, l’économie par exemple. S’il se rétracte, cela sera perçu comme une trahison pour ses fervents défenseurs. En effet, ils auront porté l’homme, l’auront soutenu. 

Quel est l’intérêt de faire traîner les choses  ? Stratégie personnelle  ? Promotion, publicité dans le but de réaliser un maximum de ventes de son livre  ? 

Voyez-vous Zemmour président  ? Voteriez-vous pour lui  ?


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